En quête de quiétude: Détente luxueuse dans le Sud-Tyrol
Luxury Style
détente luxueuse dans le Sud-Tyrol
Frénétiquement, nous parcourons le monde à la recherche de sérénité et de tranquillité. La journaliste Marlies Beckers a fait une tentative dans les complexes hôteliers les plus luxueuses du Sud-Tyrol, croisant sur son chemin des hirondelles et des lutins.
TEXTE / Marlies Beckers
« You can’t always get what you want, but if you try sometimes, you might find, you get what you need », chantait Mick Jagger en 1969. Des mots qui ont continué à résonner jusque dans ma génération, en partie grâce à la bande originale de la série Big Little Lies. C’est ainsi qu’à l’improviste, l’idée de liberté apparaît en force au-dessus de moi : des dizaines d’hirondelles dansent gracieusement sous les nuages, engagées dans une chorégraphie parfaitement exécutée avec les Dolomites en toile de fond. Le ballet aérien semble ne se jouer que pour moi. Je n’entends rien d’autre que le bruit de l’eau dans mes oreilles. En apesanteur, je flotte seule dans la piscine. Pendant ce temps, les enfants et leurs parents sont à table au restaurant de l’hôtel Schwarzschmied à Lana, dans le Sud-Tyrol, qui forme avec Trente la partie italienne du Tyrol. Et je me sens détendue pour la première fois depuis trois jours.
Le vrai luxe n’est pas dans les draps en coton égyptien, mais dans le fait d’être déchargé et d’avoir du temps.
Je suis justement ici depuis trois jours dans le but d’atteindre la pleine conscience. Une mission qui me convient parfaitement. Dans mon quotidien trépidant de journaliste culinaire freelance, je n’ai pas un moment de répit. Ce qui semble être un rêve pour beaucoup est devenu une réalité pour moi : ma vie professionnelle et ma vie privée s’entremêlent harmonieusement. Je suis payée pour vivre ma passion, enchaînant ainsi les voyages, les conversations passionnantes dans mon pays et à l’étranger, les découvertes de nouveaux restaurants et d’aliments étranges et les comptes-rendus racontant mes expériences. C’est formidable, et je n’échangerais ma vie pour rien au monde, mais il y a un inconvénient : ça ne s’arrête jamais.
C’est donc ravie que je me suis octroyée un moment de détente dans le Sud-Tyrol, la région qui combine le meilleur des deux mondes : les splendides montagnes autrichiennes et l’élégance et l’esthétique à l’italienne. Et les pâtes, bien sûr. Une mission taillée pour moi, que je pouvais à peu près caser dans le seul créneau libre de mon agenda.
Le vrai luxe, c’est d’avoir l’esprit léger
Le mercredi soir, j’atterrissais à Zaventem après un voyage culinaire de trois jours à Lisbonne, et le jeudi matin, je devais déjà embarquer pour Venise. À peine de retour sur la terre ferme, la carte d’embarquement pour le lendemain apparaissait déjà sur mon téléphone. Pour gagner quelques heures
de sommeil (commencer mon marathon de relaxation épuisée me semblait un peu ambitieux, même pour moi), j’ai joué la carte journalistique pour l’une des premières fois de ma vie. Pourquoi ne pas passer la nuit au Sheraton ? Situé à 39 pas de l’entrée du terminal, comme l’indique le site web. Quelle bonne idée ! Mon génie m’étonne parfois moi-même… Le sommeil est tellement sous-estimé, mais grâce à mon intelligent stratagème, j’ai gagné deux heures de doux rêves et je me suis surtout épargnée l’angoisse de ne pas entendre le réveil ou d’avoir un train en retard.
J’ai réalisé que le vrai luxe ne réside pas dans des draps en coton égyptien, mais dans la possibilité d’avoir du temps et l’esprit léger. Tout comme j’ai pu, plus tard, contourner une longue file d’attente aux contrôles de sécurité grâce à ma carte fastlane et profiter paisiblement du lounge de l’aéroport de Bruxelles. Il y avait un buffet à volonté et des toilettes séparées. Hallelujah ! Un peu plus de sérénité.
Le parfum de la nature
Au Vigilius Mountain Resort, ils vont encore plus loin. Ici, le wifi s’éteint invariablement à partir de 23 heures. Ce soir, pas de scrolling inutile sur le téléphone ou la tablette, mais un bain avec un bouquin. Mais ce qui frappe d’autant plus dans cet hôtel isolé dans les montagnes, c’est son odeur. L’architecte italien Mattheo Thun a habillé cet hôtel cinq étoiles unique en son genre de lattes en bois de pin. Pour des raisons esthétiques et olfactives, mais aussi parce que les lattes créent de l’ombre en été et retiennent la chaleur en hiver. La nature est mise en valeur de toutes les façons possibles. Il règne dans le restaurant, la bibliothèque et les chambres le parfum d’un bouquet coloré de fleurs alpines et de montagnes éternellement enneigées. Je ne réalise vraiment que je suis sur le toit du monde que lorsque je me retrouve plongée dans un jacuzzi fumant entouré de cimes de pins. Et malgré l’attrait de la salle de méditation avec vue sur les montagnes, je dois malheureusement déjà quitter ma luxueuse cabane dans les arbres pour redescendre vers la civilisation.
Je crois encore aux contes de fées
Mais pas avant de m’être essayée à un bain de forêt. Le guide Werner, un païen local en lederhose, parle avec passion et enthousiasme des trolls, des fées et des lutins et montre les herbes médicinales qui aident notamment à soulager les douleurs menstruelles ou la toux occasionnelle. Et alors que je pensais avoir tout entendu, il montre un arbre centenaire, rendu minuscule et follement entortillé par les radiations radioactives. Je me recule brusquement, mais les radiations se révèlent positives et contiennent l’énergie dont la terre a besoin. Lorsque, un peu perdue, je lui demande s’il croit vraiment aux lutins, il m’explique que tous ces personnages mythiques de contes de fées symbolisent des idées du bien et du mal, des normes et des valeurs. Quelques instants plus tard, il me suggère d’enfoncer ma tête dans le trou d’un tronc d’arbre. Je me demande ce qui me surprend le plus : que je m’exécute docilement ou que je m’y sente bien, dans cet arbre. Il y fait un peu humide et, une fois encore, l’odeur est agréable. Chaque son est étouffé, mais j’ai l’impression de ne pas être seule. C’est l’énergie que vous ressentez, dit Werner, votre énergie en relation avec la nature. Ou seraient-ce les lutins, finalement ?
Quelque peu confuse, mon cerveau est en pleine ébullition. Mon côté cérébral veut comprendre et lutte contre mon côté mystique. Enfin, je m’abandonne au cours de yoga de Villa Arnica, l’un des plus beaux boutiques-hôtels réservés aux adultes de la région. Le style éclectique des années 1970
de l’intérieur s’accorde parfaitement avec ce joyau architectural datant de 1925. Il a également tout d’une résidence d’artiste.
Ici, sur l’un des sièges en rotin du pool house ou sous un parasol aux rayures jaunes et blanches au milieu des pommiers, je me vois déjà écrire un chef-d’œuvre sans effort. Le studio de yoga est bien entendu tout aussi idyllique que le reste de l’hôtel : il se trouve sous une serre réfrigérée au milieu d’un potager luxuriant, car tous les plats sont préparés avec des légumes biologiques cultivés sur place.
Le quart d’heure sacré
Je cueille rapidement quelques framboises dodues et rougeâtres dans le buisson avant de monter dans la jeep de l’Apfelhotel. Sep, le propriétaire haut en couleurs, m’emmène à l’aventure dans son gigantesque verger de pommiers. Des pommes avec lesquelles il produit du jus de pomme, mais aussi du cidre. L’ancien chalet a été transformé en un complexe hôtelier de charme, entièrement intégré à la nature par le cabinet d’architecture Noah, comprenant un potager biologique et un espace de bien-être dans lequel on aurait bien envie de vivre. En haut, avec une vue à 360° sur les montagnes et un verger infini, un pique-nique m’attend, d’un charme inimaginable. Le Sud-Tyrol semble être l’une des régions les plus fertiles d’Europe. Outre une production fruitière florissante, on y trouve également des vins captivants. Je me surprends à retomber dans mes travers, je goûte et j’analyse. Même s’il ne m’en faut pas toujours autant, naturellement.
Du coin de l’œil, je remarque un homme qui gesticule dans ma direction. Je vois ses lèvres bouger, mais je n’entends rien. Je lève la tête et j’entends : « In fifteen minutes. Miss? The pool will close in fifteen minutes. » Quinze minutes, Marlies, ça ira ? Et voilà. « You can’t always get what you want, but if you try sometimes, you might find, you get what you need. » Et ça, ce n’est rien faire d’autre que d’observer les hirondelles pendant 15 minutes.
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