Après Belfius, ING ? L’étau se resserre sur Bruxelles

Le ministre bruxellois du Budget, Dirk De Smedt (Open Vld)- Credi : BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK
Baptiste Lambert

Après Belfius, la banque ING aurait décidé à son tour de rompre sa ligne de crédit avec la Région capitale. Le risque de shutdown dès le mois d’avril “est bien réel”, a insisté le ministre bruxellois du Budget ce matin sur La Première. Bruxelles est face à un mur : un milliard de liquidités pourrait s’envoler et aucun gouvernement de plein exercice pour en limiter l’impact. Entretemps, ING a nié avoir pris une décision définitive.

La nouvelle est tombée ce mercredi après-midi, confirmée par Belga. ING mettrait fin, le 31 décembre, à sa ligne de crédit de 500 millions d’euros accordée à la Région bruxelloise. Quelques jours plus tôt, Belfius annonçait déjà la fermeture de sa propre ligne de trésorerie du même montant. Résultat : un milliard d’euros de marge de manœuvre pourrait disparaître d’ici quelques semaines.

Ce n’est pas un détail”, martèle Dirk De Smedt (Open VLD). Le ministre bruxellois du Budget, en affaires courantes, y voit une alerte majeure. “Sans solution de remplacement adéquate, nous risquons une paralysie où la Région ne pourra plus honorer ses factures à temps.”

Le mot qui fâche : “shutdown”

Sur La Première, ce matin, le même ministre a franchi un cap sémantique : “Le risque de shutdown est réel.”

L’expression, empruntée au vocabulaire budgétaire américain, évoque la possibilité qu’un pouvoir public ne puisse plus assurer la continuité de ses services. Et dans le cas bruxellois, un calendrier précis est déjà sur la table : les premiers problèmes de liquidité pourraient surgir dès avril ou mai, au moment où tombent le pécule de vacances des fonctionnaires et les dotations aux communes.

L’administration bruxelloise a même préparé un scénario de crise : paiements différés, priorisation des intérêts, puis des salaires, puis des transferts aux organismes para-régionaux. Une mécanique d’urgence qui renvoie à des situations budgétaires extrêmes.

L’impasse politique est totale

Certains doutent que ce scénario se matérialise. Ils y voient une manœuvre politique pour mettre la pression sur les négociations.

Mais en finance, tout est une question de confiance. Et la banque Belfius, par sa décision, semble avoir provoqué une réaction en chaîne. “A Bruxelles, au mois d’avril, le paiement des fonctionnaires sera menacé“, a confirmé ce matin Georges-Louis Bouchez (MR), au micro de LN24, avant la décision d’ING.

Ce dernier est toujours enlisé dans ces négociations, avec un PS qui a décidé de claquer la porte et de s’en remettre au Parlement. L’Open Vld, du côté néerlandophone, ne veut se résoudre à lâcher la N-VA. L’impasse est totale. Les responsabilités immenses.

Une Région fragilisée

Le retrait coordonné de deux acteurs majeurs pose une question simple : pourquoi maintenant ?

Du côté de Belfius, la décision s’inscrit dans une stratégie annoncée depuis plusieurs années : réduire l’exposition aux pouvoirs publics, dans la perspective d’une éventuelle privatisation partielle et dans un contexte prudentiel plus exigeant.

La banque publique avait déjà envoyé plusieurs signaux, rappelant qu’elle ne pouvait plus assumer la charge financière d’une entité dont la dette régionale est passée de 6,4 milliards en 2016 à plus de 15 milliards aujourd’hui.

À présent, ING semble prendre la même direction, même si la Banque a démenti avoir pris une décision définitive. La pression est immense dans ce dossier.

Les banques ne font pas de politique. Elles comptent”, résumait récemment un haut fonctionnaire bruxellois pour Trends-Tendances, face aux accusations.

Et maintenant ?

Dans l’immédiat, Dirk De Smedt dit rencontrer quotidiennement banques et investisseurs pour rétablir une capacité de liquidité.

Mais aucune solution ne semble prête. Le gouvernement en affaires courantes a certes lancé une procédure pour identifier une nouvelle banque attitrée – sans garantie de succès.

À moyen terme, la seule issue semble passer par : un plan budgétaire pluriannuel crédible, une réduction du déficit structurel, une stabilisation politique rapide et un retour de la confiance des marchés.

C’est précisément ce que les banques attendent pour réévaluer leur position.

La double rupture de Belfius et ING serait un tournant. Jamais Bruxelles n’avait perdu en si peu de temps 1 milliard de facilités bancaires. Jamais non plus l’hypothèse d’une incapacité de paiement n’avait été formulée avec tant de clarté.

Pour Dirk De Smedt, le message doit réveiller la classe politique : “Il est impératif d’agir maintenant.”

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