‘Faire un cocktail, c’est exactement comme de la chimie’
Matthias Soberon écrit des livres sur des romances adolescentes et tient un blog sur le gin et les cocktails. Une fascinante combinaison qui semble en outre fonctionner à merveille. Rencontre avec l’écrivain.
Matthias Soberon est déjà au Starbucks de Gand, sur la place du marché au Grain, avant l’heure convenue. “Je suis à mon poste, en haut à gauche!”, m’envoie-t-il juste avant que j’entre dans le café. Ce n’est pas une place choisie au hasard: c’est à cette table que le premier livre de Matthias, ‘Backstage’, a été créé, pour atterrir dans les rayons des magasins en juin 2016. En termes de symbolique, ce lieu ne déçoit pas.
Écrire, Matthias le fait en outre déjà depuis longtemps: ‘Quand j’étais adolescent, j’étais souvent très en colère envers le monde. J’avais énormément de mal avec l’injustice, la maltraitance des animaux, le racisme et l’homophobie. Ces sentiments, je devais m’en libérer par l’écriture et un blog m’a prodigué la plateforme que recherchais.”
Lorsque j’étais adolescent, j’étais souvent très en colère contre le monde
Pour beaucoup, c’est un choc, car les personnes qui connaissent Matthias – ou par extension le suivent sur les médias sociaux – voient surtout en lui un symbole de positivité inépuisable. Sur Twitter, il partage chaque jour un message encourageant pour remonter le moral de ses followers.
‘À un moment, j’ai délibérément décidé de transformer cette négativité en contre-mouvement. Vous ne pouvez pas rester en colère. Je voulais croire que je pouvais faire une différence et j’ai commencé par moi-même’. Là-dessus, Matthias a rapidement commencé l’écriture de textes plus aimants. ‘C’est rapidement devenu de la fiction, et c’est alors devenu hors de contrôle.’ (rit)
Plus un hobby
Mais en faisant de l’écriture son métier, Matthias perdait en même temps son principal hobby. L’écriture n’était plus quelque chose qu’il pouvait faire de manière informelle: maintenant, il y avait un éditeur et des échéances à respecter. C’est la raison pour laquelle il a réorganisé son blog en plateforme de critique de livres et d’échanges sur le gin et les cocktails. Il le fait sous le slogan approprié ‘books and booze‘. Chaque dimanche, vous y trouvez sans faute une review d’un nouveau gin, à chaque fois aussi audacieuse que critique.
“Je pense que j’ai quelque septante sortes de gin à la maison, dont la plus exclusive est un Liquid Gold de Blind Tiger”, raconte Matthias. Il préfère ne pas utiliser le mot hype, lorsque nous parlons de la renaissance du gin, “car une hype ne dure que deux ans et le gin est bien vivant depuis plus longtemps déjà.”
Un cocktail chaque jour
En janvier, Matthias a décidé d’également déverser son amour du gin et des cocktails dans un compte Instagram. Sur Served By Soberon, il publie quotidiennement un nouveau cocktail qu’il accompagne d’un mode d’emploi pour le préparer soi-même chez soi. Une formule qui a du succès, car le compte a déjà plus de 2.000 followers.
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“Ce compte Instagram engloutit chaque jour facilement une heure de mon temps. Pour mettre au point les recettes, je m’installe deux fois par semaine dans ma cave pour préparer des cocktails.” Voilà ce que Matthias en dit. ‘Faire des cocktails, c’est exactement comme de la chimie. Vous devez sélectionner les produits adéquats et mesurer les quantités avec précision. C’est un jeu tellement beau. Quand les boissons doivent être bues, je peux heureusement faire appel à des amis et des membres de la famille, car je n’aurais jamais le coeur de jeter un cocktail dans l’évier.”
Faire des cocktails, c’est exactement comme de la chimie. C’est un jeu tellement beau.
En écrivant sur les boissons alcoolisées, Matthias est également entré en contact avec la communauté du beverage blogging. ‘Des personnes me contactent maintenant de partout dans le monde et chacun désire apprendre des autres. L’impact de la culture sur les cocktails est un aspect que je trouve également fascinant. Dans certains pays, vous ne pouvez tout simplement pas acheter certaines boissons, et cela crée des opportunités. Une plateforme internationale comme Instagram se prête à la mise en commun de cette connaissance. Ce qui rend tout cela encore plus intéressant.”
‘Bon pour une fois’
Mais Matthias sait aussi qu’il n’est pas possible de décrocher le gros lot à chaque fois. “J’ai bien sûr déjà fait des choses dont je pensais: “Ok, c’est bon pour une seule fois.” Mais d’autres jours, je concocte quelque chose que je trouve sublime. Lors de la création de cocktails, vous ne devez pas nécessairement réinventer la roue à chaque fois.”
C’est une passion qui n’a pas rendu la vie de Matthias moins trépidante. En dehors de son métier d’écrivain, il est aussi très actif dans l’enseignement musical. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’homme est très occupé. “Mais je n’ai aucune pitié envers moi-même, c’est ce que je veux, donc je dois simplement le faire.”
Une année remplie à craquer de projets est tout de même assez épuisante. “Je remarque que je commence doucement à être à court d’énergie. Après mon premier livre, je n’ai pris qu’une semaine pour ne rien faire. Ensuite, j’ai immédiatement commencé à écrire une suite. Maintenant que mon deuxième livre ‘Worldwide’ se trouve dans les étalages des magasins depuis avril, je me suis résolu à ne pas commencer le livre suivant avant les vacances d’été. Je fais de mon mieux pour délimiter des moments pour, ensemble avec mon amie, ne faire absolument rien. Sinon je n’y parviens tout simplement pas.”
Un livre sur les alcools de la main de Matthias n’est donc pas pour tout de suite. “Je me perds très rapidement dans des projets et je dois faire attention à cela. C’est bon de s’occuper parfois de choses sans une échéance au-dessus de la tête, sans devoir faire mes preuves. Je désire surtout faire du Beverage blogging parce que j’en retire du plaisir.”
La sélection de Soberon
Gin-tip: ‘Blind Tiger Gin (Deluxe Distillery, Courtrai), leur Imperial Secrets, surtout, est un de mes plus grands favoris. Selon moi, il ne connaît pas d’égal lorsque l’on y ajoute du thé noir du Yunnan, du Cachemire et d’Assam.”
Cocktail Tip – The Last Word: un classique né à Detroit en 1916. Combinez 1 dose de gin, 1 dose de Chartreuse verte, 1 dose de liqueur de marasquin et une dose de jus de citron frais dans un shaker, remplissez celui-ci à 3/4 de glace et secouez vigoureusement pendant 15 secondes. Tamisez ensuite dans une coupe préalable réfrigérée.
Cocktail Tip – New York Sour: Une variante du classique Whisky Sour. Combinez 6 cl de Bourbon (ou Rye Whisky), 2cl de sirop de sucre, 3cl de jus de citron frais et 1 blanc d’oeuf dans un shaker, secouez d’abord énergiquement pendant 15 secondes sans glace (dry shake), ajoutez ensuite de la glace et secouez encore une fois pendant 15 secondes. Tamisez ensuite dans un verre tumbler rempli de glace. Ajoutez ensuite très délicatement 3cl de vin rouge (éventuellement via l’autre côté d’une cuillère à mélange). Ce vin rouge flottera entre le col de mousse et le bourbon. Une petite perle visuelle !
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