Rudy Aernoudt

Voitures électriques: un mauvais choix

Nous devons tous rouler à l’électrique. Ceux qui résistent sont sanctionnés fiscalement. Même les hybrides ne sont tolérées que dans la mesure où elles émettent peu de CO2. Mais ce que l’on oublie souvent, c’est qu’une voiture électrique est une batterie sur roues, que cette batterie est made in China, et peut-être pas si bonne pour l’homme et l’environnement.


L’industrie automobile est sous forte pression. Les Chinois, forts de leur longueur d’avance, inondent le marché. L’industrie automobile européenne, et surtout allemande, voit venir la tempête. Ses batteries, qui représentent 40% du coût de revient, sont achetées auprès de fabricants chinois.

CATL est l’épicentre de la production de batteries en Chine. Pas moins d’un tiers de toutes les batteries du monde sont produites par cette entreprise qui, à elle seule, produit 10 fois plus que toute la production européenne réunie. La Chine représente 77% de toute la production mondiale de batteries, l’Europe 3% et l’Amérique 15%. De plus CATL est parvenue à lancer sur le marché une batterie qui peut se recharger à toute vitesse : 520 km en 5 minutes ou 2,5 km par seconde ! Cette batterie sera installée sur 67 modèles électriques dès cette année.

L’Europe a subventionné le secteur à hauteur de 7,7 milliards d’euros au cours des sept dernières années. Une alliance des batteries a également été créée, forte de 440 acteurs prévoyant ensemble environ 100 milliards d’euros d’investissements, tant publics que privés. Tous les espoirs reposaient sur le suédois Northvolt. Lorsque les Américains ont promis 850 millions d’euros de subventions pour attirer l’entreprise aux États-Unis, les Allemands ont surenchéri en promettant 905 millions d’euros. En plus de cette course aux subventions, les grands acteurs du capital-risque ont aussi investi.

Arrêtons d’essayer d’influencer le libre marché

Pas moins de 15 milliards d’euros ont été injectés dans Northvolt. BMW, Volkswagen, Volvo, tous ont passé des commandes de plusieurs milliards, mais Northvolt n’a pu assurer ni la qualité ni les volumes. L’entreprise a enregistré une perte opérationnelle de plus d’un milliard et a donc fait faillite, tandis que le rêve européen de bâtir une gigantesque production de batteries a volé en éclats.

Peut-être dirons-nous dans 10 ans que ce n’était pas le meilleur choix politique…

Étant donné le climat géopolitique actuel défavorable au commerce international, les Chinois ont changé de cap et investissent massivement en Europe afin de desservir le marché “intérieur” à partir de là, sans être soumis aux droits d’importation : CATL construit en Hongrie la plus grande usine de batteries d’Europe, BYD y construit une immense usine automobile… L’Europe assiste à cela impuissante et a lancé une enquête sur les subventions d’État.

Le choix des voitures électriques est un cauchemar économique pour les constructeurs automobiles européens. Et le consommateur ne peut être convaincu de rouler en électrique que par des subventions – donc de l’argent public. Même pour l’environnement, l’impact n’est pas clair. Les voitures électriques émettent certes moins de CO2, mais les hybrides rechargeables, par exemple, émettent plus de particules fines que les voitures diesel en raison de leur poids plus élevé. Et pour dresser l’analyse coûts-bénéfices complète, il faut aussi cartographier l’impact des mines de cuivre sur l’écosystème chilien, l’impact humain des mines de cobalt au Congo, etc.

Pas sûr que l’impact sur l’économie, la planète et les personnes (profit, planet and people) soit si positif. Peut-être dirons-nous dans 10 ans que ce n’était pas le meilleur choix politique… Arrêtons donc d’essayer d’influencer le libre marché par des avantages fiscaux et des subventions.

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