Coronavirus: la mobilisation financière des Etats et banques centrales

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Relance budgétaire, baisse des taux, mesures ciblées pour aider les entreprises ou “monnaie hélicoptère” : face à l’impact économique du coronavirus, les gouvernements et les banques centrales ont commencé à dégainer un certain nombre de ripostes.

Relance budgétaire

Via des baisses d’impôt ou une augmentation de la dépense publique, c’est un instrument classique en cas de crise, même si les partisans de la rigueur rechignent à y avoir recours. Différents pays ont d’ores et déjà annoncé d’importantes dépenses publiques: le Congrès américain a approuvé jeudi à la quasi-unanimité un plan d’urgence de 8,3 milliards de dollars.

En Europe, l’Italie, le pays le plus touché par l’épidémie au sein de l’UE, a dévoilé quelques heures plus tôt un plan de 7,5 milliards d’euros. Le gouvernement s’est empressé de rassurer Bruxelles en assurant que ces dépenses ne représenteront qu’une hausse du déficit 2020 de quelque 0,3%. La veille, les ministres des Finances de la zone euro avait mentionné dans un communiqué la possibilité de recourir à la relance budgétaire pour relancer la croissance. Ceux du G7 avaient évoqué la même mesure un jour plus tôt. Avec des taux d’intérêts bas, voire négatifs, le contexte est favorable aux Etats qui souhaitent utiliser la dépense publique pour tenter d’éviter une récession.

En Asie, Singapour a dévoilé des aides financières pour 4,2 milliards d’euros tandis que la Corée du Sud envisage un coup de pouce budgétaire supplémentaire de 10 milliards de dollars. Cette enveloppe doit servir à financer le système de santé, ainsi qu’à soutenir les petites et moyennes entreprises.

A Hong Kong, le gouvernement a annoncé la semaine dernière le versement de 10.000 dollars HKD (1.180 euros) à chacun des sept millions de résidents permanents. D’autres pays pourraient être tentés par ce type de mesure favorable au pouvoir d’achat.

Au cours de la crise financière, les banques centrales avaient étudié la possibilité de recourir à la “monnaie hélicoptère” et de donner directement de l’argent aux consommateurs, sans passer par les banques. Cette mesure avait été écartée mais elle pourrait revenir sur la table.

La baisse des taux d’intérêts

Les banques centrales, omniprésentes pendant la crise de 2009, sont sur le pont. La Fed a pris mardi une mesure comme elle n’en avait plus décidée depuis lors: elle a abaissé d’un seul coup de 50 points de base ses taux d’intérêts. Elle a été suivie mercredi par celle du Canada qui a également baissé ses taux de 0,5 point.

Toutes les banques centrales ne disposent toutefois pas de la même marge de manoeuvre. La BCE ou la Banque nationale suisse (BNS) appliquent déjà des taux zéro voire négatifs et ne peuvent les abaisser beaucoup plus. Le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE) Mark Carney, a toutefois estimé jeudi que l’institution avait “encore beaucoup de munitions” pour faire face à une crise financière.

Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, s’est déclaré convaincu que la politique monétaire ne constitue “pas la meilleure arme aujourd’hui”, du moins en zone euro.

Mesures ciblées sur les entreprises

Outre les taux, les banques centrales ont d’autres outils. “Aider les banques à faire face aux difficultés financières de leurs clients en allégeant le coût des taux d’intérêt négatifs (…) est bien du ressort de la BCE”, a par exemple souligné la banque néerlandaise ING.

La banque centrale chinoise (PBOC) a débloqué fin février des extensions ou des renouvellements de prêts aux entreprises. Elle encourage aussi “les banques à acheter des +obligations Corona+ émises par les entreprises à court de liquidités pendant la crise et incapables de rembourser leurs dettes”, a rappelé ING.

Différents pays ont annoncé des mesures pour soutenir les entreprises notamment dans les secteurs les plus frappés comme le tourisme. En Suède, par exemple, le gouvernement veut étendre une mesure permettant de réduire le temps de travail et le salaire des employés tout en évitant les licenciements.

Le soutien peut aussi se manifester via des systèmes d’indemnisation pour les salariés en quarantaine. En Espagne ces derniers seront considérés comme étant en arrêt maladie. En France, les employeurs peuvent demander, à partir de mercredi, un arrêt de télétravail pour les salariés obligés de garder leurs enfants en raison des fermetures de crèches et d’écoles.

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