« S’inscrire volontairement dans une démarche de rapportage ESG reste avantageux pour les entreprises »
Pourquoi les PME ont tout intérêt à poursuivre la réduction de leurs émissions de CO2
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La Commission européenne a écouté les préoccupations du monde des affaires et va alléger une série de réglementations et lourdeurs administratives. Ainsi, les PME ne seront plus obligées de rendre compte de leurs efforts ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. « Si cette proposition est acceptée, la majorité des entreprises belges seront exemptées », explique Marc Callier, Head of Sustainability chez ING.
Cependant, avoir une stratégie ESG et suivre les résultats de ses actions reste une bonne idée. Sarah Struvay, d’Intraco Consulting, rappelle qu’il existe des méthodes simples pour y parvenir.
Comment la décision de la Commission européenne va-t-elle changer la vie des PME ?
Marc Callier : Afin de réduire la charge administrative et de renforcer la position concurrentielle de nos entreprises, la Commission européenne a décidé que le rapportage ESG obligatoire ne s’appliquera qu’aux grandes entreprises de plus de 1000 salariés. Pour les PME, il n’y aura donc plus d’obligation. Les objectifs climatiques européens restent cependant inchangés. Les PME auraient donc tort de considérer qu’elles ne doivent plus faire de démarches durables, car les grandes entreprises demanderont des données à leurs fournisseurs et partenaires. La norme de déclaration volontaire VSME aidera les PME dans cette démarche. Elle demande beaucoup moins d’efforts que l’obligation de rapportage CSRD.
Investir dans le développement durable reste donc pertinent pour les PME ?
Marc Callier : Absolument. Investir dans le développement durable permet de réaliser des économies. Les coûts énergétiques diminuent et l’entreprise utilise moins de matières premières. En abordant proactivement les questions ESG et l’impact de son entreprise, on pérennise son activité et on assure son attractivité auprès des investisseurs. Nous constatons que de plus en plus de critères ESG apparaissent dans les appels d’offres publics. Le rapportage facilite également l’accès à la finance durable et à des conditions de financement attractives.
Comment les PME peuvent-elles atteindre cet objectif sans trop de contraintes ?
Sarah Struvay : Chez Intraco, nous utilisons la méthode Bilan Carbone, ainsi que la méthode « Greenhouse Gas Protocol » pour sa vision internationale. Il y a plusieurs étapes à respecter. Il faut d’abord mettre en place un comité de pilotage cohérent, engagé et validé par un comité de direction au sein de l’entreprise. Ensuite, il faut définir le périmètre à analyser. Vient alors la phase de collecte des données, qui va déboucher sur un plan d’action avec des objectifs de réduction précis. Enfin, le rapport final doit être partagé en interne et externe. A chaque étape, la sensibilisation est cruciale pour atteindre les objectifs. Il faut également une cohérence et une homogénéité entre la stratégie du bilan carbone et la stratégie commerciale.
Il reste donc utile de quantifier ses émissions de CO2 pour mieux les réduire…
Sarah Struvay : C’est en effet important de commencer par quantifier, en distinguant les émissions directes de l’entreprise (le scope 1) des émissions indirectes (scopes 2 et 3). Le scope 2, ce sont les émissions indirectes liées à la consommation d’énergie, c’est-à-dire les achats d’énergie intermédiaire. Le scope 3 regroupe toutes les émissions indirectes, en amont comme en aval : achat de biens et services, voyages d’affaires, transport et utilisation des marchandises de l’entreprise etc. Une fois les données collectées, elles montreront un certain facteur d’émissions. Il s’agit par exemple de la quantité de CO2 émise pour brûler un litre de diesel ou émise par les centrales électriques quand elles produisent un Kwh d’électricité. Pour faciliter les comparaisons, on parlera d’équivalents CO2 car il y a beaucoup de types de gaz qui n’ont pas le même pouvoir de réchauffement.
Existe-t-il des solutions pour faciliter le travail de rapportage des PME ?
Marc Callier : Pour accompagner les PME dans ce travail simplifié, la fédération belge du secteur financier, Febelfin, travaille sur une plateforme numérique commune. Les entreprises pourront stocker leurs données une seule fois via cette plateforme, puis les partager, non seulement avec les banques affiliées, mais aussi avec d’autres parties prenantes. Ainsi, une PME n’aura plus besoin d’établir un rapport distinct pour chaque client ou partenaire. La plateforme est actuellement en cours de développement et sera déployée à grande échelle dès la fin de l’année.
