Une étude vient de révéler qu’un ménage belge sur trois (34 %) se révèle financièrement « vulnérable » et qu’un Belge sur cinq est même en mauvaise santé financière. Des résultats qui ne sont pas très encourageants. Mais quand est-on en mauvaise santé financière et que peut-on y faire ?
Au-delà de l’expérience individuelle, la santé financière est devenue un concept global, désormais utilisé par les institutions internationales pour mesurer et améliorer le bien-être économique des populations. Elle repose sur quatre piliers principaux : la sécurité et la résilience financières ; le contrôle sur son budget ; la capacité à faire face aux imprévus et la liberté d’atteindre ses objectifs financiers.
Comment mesurer sa santé financière ?
Mesurer sa santé financière, c’est comme faire un check-up médical : on vérifie différents “signes vitaux” de ses finances. Pour cela, on évalue objectivement sa valeur nette, ses revenus, ses dépenses et sa capacité à gérer ses dettes.
Les 4 piliers de la santé financière en 8 questions
Capacité à couvrir ses besoins essentiels
- Pouvez-vous payer vos factures et dépenses courantes sans retard ?
- Pourriez-vous vivre trois mois sans revenu uniquement avec vos économies ?
- Pourriez-vous absorber une perte de revenu temporaire sans vendre vos biens ou vous endetter ?
Si la réponse à ces trois questions est “non”, cela n’augure rien de bon. Et si vous devez recourir régulièrement au découvert bancaire, c’est un signal d’alerte.
Contrôle de ses finances
Un check-up complet permet de vérifier ce qui ne va pas.
4. Savez-vous exactement où va votre argent chaque mois ?
5. Suivez-vous un budget et vos dépenses sont-elles maîtrisées ?
6. Quel est votre ratio d’endettement ? (vos mensualités de crédit ne doivent pas représenter plus de 36 % de vos revenus nets).
Capacité à atteindre ses objectifs
7. Épargnez-vous pour vos projets (maison, études, retraite) ?
8. Quelle est votre valeur nette ?
La valeur nette est un indicateur clé de la santé financière. Elle correspond à la différence entre ce que vous possédez et ce que vous devez. D’un côté : vos actifs (épargne, biens immobiliers, placements, voiture, etc.). De l’autre : vos dettes (crédit immobilier, prêt à la consommation, solde de cartes de crédit, etc.).
Exemple : vous disposez de 30.000 € d’actifs (épargne + voiture), mais vous devez encore 15.000 € de crédit. Votre valeur nette est donc de 15.000 €. Au-delà de ce chiffre, l’évolution dans le temps est capitale : une valeur nette qui progresse traduit une amélioration de votre santé financière (vous épargnez davantage, remboursez vos dettes ou augmentez vos actifs).
Quelles mesures prendre pour renforcer sa santé financière ?
- Établir un plan financier : fixer des objectifs à court et long terme et prévoir des stratégies pour les atteindre.
- Faire un budget réaliste : suivre ses revenus et ses dépenses, distinguer besoins et envies, et utiliser des méthodes comme le 50/30/20 (50 % pour les besoins, 30 % pour les souhaits, 20 % pour l’épargne).
- Gérer ses dettes : prioriser le remboursement des dettes à taux élevés ou des montants faibles selon la méthode choisie.
- Constituer un fonds d’urgence : anticiper les imprévus en épargnant l’équivalent de trois à six mois de dépenses.
- Épargner pour l’avenir : même de petites contributions régulières permettent de bâtir progressivement un patrimoine et d’atteindre ses objectifs financiers.
La confiance en soi, un pilier clé
La santé financière implique également de renforcer la confiance en ses capacités à gérer ses finances et à surmonter les obstacles économiques. Au-delà des notions de budget et d’épargne, un pilier essentiel est la self-efficacy financière– autrement dit, la confiance que l’on a dans sa capacité à gérer efficacement son argent.
Des recherches démontrent que la simple maîtrise des concepts financiers (comme l’épargne ou les taux d’intérêt) n’est pas suffisante pour adopter des comportements financièrement sains. Il faut également y associer une confiance personnelle dans sa capacité à appliquer ces connaissances. Un même niveau de savoir peut engendrer des résultats très différents selon qu’on ait, ou non, confiance en ses capacités financières.
Cette confiance serait même une puissante protection contre les difficultés financières. Selon une étude américaine, les personnes ayant un fort sentiment d’efficacité financière sont moins susceptibles de se retrouver en situation de surendettement, même lorsqu’elles subissent des chocs comme une perte de revenu ou un problème de santé. Autrement dit : la confiance génère une résilience concrète.
En psychologie, la théorie de l’auto-efficacité de Bandura souligne qu’en l’absence de confiance, le moindre obstacle peut conduire à l’abandon — une forme de prophétie autoréalisatrice. En contexte financier, cela se traduit par une tendance à procrastiner, à céder à l’impulsion ou à éviter les décisions difficiles… ce qui accroît la fragilité financière.
Pour être au top de sa santé financière, il faut donc, comme au sport, s’entraîner et se maintenir à niveau. Cela passe par l’acquisition de connaissances, mais aussi par le développement de la confiance en sa capacité à les utiliser, et par une dynamique positive d’auto-motivation. Bien au-delà du simple calcul d’un budget, il s’agit de cultiver ses finances comme on entretient ses abdos. Régularité et application, sont les clés d’une sérénité durable face aux défis économiques.
Agir tôt pour un impact durable
Et comme pour la santé physique ou mentale, il est préférable d’agir tôt et de manière proactive. Comprendre et anticiper ses finances, mettre en place des habitudes solides et bénéficier d’un soutien (institutionnel ou non) permet non seulement de limiter le stress, mais aussi de construire une véritable résilience économique.
En ces temps incertains, la santé financière ne peut néanmoins pas reposer uniquement sur les épaules des individus.
Les pouvoirs publics ont un rôle déterminant à jouer.
Renforcer l’éducation financière dès le plus jeune âge, par exemple à l’école, permettrait de doter chaque citoyen des bases nécessaires pour gérer son budget, comprendre le crédit ou planifier son épargne. Parallèlement, faciliter l’accès aux services financiers — en réduisant les barrières administratives, en encadrant les frais bancaires ou en soutenant des outils numériques inclusifs — offrirait à chacun la possibilité de bâtir une sécurité économique minimale. Des mesures qui contribueraient non seulement à réduire les inégalités, mais aussi à accroître la résilience collective face aux chocs économiques, qu’il s’agisse d’une crise sanitaire, énergétique ou encore d’une perte massive d’emplois.
L’angoisse financière, l’une des sources du burnout ?
On parle souvent de surcharge de travail pour expliquer le burn-out, mais un autre facteur, plus discret, pèse lourd : la santé financière. L’angoisse liée à l’argent agit comme une « blessure qui se propage », minant à la fois la vie personnelle et l’engagement professionnel. Selon une étude américaine, les salariés en difficulté financière sont non seulement plus exposés au burn-out, mais aussi nettement moins satisfaits au travail. L’angoisse financière affecte non seulement la vie personnelle, mais érode également l’engagement et la satisfaction au travail. En ce sens, les entreprises ont également un rôle à jouer dans une bonne santé financière. Offrir des outils de gestion financière peut réduire le stress des salariés et améliorer leur engagement et leur productivité.