Sur fond de guerre, la FN réalise sa deuxième année historique et investit pour l’avenir

Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

L’entreprise d’armement se félicite d’une excellente cuvée 2023, rétrocède 15 millions de dividendes à la Wallonie et va investir une centaine de millions dans une nouvelle ligne de production.

Julien Compère, CEO de la FN Herstal, est un homme de destin. Après avoir pris en charge les hôpitaux légeois et traversé la crise du Covid, le voilà aux rênes de la FN Herstal en pleine tourmente géopolitique européenne. “Dans les deux cas, il s’agit d’un mission essentielle des Etats”, souligne-t-il. Et ce vendredi 14 juin, il présente des résultats plus que satisfaisants: 2023 est la deuxième année historique de la FN, après 2022.

Les perspectives sont, en outre, encourageantes, avec l’investissement d’une centaine de millions dans une nouvelle ligne de production, d’ici trois ans, et le recrutement annoncé d’au moins soixante employés.

FN – Browning, un nouveau nom

Pour l’occasion, Julien Compère annonce le changement de nom du Groupe, présent également aux Etats-Unis et en Finlande, qui devient FN – Browning, le logo représentant une forme de passerelle entre les deux. “Monsieur Browning, qui a créé la FN à la fin du 19e siècle, incarnait les deux dimensions importantes de la FN: la priorité à l’innovation et la capacité d’industrialisation”, souligne-t-il, en précisant que la filiale belge reste FN – Herstal.

Pour témoigner de cette capacité d’innovation, l’entreprise d’armement a mis l’accent vendredi sur le Smart Protector, une arme non létale destinée à aider les forces de l’ordre dans le maintien de l’ordre: avec l’appui de l’intelligence artificielle, elle permet d’éviter de viser le visage. Plusieurs pays d’Europe de l’ouest seraient prêts à en commander à l’issue de la phase test.

FN – Browning, c’est aussi l’illustration des ouvertures qui se confirment pour la FN à l’international. Après avoir signé un accord de quelque 1,5 milliard avec l’Etat belge sur vingt ans, pour une livraison exclusive des petits calibres et des munitions, des marchés potentiellement importants sont en négociation avec la France. “Le soutien important de l’Etat nous ouvre des portes”, confirme le CEO. Qui insiste sur la nécessité “de ne “pas confondre vitesse avec précipitation” et veiller à ce que ce développement reste gérable pour l’entreprise. La FN sort la tête de l’eau après les années plus difficile des “dividendes de la paix”.

D’ailleurs, la transparence dans la communication est un autre signe que tout va mieux à Herstal. C’est la pemière fois qu’un rapport annuel est imprimé en bonne et due forme.

900 millions en 2023

“2023 est une bonne année pour le groupe”, se félicite Julien Compère. Le chiffre d’affaires est en légère décroissance par rapport à 2022: 900 millions contre 950. Les causes en sont le taux de change du dollar et une licence cédée à un partenaire. Mais le pôle défense est en hausse et le résultat net, 75 millions, est “le meilleur de notre histoire”. Cela permet de verser des dividendes à hauteur de 15 millions d’euros à Wallonie Entreprendre, actionnaire à 100% de la FN.

La suite du parcours est bien balisée grâce au partenariat important noué avec l’Etat belge. “C’est fondamental et positif”, salue le CEO, évoquant l’espoir d’élargir cela vers la France et les Pays-Bas. L’Europe de l’industrie de la défense est en marche, même si les remous des derniers jours en France suscient un peu d’inquiétude. Le carnet de commande de la FN est sécurisé jusque fin 2026. Une nouvelle ligne de production permettra de soutenir cette croissance raisonnée.

L’entreprise emploie quelque 3000 personnes et verra, en 2025, la fin de son plan de dégraissement qui concernait une centaine de travailleurs.

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