Dexia racheté par l’Etat : « C’était la seule solution ! »

Les éditorialistes francophones apprécient (presque) unanimement, dans le rachat de Dexia Banque Belgique par l’Etat, la « seule solution possible » pour sauver le soldat Dexia. Même si certains y voient le « prologue du drame bancaire qui menace le Vieux Continent ».
La reprise par l’Etat belge de 100 % de Dexia Banque Belgique pour 4 milliards d’euros alimente les éditoriaux de plusieurs quotidiens francophones lundi. Plusieurs éditorialistes estiment ainsi qu’il n’y avait pas d’autre solution.
« La décision a été prise par les gouvernements dans la douleur mais elle a le mérite d’avoir été prise, estime Ariane van Caloen dans La Libre Belgique. Disons-le d’emblée : c’était la seule solution possible, la seule qui puisse rassurer les épargnants et les marchés. » A ses yeux, l’Etat n’est pas outillé pour être un actionnaire à long terme d’une institution financière mais celui-ci peut cependant aider, durant quelques années, la « banque des communes » à être un acteur important du marché belge.
« C’était tout bonnement la seule solution possible si on voulait lui éviter la faillite qui la menaçait à court terme », estime de son côté Christian Carpentier dans La Dernière Heure. L’éditorialiste pense par ailleurs que l’Etat fera systématiquement tout pour aider les épargnants, sachant que la facture sera toujours bien moindre que celle d’une faillite pure et simple. « Il faudra à la Belgique mettre, dès demain, à sa tête des gestionnaires plus raisonnables et éclairés que ceux qui s’y sont succédé jusqu’à présent et portent une très longue responsabilité dans la situation à laquelle notre pays vient de devoir faire face dans l’urgence. »
Cette histoire illustre « la fin d’un modèle bancaire », analyse quant à lui Joan Condijts dans Le Soir : « Cette opération de sauvetage n’est que le prologue d’un drame bancaire qui menace le Vieux Continent et touche au fondement du monde actuel. » Selon lui, les banques se heurtent à leurs travers : faire toujours plus avec moins. « En caricaturant, le banquier emploie des produits de plus en plus spéculatifs », souligne-t-il, avant de conclure que la banque doit revenir à ses fondements, c’est-à-dire recueillir les dépôts des épargnants et les injecter dans la machine économique.
Dans son édito pour L’Avenir, Thierry Dupièreux estime qu’un Etat qui met son nez dans le monde des affaires va à l’encontre du principe de libre concurrence, bien qu' »aujourd’hui, la nationalisation soit apparue comme la panacée pour sortir du bourbier ». Pour l’éditorialiste, l’urgence de la situation justifie la décision prise par l’Etat pour éviter la panique et rassurer les actionnaires et les épargnants. « Mais à quel prix et suivant quelle logique ? Celle de l’Etat pompier qui doit éteindre à coups de milliards les incendies allumés par des gestionnaires qui ont instauré la prise de risques inconsidérés comme gage de rentabilité ? »
De son côté, Hugues Danze souligne dans son édito, pour le groupe Sud Presse, que ce retour de l’Etat au centre du débat économico-financier européen à quelque chose de rassurant dans un monde en profonde mutation. « Ce n’est sans doute pas une garantie de réussite en or massif mais c’est un réel changement de cap en termes de gouvernance. Parce que l’Etat, lui, faillit rarement à ses obligations contractuelles. »
Trends.be, avec Belga