Pension

“I have never liked the word retirement”. Dixit Serena Williams dans sa déjà légendaire lettre ouverte parue dans le numéro d’août du magazine de mode Vogue. Personnellement, je ne trouve pas que le terme “retirement” soit si inapproprié. En revanche, “pension” sonne vieux, usé. Dans Vogue, la joueuse décrit le déchirement qu’elle éprouve à l’idée de raccrocher sa raquette. D’un côté, elle ne le souhaite pas mais de l’autre, elle ressent le besoin de nouveauté – un élargissement de sa famille, par exemple. Les chances sont grandes qu’elle opte par la suite pour l’industrie de la mode. En 2018 déjà, elle avait fondé son propre label “S by Serena”. Le fait qu’elle ait annoncé ses adieux à la compétition dans un magazine de mode et non dans un magazine sportif en dit long.

Le mariage entre mode et sport s’est souvent avéré une réussite. Lacoste était un joueur de tennis connu, tout comme Stan Smith avant qu’il ne donne son nom au sneaker le plus vendu au monde. Et qui lance, cet automne, une collection chez H&M? Jane Fonda, la reine de l’aérobic, qui, à 84 ans, ne veut pas entendre parler de “retraite”.

Elodie Ouedraogo, athlète olympique qui a fait la fierté de la Belgique en course de relais, a opté, après sa retraite sportive, pour une carrière dans la mode, fondant avec sa coéquipière Olivia Borlée le label UNRUN4254. Si elle admet se trouver dans un marché totalement saturé, elle persévère néanmoins. Car ce qui distingue les sportifs, c’est leur inlassable persévérance. Même si figurent également dans ce numéro des dieux moins sportifs construisant eux aussi leur avenir avec obstination. Quin Lewis est un diplomate travaillant au département d’État américain, qui, durant son temps libre, suit de près les tendances de la mode. Sur une seule jambe. Littéralement. Le chef Kobe Desramault a dit adieu à son statut d’étoilé belge pour partir se ressourcer en Sicile, tant sur le plan personnel que professionnel. Il y met sur pied un ambitieux projet et sent déjà monter la pression. Cette aptitude à vivre avec la pression constante de la performance, les athlètes de haut niveau l’ont aussi. Serena Williams affirme qu'”elle a joué les meilleurs matchs de sa vie en pensant aux critiques et à la négativité qui pouvaient parfois l’assaillir”. Elodie Ouedraogo, elle, se confronte surtout à l’écrasante responsabilité de la maternité. Et continue de se défaire de son stress par la course à pied, parcourant chaque jour d’été pas moins de 15 kilomètres avant même que n’ait débuté la journée. Pas mal pour une retraitée.