Amid Faljaoui
Le front anti-Amazon s’organise en Europe
Amazon est très critiqué ces derniers jours par les éditeurs européens. La raison : ils ont besoin du géant américain de l’e-commerce mais d’un autre côté, s’en méfient car ce dernier risque de les tuer à petit feu.
Le front anti-Amazon s’organise péniblement mais doucement un peu partout en Europe. Derniers faits en date : la Foire du Livre à Francfort où le petit monde des éditeurs européens n’a parlé que d’Amazon. Le géant américain de l’e-commerce a en effet fait fort : après avoir proposé la même chose aux Américains, il offre maintenant à ses lecteurs allemands pour le prix ridicule de moins de 9 euros par mois, la possibilité de piocher de manière illimitée dans un catalogue de 600.000 références. Amazon propose, en fait, ce que Netflix fait en terme de films : offrir un abonnement de lecture illimitée à un prix dérisoire.
Bien entendu, dans les 600.000 références, ce sont pour le moment surtout des auteurs autoédités, le catalogue qui est actuellement offert aux Allemands est plus restreint que le catalogue américain même si on parle quand même de 50.000 titres. C’est évidemment un caillou dans le jardin des éditeurs européens car il est clair qu’Amazon ne va pas s’arrêter aux frontières allemandes et proposera le même service dans les autres pays, dont le nôtre.
Le front anti-Amazon s’organise en Europe
Avec la révolution numérique, le pire et le meilleur cohabitent. Le meilleur : via Amazon, il est possible de faire revivre des livres introuvables et de vider les stocks d’invendus de libraires au fin fond de la France ou de la Belgique. Le pire : aux Etats-Unis, 900 auteurs ont pris fait et cause pour l’éditeur Hachette contre Amazon en refusant les nouvelles conditions commerciales d’Amazon. Ce dernier, pour se venger, a retiré les ouvrages d’Hachette de sa plate-forme de distribution. Un véritable arrêt de mort pour ces auteurs, car aux Etats-Unis, la majorité des ventes de livres se font via Amazon. Les éditeurs se retrouvent donc un peu perdus dans cette bataille, car ils sont à la fois en coopération et en compétition avec Amazon. D’autres ont déjà perdu en partie la bataille, c’est le cas par exemple de la chaine des librairies LIBRIS qui est en difficulté sur certains points de vente. Malheureusement, à l’inverse d’autres concurrents comme Cook & Book ou Filigranes à Bruxelles, les actionnaires de LIBRIS n’ont pas su ou pu réinventer leur métier de libraire en axant davantage leur marketing sur le client plutôt que sur le produit. On ne cesse de le répéter, pendant qu’on parle de la crise, on oublie de parler de la révolution numérique et des changements qu’elle impose à des secteurs entiers, pour ne citer qu’un seul exemple, en dix ans, sans crier gare, Amazon a déjà pris 18 % de part de marché sur le papier et le livre numérique en France et en Belgique, toujours bon à rappeler.
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