La Belgique pas encore prête pour la transition vers un marché du travail plus vert

“La Belgique n’est pas encore prête pour la transition vers un marché du travail plus vert”. C’est en substance le message lancé jeudi par le Conseil Supérieur de l’Emploi, qui a présenté un rapport à ce sujet.
“Il y a de quoi faire mieux”, a d’emblée commenté son vice-président Steven Vanackere.
Ainsi, en Belgique, l’emploi des secteurs strictement environnementaux représentait en 2022 un peu plus de 2% de l’emploi intérieur, là où les pays voisins atteignent les 3,5% et les pays nordiques 4,6%. De manière plus large, un travailleur sur cinq exerce un métier que l’on peut étiqueter de “vert”, soit une profession qui favorise la transition écologique. Ils sont surreprésentés dans les secteurs de l’industrie, de l’énergie et de la construction.
Selon l’étude, il existe notamment une inadéquation des compétences, qui provoque une pénurie dans ces métiers. Ainsi, 50% des emplois verts concernent des professions rencontrant des difficultés de recrutement. En outre, près de la moitié des travailleurs ayant un emploi vert et un diplôme de l’enseignement supérieur sont issus de filières STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques), alors que ces filières ne réunissent que 16% des étudiants diplômés du supérieur. Pourtant, il existe des opportunités d’emploi quel que soit le niveau de diplôme.
Faible mobilité professionnell
Enfin, le marché du travail belge est caractérisé par une faible mobilité professionnelle, relève l’étude. Les compétences qui sont généralement requises pour qu’un travailleur se réoriente vers un métier vert sont souvent fort différentes de celles qu’il possède initialement. “La Belgique travaille trop peu à la formation permanente”, a souligné Steven Vanackere.
Pour le vice-président, “il ne suffit donc pas de décréter qu’il y a une ambition climatique, il faut aussi des gens pour l’implémenter. Si on ne tient pas compte de la composante marché du travail, vous risquez de faire des déclarations sans lendemain.”
Dans son rapport, le Conseil Supérieur de l’Emploi formule quatre recommandations. Elle conseille d'”impliquer activement les politiques du marché du travail dans la politique climatique”, “développer la thématique climatique et soutenir les STEM à tous les niveaux d’enseignement”, “soutenir la mobilité professionnelle”, et, enfin, “veiller à ce que la transition soit inclusive et crée des opportunités pour tous les travailleurs”.
Pour le ministre de l’Emploi David Clarinval, qui a assisté à la présentation, “on ne fera pas la révolution verte sans nos industries”. “Dans le contexte actuel où les États-Unis veulent se réindustrialiser, où les Chinois font du dumping, il est bon que l’on puisse avoir une stratégie ambitieuse et réaliste qui soutient nos industries.” A ses yeux, cette ambition “passe par l’investissement, l’innovation et l’adaptation, pas par la planification écologique.”