Dexia : Dehaene est-il encore crédible ?

© Image Globe/Julien Warnand

Le 27 septembre, Jean-Luc Dehaene excluait tout scénario de scission de Dexia. Moins d’une semaine plus tard, la réalité contredit brutalement les propos du président. Le Setca se dit stupéfait et réclame du changement.

Mardi 4 octobre : l’idée d’un démantèlement de Dexia s’impose dans l’actualité. Le même jour, les clients de la banque retirent quelque 400 millions d’euros, après un mois de septembre qui verra plus de 1 milliard de dépôts quitter Dexia. Mercredi 5 octobre : la décision de scinder le géant franco-belge et de nationaliser Dexia Banque Belgique paraît entérinée.

Pourtant, voici quelques jours à peine, un homme réaffirmait haut et fort ceci : “Contrairement à certaines rumeurs, le conseil d’administration et les actionnaires de Dexia, qu’ils soient publics ou privés, excluent tout scénario de scission du groupe. Il est de la responsabilité de l’ensemble des actionnaires du groupe de gérer l’héritage du passé et d’assurer son avenir.”

C’était le 27 septembre. Ces mots sont de nul autre que Jean-Luc Dehaene, président du conseil d’administration de Dexia. Ils sont tirés d’un communiqué de presse du géant bancaire, lisible ici, et suivaient directement une réunion du conseil d’administration. Pour justifier leur satisfaction, les administrateurs se prévalaient d’une “base de capital solide (ratio tier 1 de 11,4 % au 30 juin 2011)” et des “marges de manoeuvre constituées par la provision de 1,8 Milliard d’euros au Q2”.

Cela n’aura visiblement pas suffi. Moins d’une semaine plus tard, les Etats belge et français se partageaient déjà Dexia. A la grande colère du Setca, notamment. Dans un communiqué diffusé hier mercredi, les représentants du syndicat socialiste se disent “stupéfaits du revirement qui a été adopté par le conseil d’administration du groupe Dexia. En effet, il y a moins d’une semaine, soit le 28 septembre, Jean Luc Dehaene, président du CA et garant des intérêts belges de Dexia, déclarait avec force que les actionnaires unanimes s’opposaient à toute idée d’une scission. On voit le résultat…”

Le Setca n’a visiblement plus confiance dans la direction du groupe, puisqu’il réclame du changement à la tête de Dexia : “Dès lors, en cas de poursuite des activités avec un contrôle du gouvernement et compte tenu de l’expérience passée, nous exigerons que l’on nomme dorénavant des personnes qui sont en mesure et ont réellement la volonté de défendre l’intérêt des travailleurs et des citoyens belges.”

Au-delà du seul président du conseil d’administration, cette contradiction dans les propos touche évidemment le conseil lui-même… et “l’ensemble des actionnaires du groupe”, avec une forte présence des pouvoirs publics : l’Etat français (5,73 % en propre, 17,61 % via la CDC), l’Etat belge (5,73 %), les trois Régions (5,73 %), le Holding Communal (14,14 %, qui rassemble les participations des communes belges), etc.

Détail piquant : le CPAS de Vilvorde a retiré 1 million d’euros de son compte Dexia. Or, le bourgmestre de Vilvorde, de 2000 à 2007, n’était autre que… Jean-Luc Dehaene.

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