Commission Dexia: le CA affaibli par le caractère bicommunautaire

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Jean-Luc Dehaene a reconnu lundi devant la Chambre que le conseil d’administration de Dexia qu’il préside ne disposait pas de tous les atouts pour superviser la conduite du holding. Une “faiblesse” qu’il a attribuée à la situation bicommunautaire en Belgique.

Devant les membres de la commission spéciale sur le démantèlement de Dexia, M. Dehaene a expliqué lundi soir que cette logique avait systématiquement entraîné un dédoublement des actionnaires institutionnels belges afin d’avoir toujours un francophone et un flamand, aux dépens de la désignation d’administrateurs indépendants.

Ainsi, sur les huit membres belges au sein du conseil d’administration de Dexia, on ne compte qu’un seul administrateur indépendant, alors que sur les huit membres français “une majorité sont des indépendants qui ont une meilleure expérience des milieux bancaires”, a-t-il indiqué. “Ces administrateurs indépendants français étaient d’ailleurs plus actifs”.

“La réalité, c’est que les Belges au sein du conseil d’administration étaient des actionnaires institutionnels”, laissant sous-entendre que ceux-ci n’étaient pas les mieux armés pour superviser la banque. Quant à l’accès aux informations utiles, M. Dehaene a assuré que tous les Administrateurs du groupe ont toujours eu la possibilité de consulter tous les documents utiles.

Il a précisé qu’un site internet sécurisé avait spécialement été créé où ceux-ci pouvaient prendre connaissance des différents rapports rédigés par les différents comités spécialisés au sein du groupe.

“Ils avaient donc la possibilité de les consulter”, a souligné le président du conseil. “Mais comme dans ce Parlement, il y a des gens qui travaillent beaucoup, et puis il y a les autres…”.

Interrogé sur la loyauté du patron français Pierre Mariani envers les intérêts du groupe binational, M. Dehaene a assuré qu’il n’avait jamais eu l’impression que celui-ci poursuivait un agenda français.
Selon lui, il n’y a jamais vraiment eu, “sauf dans la dernière phase”, de tensions franco-belges au sein du CA du holding. Il a par contre admis qu’au sein du conseil d’administration de la banque Dexia, la question des transferts vers la filiale française DCL avait, elle, été source de crispations entre Belges et Français.

Interrogé longuement sur la politique de rémunération et de bonus, l’ancien Premier ministre belge est quelque peu revenu sur le mea culpa qu’il avait livré il y a deux semaines, lors de la séance d’ouverture des travaux de la commission spéciale.

Il avait alors confessé une erreur dans de la fixation des rémunérations de 2010, expliquant s’être “trop basé sur une vision interne sans tenir compte du contexte social”.

Lundi soir, il a souligné que le système de rémunérations variables avait été lié à la mise en oeuvre du plan de restructuration, et ce toujours dans le respect des belges et européennes en la matière. Devant les députés, il a rappelé que Dexia avait, dès 2009, anticipé la loi qui était alors sur la table du Parlement, notamment en décidant de disperser les bonus sur plusieurs années, et de lier ceux-ci à l’évolution du cours de bourse du groupe.

“Aucune remarque ne fut alors formulée”, a pointé M. Dehaene. Mais en 2010, il fut décidé que ce seraient à présent les seules règles européennes qui prévaudraient. “C’était ennuyeux, car nous avions lié notre rémunération variable à l’exécution du plan de restructuration”. Mais le groupe a décidé de maintenir sa politique, notamment parce que la majorité du comité de direction était arrivée en 2008 chez Dexia. “J’ai trouvé qu’ils ne devaient pas être sanctionnés parce qu’ils avaient décidé de quitter une situation assez confortable ailleurs pour une situation bien plus difficile”.

LeVif.be avec Belga

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