Dexia en perte de 125 millions: faut-il s’inquiéter ?

Les dirigeants de Dexia. © Belga

Les résultats du groupe franco-belge ont été impactés par les provisions sur la banque autrichienne Heta.

Les résultats de Dexia, le groupe franco-belge en liquidation, sont toujours assez difficiles à lire. Mais en résumé, on peut dire que si Dexia a bénéficié d’un côté de la baisse des taux, qui a réduit son coût de financement, le groupe a souffert de ce même environnement, qui a gonflé son bilan et a obligé la banque à apporter davantage de garanties pour son portefeuille de produits dérivés. Dexia a également dû provisionner près de 200 millions d’euros pour son risque sur Heta, une banque publique autrichienne pour laquelle l’Etat autrichien ne veut plus intervenir. En tout, Dexia termine donc le premier trimestre sur une perte de 125 millions. Sur l’ensemble de 2014, le groupe avait accusé une perte de 606 millions.

Reste que d’un point de vue opérationnel, la liquidation continue. Dexia poursuit son plan de résolution ordonnée mis en place en 2012. Lors des premiers mois de cette année, la banque a remboursé 10 milliards d’euros à Belfius et 13 milliards à la Banque centrale européenne, témoignant ainsi de la sortie progressive du mécanisme de financement exceptionnel qui avait été autorisé temporairement pour Dexia. Par ailleurs, la baisse des taux fait en sorte que le groupe se finance moins cher : il économise près de 22 millions par rapport au quatrième trimestre 2014.

Du positif… et du négatif

Mais il y a aussi des points moins positifs. Le premier, donc, c’est le “Dexia autrichien”, la banque Heta, sur laquelle Dexia a une exposition de 395 millions d’euros. En transposant récemment la directive européenne sur la résolution des banques en difficulté, un texte qui ne cible normalement que les banques en activité, l’Autriche a ajouté un détail : ces nouvelles dispositions concerneront également Heta, même si c’est une entité en liquidation. Conséquence : l’Etat autrichien ne garantit plus la dette de l’institution, laquelle ne bénéficie plus que de la garantie de la petite province de Carinthie, dont le gouverneur avoue l’incapacité à honorer ces engagements. Dexia a donc dû provisionner 197 millions sur ce risque. “Sans Heta, regrette Karel De Boeck, le patron de Dexia, le résultat se serait amélioré, comme lors des dix trimestres précédents.”

Ensuite, la baisse des tauxet la hausse de certaines devises telle la livre sterling face à l’euro, a fait en sorte que la valeur du portefeuille de Dexia augmente : le bilan de Dexia, malgré les cessions etles remboursements intervenus entre-temps (environ 12 milliards en 2014), est passé de 223 milliards fin 2013 à 268 milliards fin mars de cette année. La baisse des taux a pour effet d’augmenter non seulement la valeur des obligations (quand les taux baissent, les cours montent) mais aussi des instruments dérivés qui sont assortis à ces obligations. Dexia a aujourd’hui un portefeuille de dérivés de 500 milliards d’euros, qui a pour objectif de couvrir Dexia d’une évolution des taux et de “clicher” ses revenus d’intérêt. Mais Dexia a aussi l’obligation de mettre des sommes en garantie sur ces produits dérivés afin de rassurer ses contreparties. Si la valeur des dérivés augmente, Dexia doit augmenter aussi les sommes mises en garantie ce qui accroît ses besoins de financement. “Nous devons actuellement poster 38 milliards en collatéral, un montant jamais vu”, dit Karel de Boeck, qui souligne toutefois que la récente remontée des taux est donc “une bonne chose”.

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