La Belgique reste le seul pays au monde à taxer le travail au-dessus des 50%

Baptiste Lambert

Les années se suivent et se ressemblent, et les 4 saisons de la Vivaldi n’y auront rien changé. La Belgique reste la championne du monde de la taxation sur le travail.

L’organisation des pays industrialisés, l’OCDE, a livré son dernier rapport sur la taxation du travail. Elle y dresse son classement du “Tax Wedge” pour chaque État membre : il s’agit de la différence entre les coûts salariaux payés par l’employeur et le salaire net dans la poche de l’employé. Autrement dit, de la somme des cotisations patronales et sociales, en plus de l’impôt sur le revenu des personnes physiques.

Les chiffres sont sans appel. Pour un salarié isolé, le “Tax Wedge” en 2023 était de 52,3%. C’est un tout petit peu mieux que les 53% de l’année dernière. Grâce à une très légère diminution de l’IPP, pas des cotisations.

Mais l’écart avec la 2e position s’est encore creusé. Car l’Allemagne est parvenue à passer sous les 50%. C’est d’ailleurs un symbole qui fait mal : la Belgique est le seul pays industrialisé à taxer les revenus au-dessus des 50%. La France (46,8%) atteint la 4e place, mais la comparaison avec les Pays-Bas fait particulièrement mal. Nos voisins sont à 35,1%, entourés par l’Irlande et le Danemark. La Colombie ferme la marche à… 0%.

Les célibataires désavantagés

Ce n’est pas une nouveauté non plus, mais les célibataires sont largement désavantagés. Pour un couple à deux revenus et deux enfants à charge, le Tax Wedge retombe à 45,1%. Une taxation qui vaut toujours à la Belgique la première place du classement. Et si cette famille ne dispose que d’un seul revenu, la taxation tombe à 37,3%, soit une différence de 15%.

L’échec de la réforme fiscale

La réforme fiscale du ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (Cd&v), qui ne figurait pas visait à réduire cette pression fiscale sur les travailleurs. Elle fut négociée âprement durant 5 semaines d’affilée, l’année dernière, sans parvenir à un point de chute. Toutes les formations politiques ont pointé le MR comme responsable de l’échec.

C’est vrai, et c’est même assumé par le président des réformateurs, Georges-Louis Bouchez. Car il s’agissait selon lui d'”un tax shift” et non d’un “tax down”, qui consistait à transférer, en résumé, les charges du travail vers la fortune. Aucune autre formation politique ne proposait une réelle baisse des dépenses publiques. Le président du MR a donc joué les chiens de garde de certaines niches fiscales, estimant que le travail et la fortune étaient déjà largement taxés.

Un autre élément à pointer du doigt est que la dernière mouture de la réforme Van Peteghem n’avait plus rien à voir avec la première version. L’ambition a été complètement revue à la baisse. Le tax shift de 10 milliards d’euros ne portait plus que sur quelques milliards dans les dernières négociations : la révolution copernicienne n’en était plus une.

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