Amid Faljaoui

Trump, la Silicon Valley et le visa des génies: la taxe de trop ?

Trump taxe le visa H-1B à 100.000 dollars par salarié étranger, transformant l’arme secrète de la Silicon Valley en produit de luxe. Une décision risquée pour la compétitivité américaine.

Ce n’est pas un slogan, mais une phrase de Michio Kaku, physicien star et vulgarisateur américain. Dans une vidéo redevenue virale ce week-end, il qualifie le visa H-1B “d’arme secrète de l’Amérique”. Grâce à lui, les États-Unis ont attiré les meilleurs cerveaux de la planète, transformés en innovateurs, entrepreneurs… et parfois en milliardaires.

Une surtaxe choc signée Trump

Mais depuis vendredi, cette arme est devenue beaucoup plus chère. Donald Trump a annoncé une taxe annuelle de 100.000 dollars par salarié étranger bénéficiant d’un visa H-1B. Officiellement, il s’agit de “protéger l’emploi américain”. Officieusement, le message électoral est limpide : séduire son socle nationaliste.

Le H-1B, c’est le passeport des ingénieurs de la tech, chercheurs, médecins, codeurs de haut vol. Chaque année, près de 400.000 demandes sont approuvées. Et selon Michio Kaku, la moitié des doctorants en sciences aux États-Unis sont… nés à l’étranger. Autrement dit, ce visa ne “vole” pas d’emplois : il en crée. Il compense un vivier local insuffisant, surtout dans les secteurs stratégiques.

« Avec cette taxe de 100.000 dollars, le visa H-1B devient un produit de luxe, réservé aux multinationales capables de se payer des cerveaux étrangers. »

Le paradoxe américain

Sans le H-1B, pas de Google (Sergey Brin, URSS), pas de Tesla (Elon Musk, Afrique du Sud), pas d’Intel (Andy Grove, Hongrie), pas de Yahoo (Jerry Yang, Taïwan), pas d’eBay (Pierre Omidyar, France/Iran). La preuve que le génie migre. Et que la force des États-Unis a toujours été de savoir l’attirer.

Un visa transformé en produit de luxe

Mais pour Trump, ce visa est devenu un outil de sous-traitance de l’intelligence. Sa surtaxe de 100.000 dollars le réserve désormais aux multinationales capables de payer leurs talents étrangers… comme des footballeurs stars. Son approche ? Une immigration économique au prix fort : 100.000 dollars pour un H-1B, 1 million pour une “gold card”, 2 millions pour un parrainage corporate. Message : les cerveaux étrangers sont toujours bienvenus… mais seulement à condition de passer à la caisse.

Problème : la guerre mondiale des talents ne s’arrête pas. Le Canada, le Royaume-Uni, l’Allemagne ou encore les Émirats déroulent le tapis rouge aux profils qualifiés. Tandis que les États-Unis ferment la porte, les autres l’ouvrent en grand.

Le risque du “brain drain inversé”

Les jeunes diplômés américains ne suffiront pas. Et les entreprises ne peuvent pas attendre qu’on forme localement les compétences manquantes, surtout en intelligence artificielle, biotechnologie ou cybersécurité. En rendant ce visa prohibitif, Trump ralentit l’innovation au moment où elle est cruciale.

Les États-Unis se sont toujours distingués par leur capacité à transformer des cerveaux venus d’ailleurs en innovations et en puissance économique.
En affaiblissant ce modèle, Trump prend le risque d’un affaiblissement durable.

Quel gâchis ! Un de plus. Hélas.

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