Christophe De Beukelaer

FTX a usurpé le projet crypto

Christophe De Beukelaer Député Les Engagés

La crypto permet de gérer son argent de façon décentralisée. C’est à dire: stocker son argent, faire des virements, faire des prêts, investir dans des entreprises… sans passer par un intermédiaire centralisé comme une banque. C’est un code informatique, la fameuse blockchain, qui remplace les grands acteurs de la finance qu’on connaît aujourd’hui.

Pourquoi c’est si important? Parce que la finance est le sang de notre économie. Or, ce sang est malade et la crypto pourrait être l’antidote qui rendrait la finance:

  • plus transparente, parce que tout est traçable
  • plus équitable, parce que les règles sont les mêmes pour tout citoyen. Elles sont fixées par un mécanisme mathématique et non par des arrangements humains.
  • plus accessible, parce que chacun peut y accéder avec une simple connexion internet et que la suppression des intermédiaires fait baisser les coûts et les obstacles.

C’est aussi et avant tout un enjeu démocratique parce que grâce à la possession directe sur un portefeuille électronique, personne, ni la banque, ni un régime d’état autoritaire, ne peut couper l’accès à ton argent.

Aujourd’hui, comme les gens entendent parler de crypto, mais ne font pas l’effort de bien comprendre comment ça fonctionne, des entreprises comme FTX ou Binance, apparaissent et disent aux gens: “Donnez-moi vos cryptos, je vais les gérer pour vous!” et certaines ajoute : “Et en plus, je vais vous donner un super rendement!”. De ce fait, elles deviennent en réalité comme les banques: des acteurs centralisés ! Mais à la différence des banques, elles ne sont pas ou mal régulées. C’est donc le pire des deux mondes ! Dont on voit aujourd’hui le danger. Les dirigeants peuvent mal se comporter, frauder, faire faillite et entrainer des catastrophes comme FTX.

N’ayons pas la mémoire trop courte : la crise de 2008, qui a eu des conséquences catastrophiques pour le monde économique, a été générée par la gestion malsaine d’acteurs centralisés (Lehman Brothers, mais aussi chez nous, Fortis), à la recherche de rendements toujours plus grands. C’est le même phénomène avec FTX. C’est justement ces risques liés la centralisation que peut résoudre la crypto.

Au passage, remarquons que cette crise nous montre que le principe du “Too big to fail” est suspect, car dans le cas de la crypto, l’écosystème ne demande aucune aide aux états et aux banques centrales. Pourtant, les sommes perdues sont aussi en dizaines de milliards. Ce n’est pas le contribuable qui va payer, mais les tricheurs et, malheureusement, les investisseurs.

Je pense que les plateformes cryptos centralisées sont utiles pour faire le pont entre la finance centralisée et décentralisée. Elles aident les gens à faire leurs premiers pas dans la crypto. Mais elles doivent être régulées et contrôlées pour protéger l’investisseur. J’invite donc le monde politique, au lieu de fermer les yeux ou de vouloir les interdire, à mettre en place une bonne régulation et un contrôle efficace, notamment des réserves. Le règlement européen MiCa qui arrive apporte, sur ces aspects, du positif.

Mais il faut surtout, au nom de tous les avantages que j’ai décrits plus haut, développer la finance décentralisée et prendre collectivement conscience de la différence entre les deux. Alors je pense qu’on continuera à avoir une finance centralisée, pilotée par les banques et les états, mais qu’à côté on aura aussi une finance décentralisée plus transparente, équitable et accessible. Comme un pouvoir et un contre-pouvoir, qui ne se font pas la guerre, mais qui se renforcent l’un l’autre.

Enfin, soyons clairs, ce n’est pas un problème du aux cryptos elles-mêmes, mais bien à la cupidité et la mauvaise gestion humaine. C’est donc là qu’il faut réguler : empêcher certains de manipuler les marchés et de jouer avec l’argent des autres, que ce soit sur les marchés crypto ou traditionnels.

La décentralisation est aussi un monde de responsabilité. Où chacun doit être conscient de la monnaie qu’il utilise, de là où il place son épargne… Cette responsabilisation est le prix à payer pour une finance plus juste, celle où disparait le dernier privilège des riches : l’inculture financière du plus grand nombre.

P.S. : Je reviendrai plus tard sur les critiques que j’entends souvent (impact environnemental, financement d’activités illicites, blanchiment d’argent et évasion fiscale, spéculation…). Je ne peux pas tout aborder en une fois. N’hésitez pas à me contacter d’ici là pour échanger sur le sujet.

Christophe De Beukelaer, député Les Engagés

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