48 heures à Gand, belle et diverse
Green et opulente. Secrète et dynamique. Historique et contemporaine. Gand cultive de nombreux paradoxes qu’elle conjugue à merveille. Portrait sans filtre d’une ville étonnante, où l’on passe sans transition d’une abbaye cistercienne du 14e à un hôtel sans contact du 21e siècle.
Dormir dans un hôtel “sans contact”, peut-on rêver mieux dans les circonstances actuelles ? Toutefois, le couple d’entrepreneurs Caroline Delbecque et Nehme Darwiche aux manettes des établissements Heirloom n’a pas attendu le coronavirus pour faire l’impasse sur la traditionnelle réception. Leurs cinq hôtels, situés dans de superbes bâtiments historiques du centre de Gand, misent depuis 2016 sur l’hospitalité New Age : pas de réception physique mais tout le confort nécessaire et une présence virtuelle aussi réactive que serviable, par téléphone, SMS, WhatsApp et autres réseaux sociaux. Et ce, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Une semaine avant le séjour, on reçoit toutes les informations sur le fonctionnement de l’hôtel et, le jour même, le code de la porte d’entrée de l’établissement et de la chambre. Le check-in se fait en ligne et le check-out est automatique.
Une fois nos valises posées dans l’une des 19 chambres aménagées avec élégance de The Mansion, nous avons arpenté le temps d’un week-end l’étonnante ville de Gand. Entre deux visites, pour lesquelles nous avions pris soin de réserver au préalable nos tickets en ligne, le nombre de personnes présentes en même temps à l’intérieur des musées étant limité, nous avons goûté une expérience culinaire insolite autour du bol et de la cuillère chez San Gent.
OMG! Van Eyck was here
Au sud de la vieille ville, le quartier des arts porte bien son nom puisqu’il compte six musées, quatre théâtres, plusieurs écoles de musique et deux cinémas. Connu pour abriter le SMAK, le musée municipal d’art contemporain, et le MSK, le musée des beaux-arts, le Citadelpark, où jadis trônait une imposante citadelle, est l’un des nombreux espaces verts de la ville. Ici des écriteaux nous éclairent sur la richesse botanique du lieu, tandis que le kiosque octogonal apporte une note de poésie.
Un peu plus à l’ouest, le STAM, le musée de la ville, occupe le Bijlokesite, ancienne abbaye cistercienne du 14e siècle à laquelle s’adosse un édifice moderne tout en verre, créant un contraste très réussi. Malheureusement, le circuit permanent “Le récit de Gand” est fermé jusqu’au 9 octobre pour une mise à jour approfondie, mais nous avons visité deux très belles expositions temporaires : “Sous terre en ville”, consacrée aux sous-sols des villes et “Housing together”, dédiée à la manière de construire et d’habiter collectivement.
Les eaux de la Lys et de l’Escaut, qui ont fait la richesse de Gand, l’enlacent encore aujourd’hui. À leur confluent se trouve l’agréable port de plaisance Portus Ganda, où on peut amarrer pour se lancer à la découverte du centre bouillonnant de Gand. Un bâtiment Art déco tout proche abrite la piscine Van Eyck, la plus ancienne de Flandre. Et un peu plus loin on tombe sur le Krook, une bibliothèque de savoir et d’innovation, mais aussi un chef-d’oeuvre architectural qui combine l’acier et le verre.
La visite de la vieille ville est inoubliable, des façades à pinacles richement décorées aux venelles pleines de charme. Plus moderne, le musée du Design occupe l’ancien hôtel de Coninck, construit au 18e siècle. Ses élégants salons accueillent du mobilier, des tapisseries et des objets d’art. Dans le cadre de “OMG! Van Eyck was here” – renseignez-vous pour ne rien rater de l’année thématique consacrée à Van Eyck et prolongée jusqu’au printemps 2021 -, nous sommes allés contempler l’Agneau mystique dans la cathédrale Saint-Bavon, un joyau architectural qui allie plusieurs styles puisqu’il a été construit sans interruption pendant 500 ans jusqu’à son achèvement en 1569.
Vendredi, samedi et dimanche matin, les pavés de la place Bij Sint-Jacobs se couvrent d’objets en tous genres. L’ambiance populaire du marché aux puces attire en masse Gantois et touristes, qui se rassemblent dans les ruelles adjacentes à l’église romane Saint-Jacques. On a musardé entre les allées de vêtements, livres et vaisselle. Et on a dégoté un beau bol et une jolie tasse Boch made in Belgium. De quoi rendre un peu moins moroses les repas de l’automne qui pointe le bout de son nez.
Bols et cuillères
Capitale végétarienne de l’Europe – c’est Gand qui a instauré en 2009 la journée végétarienne “Donderdag Veggiedag” -, la ville est le fief de jeunes chefs rebelles. Nous avons jeté notre dévolu sur la cuisine élégante et durable de Joël Rammelsberg, aux commandes d’un concept bistronomique imaginé par Sang Hoon Degeimbre (L’Air du Temps** à Liernu). San Gent propose une gastronomie décontractée dans un cadré épuré. On y déguste dans des bols et à la cuillère des préparations à base de produits locaux – beaucoup de légumes mais pas que -, teintées d’influences internationales. Des plats dont les noms sont tenus secrets car, spécificité du lieu, la carte ne mentionne que les ingrédients.
Nous sommes également passés par le STAM Café, son toast avocat et sa merveilleuse terrasse, le Giri où on a siroté une coupe fleur, délicieux cocktail composé de cava et de roomeR – apéro made in Gand à base de fleurs de sureau -, Boon, un lunch bar végétarien en face du Château des Comtes, Epyphany’s Kitchen, une adresse végane recommandée par la créatrice de bijoux gantoise Christine Bekaert, Het moment où on a profité de l’instant présent dès le matin autour d’un café et d’un croissant, et Knol & Kool, un restaurant charmant au fond d’un magasin d’alimentation bio. Des moments délicieux, au propre comme au figuré, au coeur d’une ville qui l’est tout autant.
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