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Brexit: ‘Faut-il vraiment s’attendre au scénario du pire ?’

Ce qui m’a le plus frappé dans cette histoire de Brexit, c’est de voir à quel point la très grande majorité des experts s’est à nouveau trompée sur l’issue de ce référendum.

La Bourse a grimpé pendant plusieurs jours avant le scrutin fatidique du jeudi 23 juin, et plusieurs experts en ont conclu que la Bourse était rassurée, qu’elle savait quelque chose que nous simples mortels ne savions pas. Le vendredi 24 juin, au petit matin, ceux qui en doutaient encore ont découvert que la Bourse n’est pas plus douée pour prédire l’avenir que votre astrologue. Elle n’en sait en fait pas plus que vous et moi sur l’avenir.

Quant aux instituts de sondage britanniques, ils se sont également trompés, mais alors là dans les très grandes largeurs. Vous me direz que la première chose que l’on enseigne à un journaliste étranger qui débarque à Londres, c’est de se méfier des sondages locaux et de se fier davantage aux cotes des Bookmakers qui ont une meilleure réputation en termes de résultat. Mais les bookmakers se sont aussi mis le doigt, pour ne pas dire la main, dans l’oeil. Pour en revenir aux sondages, certains commentateurs financiers pensent même qu’ils ont été achetés pour influer sur le vote des Britanniques. Bref, comme l’écrivait justement l’un de ces commentateurs sceptiques, “il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir… et qui éteint les lumières pour empêcher les autres d’y voir clair”.

En 8 heures vendredi, 350 milliards de dollars se sont évaporés en Bourse: c’est plus que les contributions britanniques au budget européen en 15 ans !

Pour le reste, faut-il s’attendre au scénario du pire, comme on l’entend ou on le lit depuis quelques jours ? Tout d’abord, il faut garder à l’esprit que ceux qui font ce genre de commentaire sont les mêmes qui disaient juste avant le vendredi 24 juin, “dormez en paix citoyens, le Royaume-Uni va rester au sein de l’Union européenne, car les Britanniques voteront avec leur tête et pas leur coeur”. Erreur fatale, ces mêmes experts – ces mêmes abonnés à l’erreur – ont redécouvert que les Britanniques sont des révolutionnaires au fond de leur tasse de thé ! Ils ont voté et ne se sont pas laissé impressionner par le terrorisme technocratique. Les experts ont découvert qu’un peuple pouvait aussi voter contre ses intérêts économiques. Et c’est ce qui s’est passé, puisqu’en une journée, même pas, en 8 heures à peine, 350 milliards de dollars se sont évaporés en Bourse le vendredi 24 juin: c’est plus que les contributions britanniques au budget européen sur les quinze dernières années !

Et puis, ne nous leurrons pas, les Britanniques ont réussi à rester en dehors de l’Union européenne, tout en étant dedans. Rien ne devrait les empêcher de rester dedans, tout en étant dehors. C’est ce qu’ils vont négocier durement, en prenant leur temps. Mais de grâce, gardez à l’esprit, comme le répète à l’envi le philosophe et mathématicien américano-libanais Nicholas Taleb, que les experts, les fameux intellectuels, sont des abonnés à l’erreur. Ils se sont trompés sur le stalinisme, le maoïsme, sur Freud et même sur le planning urbain. Pourquoi encore les écouter ?

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