Amid Faljaoui
Une Belgique qui attend, un Trump qui avance
Alors que la Belgique tergiverse, Trump prépare 2025 : droits de douane, protectionnisme et bras de fer commercial au programme.
Alors que la Belgique patiente encore pour la formation d’un gouvernement fédéral – et à plus forte raison bruxellois – Donald Trump, lui, ne perd pas de temps. Bien qu’il ne prendra officiellement ses fonctions de président qu’en janvier 2025, il a déjà nommé les membres de son gouvernement et fixé ses priorités. Hier, il a annoncé que dès son premier jour en poste, il imposera des droits de douane sur la Chine, le Canada et le Mexique. Quant à l’Europe, elle n’a pas encore été explicitement mentionnée, mais cela ne semble qu’une question de temps.
Le retour du protectionnisme ?
Cette annonce a immédiatement suscité un tollé, les commentateurs dénonçant un retour du protectionnisme. Pourtant, selon l’expert financier Marc Fiorentino, cette idée est trompeuse : le protectionnisme n’a jamais disparu. Il est en place depuis l’entrée de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001.
À l’époque, les dirigeants occidentaux avaient fait deux paris audacieux. Premièrement, ils pensaient que l’intégration de la Chine dans le commerce mondial affaiblirait progressivement le régime communiste chinois. Deuxièmement, ils espéraient que la Chine resterait « l’usine du monde » tandis que les pays occidentaux lui vendraient des produits sophistiqués comme les Airbus.
Un double pari perdu
Ces deux paris se sont révélés être des erreurs monumentales. Non seulement le régime communiste chinois n’est pas tombé, mais il est plus puissant que jamais. De plus, la stratégie chinoise a surpris : elle a exigé des entreprises occidentales qu’elles transfèrent leurs savoir-faire technologiques pour accéder à son marché.
Résultat ? La Chine ne se contente plus de produire des textiles à bas coût – bien que cela reste un secteur lucratif, comme le montre le succès fulgurant de plateformes comme Shein. Elle excelle désormais dans des industries de pointe : voitures électriques, panneaux solaires, batteries, TGV, et centrales nucléaires. Ces produits chinois surpassent souvent en qualité et en prix ceux des pays occidentaux.
Un pouvoir d’achat à quel prix ?
Certes, l’intégration de la Chine a permis de faire baisser les prix pendant 40 ans, ce qui a favorisé le pouvoir d’achat des consommateurs européens. Mais ce gain a eu un coût : une délocalisation massive de l’industrie européenne vers la Chine. En d’autres termes, cette amélioration apparente du pouvoir d’achat s’est traduite par une montée du chômage en Europe.
Aujourd’hui, ce n’est pas la Chine mais un allié occidental, les États-Unis, qui rappelle une dure réalité : le libre-échange reste un concept théorique. Dans la pratique, c’est le protectionnisme qui prédomine. Donald Trump, auteur de The Art of the Deal, semble prêt à appliquer une stratégie implacable : imposer des droits de douane, pousser ses partenaires à répliquer, pour ensuite renforcer ses barrières tarifaires et contraindre ses adversaires à négocier.
Si ce scénario se déroule comme prévu, les négociations de 2025 verront les États-Unis sortir gagnants de ce bras de fer. Le protectionnisme, loin d’être une anomalie, semble plus que jamais s’imposer comme une règle dans les relations commerciales internationales. Et vous, qu’en pensez-vous ?
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