Ask an expat: Les adresses de Joost Van Belleghem à Lisbonne
« Emmenez des bonnes chaussures. Mieux vaut ne pas se balader en tongs dans Lisbonne. Demander des adresses ? Pourquoi pas. Mais, en réalité, ce n’est pas la bonne façon de visiter cette ville. Le meilleur guide pour découvrir Lisbonne, c’est le hasard », selon Joost Van Belleghem.
Joost vit à Lisbonne depuis 2010. Son employeur y a des bureaux. « L’AESM est l’une des nombreuses agences européennes. L’Agence européenne pour la sécurité maritime informe sur l’activité maritime dans les eaux européennes. Notre mission consiste notamment à détecter les catastrophes environnementales ou, mieux encore, à essayer de les prévenir. Dans le cadre de la politique migratoire, l’AESM travaille également en étroite collaboration avec Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes. Pour faire court : ensemble, nous essayons d’empêcher que davantage de réfugiés ne perdent la vie dans la mer Méditerranée. Je travaille dans le soutien opérationnel. Je suis représentant au Portugal pour la Fondation Vlamingen in de Wereld (VIW). Nous accompagnons nos compatriotes expatriés et encourageons les contacts au travers de diverses initiatives. »
À peine en route, Van Belleghem se faufile dans un portail et s’engage dans un dédale de couloirs pour arriver sur une cour où il montre une fontaine presque cachée. « Bairro da Bica, le quartier du café », dit-il. Le lien avec le café ne saute pas aux yeux, mais Van Belleghem est déjà lancé. « Le café portugais n’a rien à voir avec l’eau sale que nous buvons en Belgique. Chez nous, un bica serait un moka ou un ristretto.
Le quartier ne doit pas son nom au café mais à la chafariz, qui signifie ‘fontaine d’eau potable’. Il existe des dizaines de fontaines de ce type dans la ville. Chaque quartier possède une chafariz comme celle-ci. Faisant autrefois office de lavoirs et de toilettes, ces fontaines étaient des lieux de rencontre. » « Le grand secret de Lisbonne, c’est l’eau. Il est dommage qu’elle soit si peu exploitée sur le plan touristique.
«Le grand secret de Lisbonne, c’est l’eau. Il est dommage qu’elle soit si peu exploitée sur le plan touristique»
L’Aqueduto das Águas Livres est un aqueduc du XVIIIe siècle, construit en 1752. L’itinéraire principal est long de 18 kilomètres mais, au total, le réseau s’étend sur près de 58 kilomètres. Toute l’eau des sources qui jaillissent dans les collines autour de Lisbonne, au nombre de cinq et non sept comme l’affirment les guides, s’écoule dans la ville par cet aqueduc. Toutes les fontaines de Lisbonne sont reliées à ce système de distribution d’eau. Si on ouvre un robinet en montagne, de l’eau potable pure sortira du robinet en ville. Ce système de distribution d’eau passe par des galeries et des couloirs souterrains. On peut le visiter une fois par an, mais c’est à peine s’il y a une annonce. Il s’agit pourtant d’une mine d’or touristique. Mais à Lisbonne, ils préfèrent imiter d’autres villes. C’est pourquoi des tuk-tuks sillonnent désormais dans la ville. On aura tout vu. » La dégradation touristique de Lisbonne est un cheval de bataille de Joost Van Belleghem. « Après l’Exposition universelle de 1998, la ville est passée en quelques années d’un demi-million à cinq millions de touristes par an. Les premières années après mon arrivée, Lisbonne avait un caractère bohème très attrayant. Mais son âme a disparu avec l’arrivée des touristes. Ce n’est pas la faute des touristes, mais plutôt de l’accueil que leur réservent les Portugais. S’ils semblent de prime abord dérouler le tapis rouge aux touristes, c’est de la pure hypocrisie. Et c’est pareil pour les expats. Je parle couramment le portugais, j’ai fait de mon mieux pour m’intégrer. Mais rien n’y fait, ils ne vous acceptent pas. Les amis portugais sont une denrée rare. » Ce n’est pas que Van Belleghem n’aime pas Lisbonne. Bien au contraire. « Mais pour trouver l’âme de Lisbonne, je m’enfonce de plus en plus profondément dans la ville. Loin des grandes rues, dans les quartiers où l’on peut encore se perdre. »
Le tram et le funiculaire vous emmènent sur les hauteurs. « Ah, l’Elevador da Bica. Quatre de ces funiculaires sont encore en service. Je trouve que celui-ci est le plus beau. Le tram 28 parcourt un itinéraire pittoresque qui traverse presque toute la ville. De Prazeres, le Père-Lachaise de Lisbonne, à Graça, le quartier situé sur la plus haute colline de Lisbonne Mais ces trams et ces ascenseurs sont les transports publics quotidiens de la population locale. Pour eux, ce n’est bien sûr pas agréable lorsqu’ils sont constamment bondés de touristes. C’est pourquoi la ville a introduit la version rouge du tram 28 en 1998. Le tram touristique. Sauf qu’un billet coûte 7 euros, alors que le même trajet coûte 80 centimes à bord du tram jaune. Ce qui ne fait que renforcer la popularité du tram 28 jaune. Tout le monde veut le prendre, y compris les touristes. Monter à bord est presque un exploit. Si vous y parvenez, c’est au prix de trois quarts d’heure d’attente. En tant que touriste, je prendrais le tram rouge. Vous payez 7 euros et vous êtes bien installé. »
« Les Portugais ont peu de moyens », admet Joost Van Belleghem. « Ils sont très attachés au paraître. Leur voiture est leur bien le plus précieux. Un symbole de statut. Mais la dette moyenne d’un ménage portugais est trois fois supérieure à son salaire mensuel. »
Joost Van Belleghem vit de l’autre côté du Tage. S’il le traverse en empruntant le Ponte 25 de Abril, en quelque sorte le Golden Gate Bridge de Lisbonne, pour se rendre au travail ? « Non, je prends le bateau. En voiture, le pont est embouteillé. Mais il est ingénieux. Ce pont a été érigé en trois ans, alors que les Portugais avaient passé cent ans à se demander comment traverser le fleuve. Et, qu’on le veuille ou non, le mérite revient à Salazar. » Il n’hésite pas à partager un avis à contre-courant. Van Belleghem défend António de Oliveira Salazar, Premier ministre autoritaire du Portugal entre 1932 et 1968. « Certes, c’était un dictateur et un fasciste. Mais aussi un professeur d’économie : en 50 ans, il a comblé le gouffre financier creusé par les Portugais pendant 500 ans. Car les voyages d’exploration et les colonies, ça coûte de l’argent. Salazar a remis le Portugal sur la carte économique et restauré son patrimoine. C’est à lui que le Portugal doit la restitution de sa gloire historique. Les monuments, les châteaux : s’il n’y en a pas, c’est que Salazar n’est pas passé par là. Il faut rendre à César ce qui appartient à César. »
LES ADRESSES DE JOOST VAN BELLEGHEM À LISBONNE
MANGER ET BOIRE
ELEVEN
Collaboration de 11 chefs.
restauranteleven.com
FORTALEZA DO GUINCHO
Sur un rocher à Cascais.
fortalezadoguincho.com
SACRAMENTO DO CHIADO
Dans les écuries du palais du XVIIIe siècle. L’intérieur fait penser à une église.
sacramentodochiado.com
CHAPITO
Dans une école de cirque, avec une belle vue sur la ville. Association contre l’exclusion sociale.
chapito.org
CARMO ROOFTOP
Le premier rooftop de Lisbonne,
au-dessus de l’ascenseur de San Justa.
carmorooftop.pt
SORTIES
RUA COR DE ROSA
et CAIS DO SODRÉ
Les rues roses. Cet ancien quartier des marins est aujourd’hui un quartier branché et animé, haut lieu de la vie nocturne. Dans les environs : boîtes de nuit dans les anciens entrepôts sur le quai.
DOCA’S
Restaurants, bars et cafés branchés dans les anciens docks et entrepôts
sur les rives du Tage, près du pont 25
de Abril.
CENA CON FADO
Au musée du fado. Le célèbre Club de Fado est à fuir.
MIRADOUROS
(TERRASSES ET BELVÉDÈRES)
ADAMASTOR
Belle vue sur le Tage et la statue de Neptune et de Bartholomeo Diaz qui a découvert le Cap de Bonne Espérance.
SANTA LUZIA
Derrière Se (la cathédrale), avec vue sur les toits de l’Alfama et le Tage. Joliment carrelé et couvert d’une tonnelle offrant un peu d’ombre.
GRAÇA
Vue sur le château et le centre-ville.
Café en plein air sous les arbres.
CULTURE
TEATRO DO BAIRRO
Une soirée au théâtre est une bonne activité touristique. Très accessible, même en portugais.
teatrodobairro.org
TEATRA DA TRINDADE
Comédie stand-up.
eatrotrindade.inatel.pt
COUVENT DANS CARMES
Théâtre et surtout vidéo mapping
dans/sur les ruines d’un couvent.
museuarqueologicodocarmo.pt
PILAR 7 EXPÉRIENCE
Tout sur le pont 25 de Abril
visitlisboa.com/de/setzt/
experiencia-pilar-7
MUSÉE DE L’AVIATION
Le Museo do Ar à Sintra expose plus
de 100 avions.
www.museudoar.pt
MAAT
Museu de Arte, Arquitetura e
Technologia dans une centrale
électrique belge.
www.maat.pt/pt
SHOPPING
ULYSSES
Petite ganterie datant de 1925.
www.luvariaulisses.com
AVENIDA DA LIBERDADE
L’avenue Louise de Lisbonne.
ARMAZENS CHIADO
Élégant centre commercial couvert.
www.armazensdochiado.com
CENTRO VASCA DA GAMA
Centre commercial à plusieurs étages sous une verrière en forme de bateau de croisière.
www.centrovascodagama.pt
COLOMBO
Près de l’Estádio da Luz de Benfica.
www.colombo
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