Grèce: les marchés dans la tourmente
Les marchés financiers, Bourses européennes et asiatiques en tête, étaient plombés lundi par les craintes de voir la Grèce sortir de la zone euro alors que le pays fermait ses banques pour tenter de préserver son système financier après l’échec des discussions avec ses créanciers.
Le problème grec ayant connu un regain de tension ce week-end, les marchés mondiaux ont entamé la semaine sur une forte correction. Le BEL 20 suivait la tendance en ouvrant sur une perte de 4,53 % à 3.550,64 points. L’indice vedette belge, qui avait regagné 3,63 % la semaine dernière, devait réduire sa perte et ne cédait plus que 2,3 % vers 11H00 en s’inscrivant à 3.632 points.
Vers 9H30, la Bourse de Francfort perdait 4,23%, Paris 4,00%, Londres 2,15%, Madrid 4,38% et Milan 4,33%.
L’euro s’inscrivait à 1,1094 USD dans la matinée de lundi, contre 1,1188 vendredi dernier vers 16H30. L’once d’or gagnait 7,60 dollars à 1.179,30 dollars et le lingot se négociait autour de 34.185 euros, en progrès de 510 euros.
La Bourse de Paris qui a perdu près de 5% avant de se ressaisir un peu pour tourner autour de -2,86% vers 13h40 GMT.
Le marché de la dette en zone de turbulences
Le marché de la dette traversait également une zone de turbulences. Le taux d’emprunt à 10 ans de la Grèce bondissait à 14,574% au plus haut depuis fin 2012 (contre 10,845% vendredi à la clôture).
Dans la foulée, les dettes des pays du sud de la zone euro souffraient, le taux de l’Espagne progressant par exemple à 2,317% (contre 2,110%).
Plusieurs dirigeants européens se sont efforcés lundi de dédramatiser autant que possible la situation. Le président français François Hollande a notamment indiqué que Paris était “toujours disponible” pour que le dialogue reprenne “aujourd’hui” ou “demain” entre Athènes et ses créanciers.
“Le Grexit a commencé”
“Le papillon grec semble sur le point de causer une tempête sur les marchés financiers“, assurait Michael Hewson, analyste chez CMC Markets. Certains analystes, comme ceux de la banque suédoise Nordea, estiment en revanche qu’un “Grexit” n’est pas inévitable, même si “l’horizon s’est encore assombri“. “Lundi sera une journée volatile, mais nous ne nous attendons pas à une nouvelle crise financière“, ont-ils indiqué. “Le Grexit a commencé mais, la BCE aidant, il ne sera pas contagieux au reste de la zone euro“, juge pour sa part Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities.
La zone euro a notamment mis en place de nombreux pare-feux et assaini les banques depuis la crise de la dette de 2010-2012, sans compter les outils à disposition de la BCE et notamment le programme de rachats d’actifs qui est en cours.
Les négociations entre Athènes et ses créanciers ont spectaculairement échoué samedi soir, laissant présager que la Grèce fera défaut de paiement cette semaine et risque de se retrouver éjectée de la zone euro à terme.
Les marchés asiatiques accusent le coup
Les marchés asiatiques ont également accusé le coup, notamment les Bourses chinoises qui chutaient, après déjà une correction d’environ 20% ces deux dernières semaines, liées à des craintes sur la survalorisation du marché après des mois de hausse. Tokyo a clôturé sur une perte de 2,88%, Sydney a cédé 2,23%, Séoul 1,42% et Taipei 2,39%. Hong Kong a reculé de 2,61%.
Les Bourses continentales chinoises, qui avaient subi une dégringolade spectaculaire vendredi – plus de 7% -, ont connu elles un bref sursaut avant de replonger dans un marché paniqué. Shanghaï a terminé en baisse de 3,34% et Shenzen 6,06%.
Wall Street ouvre en baisse mais sans panique
Wall Street a ouvert en baisse lundi, mais sans manifester de panique alors que les investisseurs ont les yeux rivés sur l’Europe et la crise grecque: le Dow Jones perdait 0,74% et le Nasdaq 0,85%.
Vers 13H40 GMT, l’indice vedette Dow Jones Industrial Average perdait 132,59 points à 17.814,09 points, tandis que le Nasdaq, à dominante technologique, perdait 42,94 points à 5.037,57 points.
L’indice élargi S&P 500, très suivi par les investisseurs, perdait 0,68% à 2.087,19 points.
Vendredi, la Bourse de New York avait terminé en ordre dispersé, tiraillée par les performances contradictoires de différents secteurs: le Dow Jones avait pris 0,32% à 17.947,02 points, mais le Nasdaq avait cédé 0,62% à 5.080,51 points.
Plusieurs dirigeants européens se sont efforcés lundi de dédramatiser autant que possible la situation. Le président français François Hollande a notamment indiqué que Paris était “toujours disponible” pour que le dialogue reprenne “aujourd’hui” ou “demain” entre Athènes et ses créanciers.
Le pétrole ouvre en baisse à New York
Les cours du pétrole ont ouvert en baisse lundi à New York, les investisseurs étant encouragés à la prudence par les inquiétudes sur la Grèce, la chute des marchés chinois et les négociations sur l’Iran.
Vers 13H10 GMT, le cours du baril de “light sweet crude” (WTI) pour livraison en août perdait 1,05 dollar à 58,58 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
“Le plus préoccupant, c’est ce qui se passe dans le reste du monde”, en dehors des Etats-Unis, a résumé Carl Larry, de Frost & Sullivan, jugeant notamment que “ça ne sent pas très bon pour la Grèce”.
Lundi, les inquiétudes sur l’avenir de la zone euro reprenaient le dessus après l’échec ce week-end des négociations entre Athènes, qui a surpris en annonçant la tenue d’un référendum en urgence, et ses créanciers pour prolonger ses prêts, ouvrant la voie à une sortie de la Grèce de l’Union monétaire.
“Bien sûr il y a la Grèce, à la veille de la date butoir de mardi” pour éviter un défaut de paiement du pays, “mais il y a aussi la chute des Bourses chinoises”, qui poursuivent leur brutale correction après l’euphorie des derniers mois et en dépit de nouvelles annonces de la banque centrale au cours du week-end, a ajouté M. Larry.
Tous ces éléments tendent à la fois à réduire l’intérêt des investisseurs pour des actifs jugés plutôt risqués comme l’or noir, et à soutenir le dollar, considéré lui comme une valeur sûre. Cela rend les échanges pétroliers, libellés en monnaie américaine, plus coûteux et donc moins intéressants pour les investisseurs.
Certains observateurs estiment que le marché pétrolier est surtout sous la pression d’éléments plus spécifiques, en premier lieu les négociations sur le nucléaire iranien.
“Un accord est proche”, a estimé Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank, pour qui une telle issue “pourrait libérer près d’un million de barils par jour (mb/j) sur les marchés” et faire baisser les cours du WTI, la référence du brut américain, à 55 dollars le baril.
Une situation très volatile
Pour Sam Tuck, analyste chez ANZ New Zealand, les marchés entrent dans l’inconnu. “La situation va rester très volatile, beaucoup de choses peuvent changer très rapidement, il n’y a pas de scénario pré-existant“, a-t-il dit à l’agence financière Bloomberg News.
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a provoqué la stupeur dans la nuit de vendredi et à samedi avec l’annonce d’un référendum sur les exigences de ses créanciers, prévu le 5 juillet après cinq mois de négociations avec l’UE, la BCE et le FMI. Dans la foulée, la Grèce a annoncé la fermeture des banques et de la bourse jusqu’au 6 juillet et l’instauration d’un contrôle des capitaux.
Les espoirs d’un accord de dernière minute n’ont toutefois pas entièrement disparu notamment parce que la Banque centrale européenne (BCE) a donné un répit à la Grèce en maintenant intact le plafond de fourniture de liquidités d’urgence aux banques grecques (prêts ELA), alors que beaucoup craignaient qu’elle ne leur coupe les vivres.
La Bourse d’Athènes restera fermée jusqu’au 6 juillet inclus
La Bourse d’Athènes, qui n’a pas ouvert lundi, restera fermée jusqu’à lundi prochain inclus, comme les établissements bancaires du pays dont la réouverture est prévue au surlendemain du référendum sur les négociations avec les créanciers, a indiqué la Commission grecque des marchés de capitaux.
Selon un communiqué, le Conseil d’administration de la Bourse d’Athènes réuni lundi “a décidé que le marché de la Bourse d’Athènes restera fermé durant toute la durée de la vacance bancaire régie par l’arrêté législatif” publié dans la nuit de dimanche à lundi et officialisant la mise en place de différentes mesures de contrôle des capitaux en Grèce pour tenter de protéger le système bancaire nationale.