La BCE maintient les prêts d’urgence aux banques grecques à leur niveau actuel
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé dimanche qu’elle maintenait à leur niveau actuel les prêts d’urgence accordés aux banques grecques, laissant de facto la porte ouverte à une solution politique in extremis pour éviter la déroute de l’économie grecque.
“Au vu des circonstances actuelles, le conseil des gouverneurs a décidé de maintenir le plafond de fourniture de liquidités d’urgence aux banques grecques au niveau décidé vendredi”, selon un communiqué. Il est toutefois “prêt à reconsidérer sa décision” à tout moment, ajoute le communiqué.
Selon des informations divulguées en Grèce, le plafond de ces prêts d’urgence, bouée de sauvetage des banques grecques et de toute l’économie du pays, avoisine les 90 milliards d’euros après plusieurs relèvements successifs ces dernières semaines.
Le conseil, dont les 25 membres se sont réunis en urgence dans la matinée après l’échec de négociations entre la Grèce et ses créanciers samedi, “examine avec attention la situation et ses implications potentielles pour sa politique monétaire”, précise le communiqué. Il est “déterminé à utiliser tous les instruments à sa disposition dans le cadre de son mandat”. La mention de son mandat signale que l’institution monétaire ne semble pas prête à dévier de ses règles, c’est-à-dire à financer l’économie grecque au-delà de l’expiration du plan d’aide en cours, mardi 30 juin au soir.
La BCE va “travailler étroitement avec la Banque de Grèce pour maintenir la stabilité financière”, assure également le communiqué. Le gouverneur de la Banque de Grèce Yanis Stournaras, membre du conseil des gouverneurs au même titre que tous les 19 banquiers centraux du bloc monétaire, a assuré dans le communiqué que son institution allait “prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la stabilité financière des citoyens grecs dans ces circonstances difficiles”.
Les Grecs, très inquiets de la situation financière, et de la possible instauration d’un contrôle des capitaux dans le pays, retiraient autant d’argent qu’ils pouvaient des distributeurs automatiques, devant lesquels s’étiraient souvent des files d’attentes de 15 à 20 personnes.
Interrogé par l’AFP, Stavros Koukos, président du syndicat des employés de banque (OTOE) a estimé que 1,3 milliard d’euros avaient été retirés des banques entre l’annonce du référendum par le Premier ministre Alexis Tsipras dans la nuit de vendredi à samedi, et samedi soir. La Banque de Grèce avait indiqué tout faire pour assurer un approvisionnement suffisant des distributeurs, sans pouvoir empêcher toutefois certains appareils d’être à sec.
Herman Van Rompuy évoque un “suicide” grec
L’ancien président du Conseil européen Herman Van Rompuy a indiqué dimanche sur VTM que l’annonce d’un référendum par Athènes en pleine négociation sur l’aide européenne constituait un “suicide” qui est le résultat d’un “aveuglement idéologique”. Selon lui, la Grèce est “à quelques millimètres d’un effondrement de son système financier”.
Herman Van Rompuy met toute la responsabilité du blocage intervenu samedi, qui risque d’entraîner une suspension de l’aide européenne voire une sortie de la Grèce de la zone euro, sur le gouvernement de la gauche radicale à Athènes. On parle souvent d’une Europe du nord contre une Europe du sud, de la gauche contre les conservateurs, “mais non, il y a dix-huit ministres de différentes tendances qui partagent la même opinion”, observe-t-il.
Herman van Rompuy s’en prend à un gouvernement grec “irresponsable” à ses yeux. Il ne craint cependant pas de conséquences économiques pour la Belgique ou la zone euro qui a réussi à développer les instruments de stabilisation nécessaires.
Varoufakis: “Merkel détient la clé” pour dénouer la crise grecque
Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis en appelle dimanche à la chancelière Angela Merkel, estimant dans un entretien au tabloïd allemand Bild qu’elle “détient la clé” pour dénouer la crise actuelle.
“Les chefs de gouvernement de l’Union européenne doivent agir. Et parmi eux (Mme Merkel) détient en tant que représentante du pays le plus important la clé, j’espère qu’elle va l’utiliser”, a déclaré le ministre grec, ajoutant que son gouvernement était “ouvert à de nouvelles propositions des institutions” après l’échec de négociations à Bruxelles samedi.
Les ministres des Finances de la zone euro ont refusé de prolonger d’une semaine le programme d’aide en cours, qui expire mardi 30 juin. Le gouvernement grec veut organiser le 5 juillet un référendum sur la proposition de ses créanciers (BCE, FMI et Commission européenne), proposition qui impose des réformes et des coupes budgétaires en échange d’un renflouement, et recommande de voter “non”.
Mais si les institutions présentaient de nouvelles propositions et qu’elles étaient “bien meilleures” que celles de jeudi, “nous pourrions à tout moment changer notre recommandation et proposer aux électeurs de les accepter”, a dit le grand argentier grec à l’édition de lundi de Bild, dans un entretien dont le journal a publié des extraits dimanche.
Le gouvernement d’Alexis Tsipras, porté au pouvoir sur un message anti-austérité, refuse notamment la réforme des retraites réclamée par les institutions.
Les Grecs, et en particulier M. Varoufakis, ont souvent renvoyé la balle à Mme Merkel, dirigeante de la première économie européenne, qui a elle-même mis la main à la pâte des négociations ces dernières semaines en négociant directement avec M. Tsipras.
Mais la chancelière a beau vouloir éviter absolument l’implosion de la zone euro et de l’UE, elle doit aussi rendre compte à un électorat de moins en moins bien disposé à l’égard de la Grèce, qui a déjà reçu plus de 200 milliards d’euros de prêts garantis par ses partenaires européens et du FMI.