7 recommandations pour investir en 2024 (Belfius AM)

Le versement d'une assurance groupe en tranches ne peut pas être automatiquement indexé sur l'inflation. © Getty Images
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Obligations longues, actions américaines, transition énergétique… le gestionnaire d’actif dévoile ses recommandations.

Avec une inflation maîtrisée et des taux qui devraient baisser à la fin de l’année prochaine, le paysage macro est beaucoup plus calme qu’il y a un an. Dans quelles valeurs investir aujourd’hui ? Actions, obligations, Europe, États-Unis ? La réponse en sept points d’Anne-Sophie Landtmeters, senior private portfolio manager chez Belfius Asset Management.

« Nous incluons davantage d’obligations dans le portefeuille. Nous avons une nette préférence pour les obligations d’entreprises de qualité. Dans notre allocation d’actifs, nous sommes neutres aux actions par rapport aux obligations, avec une préférence pour les actions américaines par rapport aux actions européennes. Et les trois thèmes ou secteurs que nous préférons sont la transition énergétique, la santé et la technologie ».

Reprenons.

TINA n’est plus

« Notre première conviction est d’avoir davantage d’obligations en portefeuille. On ne parle plus de TINA (there is no alternative expression utilisée pour expliquer que quand les taux étaient bas, il n’y avait pas d’autre choix que d’aller en Bourse, NDLR) aujourd’hui.

Belfius AM observe qu’avec des obligations allemandes sur 10 ans qui rapportent désormais 2,4%, 2,85% pour les obligations belges et 4,3% pour les américaines, il y a une alternative aux marchés d’actions, et ce sont les obligations. « C’est ainsi que, dans la composante obligataire de nos portefeuilles, nous avons méthodiquement constitué des positions dans la zone euro depuis la fin de l’année dernière, renforçant ces investissements de manière significative en juillet et à l’automne de cette année. Nous avons misé sur des obligations d’entreprises de qualité et des obligations d’État ». Une stratégie gagnante, « surpassant même les investissements dits “alternatifs”, que nous avons progressivement réduits au fil du temps », dit Belfius AM.

Anne-Sophie Landtmeters ajoute un conseil : « nous préférons acheter des échéances plus longues, pour bénéficier de rendements élevés sur de plus longues périodes ». Alors bien sûr, aujourd’hui, avec une courbe des taux anormale, les obligations de plus courte durée procurent un rendement un peu plus élevé. Mais le piège, observe la gestionnaire de Belfius AM, pourrait se referler lorsque, dans un an par exemple, ces obligations arriveront à échéance et qu’il faudra réinvestir. Comme Belfius AM s’attend à une baisse des taux, le réinvestissement se fera à de moins bonnes conditions.

Des titres de qualité

La deuxième conviction, c’est de préférer les obligations d’entreprise de haute qualité. Elles ont « historiquement bien performé dans un contexte de risque macro-économique élevé, caractérisé par une croissance modeste et des perspectives de baisse des taux à moyen terme, comme c’est le cas aujourd’hui. Nous anticipons un rendement d’environ 4 % brut sur une période de 5 ans pour cette composante du portefeuille », dit Belfius.

On pourrait être tenté, pour avoir davantage de rendement encore, d’aller vers des obligations plus risquées, les obligations à haut rendement. Mais Anne-Sophie Landtmeters estime qu’« il est encore un peu trop tôt pour franchir le pas, en raison des risques de défaillance des émetteurs à haut rendement qui doivent actuellement se refinancer à des taux d’intérêt beaucoup plus élevés ». En fait, ajoute-t-elle, l’investisseur, aujourd’hui, n’est pas très bien rémunéré pour le risque sur ce type d’obligations.

Neutre sur les marchés actions

Belfius AM explique aussi qu’après avoir surpondéré les actions en début d’année, et pris plusieurs fois des profits, le gestionnaire d’actifs adopte depuis la fin du printemps une position neutre.

D’abord parce que même si dans son scénario de base, Belfius AM ne prévoit pas de récession, la faiblesse relative de l’économie va pousser les bénéfices à la baisse ces prochains mois. Cependant, même si les valorisations des entreprises peuvent sembler élevées aujourd’hui, elles redeviennent attrayantes si, comme Belfius le pense, les taux se remettent à baisser et les profits reprennent.

« Dans cette perspective, notre objectif premier est de privilégier des actions de qualité caractérisées par un faible niveau d’endettement et bénéficiant d’une croissance structurelle », ajoute Belfius AM.

Les États-Unis, plutôt que l’Europe

Conviction numéro quatre : au sein du marché des actions, Belfius AM jette son dévolu sur les États-Unis. « La raison, explique  Anne-Sophie Landtmeters, est d’abord que la croissance économique américaine, qui résiste beaucoup mieux aux hausses de taux d’intérêt. Mais une autre raison est que, en raison de leur composition, les indices boursiers américains sont moins cycliques que les indices européens. Ils sont davantage soutenus par l’innovation, la  technologie, et notamment par l’intelligence artificielle à l’Europe”.

Trois thèmes porteurs

Et puis, les convictions 5,6 et 7 sont thématiques. « Parmi les trois secteurs ou thèmes que nous préférons, il y a en premier la transition énergétique, souligne Anne-Sophie Landtmeters. Pour nous, ajoute-t-elle, il s’agit bien sûr d’un objectif à long terme. Alors bien sûr, ces derniers temps cette thématique n’a pas bien performé en Bourse. On a même vécu cet été une sorte de phase de capitulation », avoue Anne-Sophie Landtmeters. Mais pour elle, c’est donc le bon moment d’acheter.

« Des actions de qualité sont sacrifiées simplement en raison de leur appartenance au secteur. Historiquement, de tels moments ont été propices pour se repositionner, c’est pourquoi nous maintenons et avons même accru ce thème dans nos portefeuilles », dit-elle. Car à long terme, les perspectives sont bien plus réjouissantes. Tant pour des raisons climatiques que stratégiques (l’indépendance énergétique), d’importants investissements seront nécessaires. « En fait, il s’agit plutôt d’une croissance obligatoire, de sorte qu’à long terme, nous voyons vraiment une évolution positive dans ce domaine », souligne la gestionnaire.

Deuxième thème : les soins de santé. « La croissance robuste aux États-Unis et l’émergence de l’intelligence artificielle ont attiré les investisseurs vers d’autres secteurs. Mais notre thème sur la santé reste pertinent en période de ralentissement avec une demande non élastique et une croissance structurelle liée au vieillissement de la population ».

En outre, la valorisation des valeurs dans cette thématique apparaît aujourd’hui très raisonnable.

« Les sept magnifiques »

Dernière conviction: la technologie, malgré des valorisations qui paraissent élevées, à 25 fois les bénéfices attendus. Mais comme on peut le voir avec les « magnificent seven », les « sept magnifiques » (Microsoft, Apple, Google, Meta, Amazon, Tesla, Nvidia), ces entreprises affichent une rentabilité remarquable et offrent encore de belles opportunités de croissance. « Nous voyons très clairement que la surperformance du secteur technologique est fortement corrélée à un meilleur bénéfice par action, à un meilleur rendement des capitaux propres, à une meilleure dynamique des ventes ».

Alors bien sûr, si l’on porte le regard au-delà des « sept magnifiques », il y a certes un certain nombre d’actions de croissance américaines qui ont beaucoup souffert de la hausse des taux d’intérêt. Mais justement, « le contexte économique actuel, avec des taux d’intérêt plus stables et plus bas, sera certainement positif pour le secteur, note Anne-Sophie Landtmeters. Les dépenses mondiales prévues en matière de technologies de l’information sont également plus élevées qu’ailleurs, qu’il s’agisse de matériel, de logiciels ou de centres de données. Les perspectives sont donc prometteuses et, bien sûr, stimulées par l’intelligence artificielle, pour laquelle nous nous attendons certainement à une évolution positive », conclut-elle.

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