Les “bricolages” du couple franco-allemand

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Le groupe Spinelli, qui réunit des fédéralistes européens de renom, a vigoureusement critiqué jeudi les “bricolages” de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français Nicolas Sarkozy, à quelques heures d’un nouveau sommet censé apporter des solutions à la crise de la dette. Ses membres proposent un plan alternatif, basé sur le recours à la Banque centrale et sur un contrôle démocratique accru.

Le groupe Spinelli, qui compte dans ses rangs les Belges Guy Verhofstadt et Isabelle Durant, dénonce “le coup de chefs d’Etat” orchestré par le duo franco-allemand, qui tente d’ancrer dans les traités l’interdiction des déficits et l’obligation de réduire les dettes.

La modification des traités est, selon les fédéralistes, un “bricolage” qui ne permettra pas de surmonter la crise financière, d’autant plus que l’Europe s’est déjà dotée de règles pour accroître la discipline budgétaire. “Est-ce qu’on a pour seul horizon un renforcement presque irrationnel de la règle ? ” a lancé lors d’une conférence de presse la Française Sylvie Goulard, membre du groupe Spinelli, en référence à l’insistance allemande sur la rigueur.

Furieuse d’avoir été entraînée dans la crise par des pays jugés dispendieux, l’Allemagne exige en effet que la rigueur soit garantie avant de développer davantage des instruments de solidarité dont elle est le premier contributeur.

Le groupe Spinelli préconise au contraire d’accompagner immédiatement la discipline budgétaire de mesures de crise et de relance. Les fédéralistes veulent notamment mutualiser toutes les dettes européennes sous le seuil de 60% du PIB et faire appel à la Banque centrale pour aider les pays en difficulté.

Concrètement, ils proposent de donner une licence bancaire au fonds de secours de la zone euro (FESF) afin que celui-ci puisse s’approvisionner auprès de la BCE comme n’importe quelle banque. “Cela permettrait de préserver l’indépendance de la BCE”, souligne M. Verhofstadt.

À plus long terme, les fédéralistes sont favorables à une modification des traités, mais le travail de réécriture devrait impliquer toutes les composantes de la société au sein d’une Convention. Guy Verhofstadt et Isabelle Durant n’ont pas manqué de faire référence à la déclaration de Laeken de 2001.

Adoptée par les “Quinze” sous la présidence belge – alors emmenée par le gouvernement arc-en-ciel -, cette déclaration a jeté les bases d’une Convention, qui a débouché après de longs débats publics sur un projet de Constitution, puis sur le traité de Lisbonne.

Le groupe Spinelli a d’ailleurs eu l’occasion de célébrer jeudi le 10e anniversaire de la déclaration à l’endroit même où elle a été rédigée, puisque ses membres ont été reçus par le Roi Albert II pour une petite commémoration.

Selon Isabelle Durant, la Convention avait bénéficié à l’époque d’un intérêt public très limité, mais un nouveau travail de réécriture du traité européen sera suivi de beaucoup plus près. L’écologiste insiste sur l’importance de l’appropriation démocratique des enjeux européens.

“La question démocratique n’est pas celle qu’on traite après les autres”, affirme-t-elle, en soulignant que “dans les parlements nationaux la grogne augmente” contre les décisions européennes.

Trends.be avec Belga

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