Comment Toyota est sorti de la route

© Epa

Le constructeur japonais a rappelé cette semaine des millions de véhicules en Amérique du Nord, en Europe et en Chine en raison de défauts techniques. Le groupe nippon paierait pour son expansion fulgurante.

Rien ne va plus pour Toyota. Le 25 février prochain, les responsables du premier constructeur mondial seront tenus de s’expliquer devant le Congrès américain sur les problèmes à répétition de ses voitures. Un véritable camouflet pour le n°1 mondial qui a fait de la fiabilité sa marque de fabrique.

Le géant japonais a en effet dû procéder cette semaine au rappel de millions de véhicules pour un problème concernant la pédale d’accélérateur, d’abord aux Etats-Unis ( 2,3 millions), puis dans le reste du monde: 1,8 million en Europe, 270 000 au Canada et 75 000 en Chine. Aux Etats-Unis, la production et la vente de huit modèles ont même été suspendues pendant au moins une semaine. Une mesure sans précédent dans l’histoire du groupe.

Or cela s’ajoute à un autre problème mettant en cause un tapis pouvant bloquer la pédale de frein. Celui-ci avait provoqué le rappel de 4,2 millions de voitures cet automne aux Etats-Unis. L’agence américaine pour la sécurité des autoroutes avait signalé 17 collisions ayant fait cinq morts, liés à des véhicules fabriqués par Toyota. Un problème qui n’était manifestement toujours pas réglé puisqu’ un million de véhicules supplémentaires ont dû été rappelés ce jeudi.

Quelles conséquences?L’action Toyota a plongé suite à ces annonces. Jeudi, elle a encore perdu près de 4% à la Bourse de Tokyo. Ce qui porte à 15% la chute au cours des cinq dernières séances.

D’après les analystes, les huit modèles temporairement retirés de la vente représentaient en décembre 70% des ventes du groupe aux Etats-Unis, le plus gros marché du constructeur. La perte pour le groupe n’a pas encore été estimée, mais la mesure pourrait coûter jusqu’à 2 milliards de dollars par mois à l’ensemble des concessionnaires américains, selon Bloomberg.

Une aubaine pour les autres constructeurs, notamment américains, qui proposent d’ores et déjà des rabais sur leurs propres modèles. “Bien sûr, les concurrents vont bénéficier de ces problèmes sur le court terme”, s’est réjoui le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn sur CNBC jeudi.

Au delà de la perte immédiate de chiffre d’affaires, c’est bien l’image de marque de Toyota qui est menacée. Car si les rappels de véhicules sont courants chez les constructeurs, l’arrêt de la production est une mesure exceptionnelle. Selon Shigeru Matsumura, analyste chez SMBC Friend Securities, les rappels “ont terni la réputation de qualité de Toyota, qui est à la base de sa force”.

Les raisons d’un accident industriel
Pour les analystes, les déboires actuels de Toyota sont liés à la stratégie du constructeur ces dernières années. Selon le New York Times, Toyota se serait fixé en 2002 l’objectif de ravir à General Motors sa place de numéro un mondial de l’automobile en 2010. Un objectif finalement atteint par anticipation en 2008 à la faveur de la crise.

Dans cette course effrenée à la taille, le constructeur a cherché à réduire ses coûts de production par tous les moyens. Alors qu’il était connu pour sa proximité avec ses fournisseurs au Japon, le groupe a progressivement eu recours à des fournisseurs extérieurs, moins chers, mais qu’il pouvait moins facilement soumettre au contrôle qualité. Le groupe a aussi cherché à utiliser les mêmes pièces pour le plus grand nombre de véhicules possibles. Or, quand un des composants présente un problème, le nombre de véhicules affectés est d’autant plus important.

Dès son arrivée en poste début 2009, le nouveau PDG du groupe, Akio Toyoda, petit fils du fondateur de Toyota, le reconnaissait déjà, “Nous nous sommes peut-être étendus plus que nous ne l’aurions dû”.

Toyota rappelle quelque 70.000 véhicules en Belgique

Toyotava rappeler quelque 70.000 véhicules en Belgique pour un défaut probable dans le mécanisme de la pédale d’accélérateur. C’est ce qu’a annoncé lundi un porte-parole de Toyota Belgium. Toyota n’a jusqu’ici apparemment reçu aucune plainte en Belgique d’un tel défaut.

En raison de ce défaut de conception, la pédale d’accélérateur peut, dans de très rares cas, rester coincée en position enfoncée ou retrouver sa position initiale avec plus de lenteur que d’habitude.
Toyota va prévenir les clients concernés par voie postale.
L’intervention sur la voiture devrait prendre une petite demi heure.Le constructeur japonais a déjà entamé ce type de réparation sur des véhicules aux Etats-Unis.

Violette Robinet, L’Expansion.com

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content