eFounders lève 6 millions… mais que fait ce “start-up studio” ?

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La firme belge eFounders laisse entrer dans son capital un business angel à 6 millions de dollars pour lancer toujours plus de pépites prometteuses. Discret, eFounders compte en effet déjà 8 entreprises à son actif dont plusieurs très prometteuses. Le point sur son business model.

A Etterbeek (site de l’Arsenal), la pépinière Icab abrite une multitude de start-up technologiques. Thibaud Elzière, entrepreneur français à l’origine de Zilok et de Fotolia (revendue 800 millions de dollars à Adobe !), et Quentin Nickmans, un ancien du Boston Consulting Group, y planchent pour l’instant sur différents projets d’entreprises qui viendront s’ajouter à une série de start-up lancées par le duo depuis 2010 comme Mailjet, Mention ou TextMaster. Les deux associés ont conçu un “start-up studio” baptisé eFounders qui dispose également de bureaux à Paris. Le concept ? “Trouver de bonnes idées nées le plus souvent de besoins précis, déterminer un marché et ensuite les faire correspondre aux bonnes personnes, expose Thibaud Elziere. C’est-à-dire qu’on recrute la personne qui va gérer et développer le projet, puis la start-up.”

Leur particularité réside notamment dans un domaine d’activité particulièrement ciblé : du software dans le cloud à destination du B to B. Un peu avant la naissance d’eFounders, le duo a ainsi lancé Mailjet (envois de newsletters et d’e-mails marketing), TextMaster (agence de traduction et création de contenus) et PressKing (envois pour les PME de communiqués de presse aux journalistes). Depuis sa création, eFounders a développé Mention (veille en temps réel sur le Net), Front (boîte e-mail collaborative) ou Aircall (téléphonie virtuelle). Et deux nouveaux projets sont en cours de création : Illustrio (place de marché d’illustrations graphiques) et Tipi…

Serial start-up creator

Lorsque les responsables d’eFounders recrutent leurs développeurs (CTO) et managers (CEO), ils permettent à ceux-ci de rentrer des factures mensuelles pour leurs prestations lors des premiers mois. “Cela leur permet de franchir le pas de l’entrepreneuriat tout en offrant une vraie sécurité qui permet de se concentrer sur le développement du projet à 100 %”, explique Quentin Nickmans. eFounders finance totalement le développement du projet avec ses propres fonds (c’est-à-dire, jusqu’ici, essentiellement ceux des deux fondateurs). Le duo dit avoir déjà déboursé environ 500.000 euros par nouveau projet soit environ 4 millions d’euros pour le financement de toutes ces start-up. Passé le stade du projet et une fois l’entreprise officiellement créée, le CEO et le CTO recrutés reçoivent 50% de la start-up tandis qu’eFounders joue le rôle de “troisième cofondateur”.

Voilà un “positionnement totalement original sur le marché belge, observe Jean-Michel Noé, M&A senior manager chez Deloitte Fudiciaire. Il faut toutefois veiller à ce que les personnes recrutées pour développer un projet adoptent totalement le concept et en fassent leur propre business. Là réside sans doute l’un des enjeux importants. Autrement, en cas de difficulté, le risque serait d’avoir une équipe moins solide.” Un talon d’Achille que les deux fondateurs d’eFounders reconnaissent. “Il est arrivé que nous restions impliqués un peu trop longtemps dans certains projets, admet Thibaud Elziere. Mais désormais, nous laissons les entreprises voler de leurs propres ailes dès 18 mois et, à ce stade-là, nous ne finançons plus le projet. Nous aidons simplement les start-up à trouver des venture capitalists et devenons de simples membres du conseil.” Et des actionnaires importants, évidemment. C’est d’ailleurs en cela qu’eFounders s’éloigne du modèle mis en place par l’allemand Rocket Internet à qui on le compare souvent. Ce dernier tend en effet à conserver en son sein les équipes et les ressources de ses diverses sociétés.

La manière dont eFounders compte s’y retrouver ? Deux flux de revenus sont possibles. D’une part, des dividendes qui pourraient être reversés. D’autre part, “les revenus liés à la vente de nos parts dans certaines des start-up en cas d’exit, avance Thibaud Elziere. Au final, nous constituons un portefeuille de participations dans des start-up innovantes et prometteuses qui, on l’espère, seront des firmes à 1 milliard de dollars !” Aujourd’hui, en effet, il n’existe que deux grandes issues réalistes pour les start-up à succès : l’IPO et la revente (à un concurrent ou à un grand acteur industriel par exemple).

Déjà de beaux résultats

Pour l’instant, Thibaud Elziere et Quentin Nickmans se montrent particulièrement confiants, même si eFounders ne génère aucun vrai chiffre d’affaires. Mais ils mettent en avant de vrais succès d’audience pour plusieurs de leurs projets. Et au total, les start-up issues d’eFounders ont déjà réalisé plusieurs belles levées de fonds (plus de 10 millions d’euros levés). Tout récemment, Aircall a annoncé avoir levé 800.000 euros. Front App a obtenu 3,1 millions de dollars l’an passé aux Etats-Unis. TextMaster a déjà réalisé pour 2 millions d’euros de tour de table. Des signes très positifs même si dans cette galaxie de start-up, l’analyse des résultats se révèle complexe de l’extérieur : la plupart d’entre elles ne dévoilent pas encore leurs chiffres.

Thibaud Elziere et Quentin Nickmans nourrissent de nouvelles idées et l’arrivée à leurs côté d’Oleg Tscheltzoff, compère de Thibaud Elziere dans Fotolia, doit donner un nouvel envol à eFounders. Avec les 6 millions de dollars qu’il apporte, le studio entend développer 6 nouvelles start-up dans les 18 prochains mois. Ce qui porterait à 14 le nombre d’entreprises de l’univers eFounders. Autant de nouvelles participations qui, en cas d’exit dans les années qui suivent, permettront au start-up studio de générer des revenus.

Par ailleurs, eFounders est actuellement en train de structurer un groupement d’investisseurs qui les aiderait à financer des projets au premier stade de leur existence. Ce fonds, qui n’investirait que dans les start-up d’eFounders devrait être constitué d’ici le mois de septembre et impliquera des familles belges fortunées désireuses d’investir dans la technologie, “un secteur dans lequel elles ont parfois du mal à entrer, analyse Thibaud Elziere, mais qui est probablement le plus gros marché actuel. Elles doivent du coup y être et eFounders leur donne une opportunité de se lancer avec une formule d’investissement intéressante.” On n’a visiblement pas fini d’entendre parler de ce mini Rocket Internet à la belge…

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