Tu as passé plus de journées chaudes que tu n’aurais
voulu dans le noir complet, enduré plus de vagues
de chaleur sans jamais enfiler de culotte courte, mais
aujourd’hui, tu t’es promené en rue en T-shirt
et tu as compté les libellules. Cela continue de n’être
pour toi rien de plus qu’une répétition générale
chaque chien qui aboie n’est qu’une simulation de chien
chaque printemps n’est qu’une tentative de printemps et
chaque humain n’est qu’une esquisse d’humain, un non-sens,
bien sûr, cette façon de mettre chaque moment dans
la balance, comme si tu ne pouvais presser les jumelles
contre tes globes oculaires qu’à l’envers, ne regarder
la vie qui se déroule devant tes pieds qu’à distance,
sans jamais vraiment pouvoir te trouver en son coeur.
N’oublie pas dans ce regard fixe: il te reste encore de
la latitude. N’oublie pas de choisir une direction, et n’oublie
pas ce que tu aurais pu faire de toutes ces journées que
tu as gaspillées à attendre que la vraie vie ne commence.