Quand Paris décide du coût du crédit en Belgique

© Getty Images
Amid Faljaoui

Je vais sans doute étonner une partie de mes lecteurs, mais savent-ils que leur crédit hypothécaire coûte aujourd’hui plus cher… à cause de la crise politique en France

On pourrait croire que ce sont les chiffres de votre salaire, l’état de votre épargne ou le prix de la maison qui décident de votre capacité à devenir propriétaire. En réalité, ces éléments comptent évidemment, mais ils ne suffisent plus. Aujourd’hui, le facteur déterminant, c’est le climat économique… et parfois politique, y compris à l’étranger.

C’est exactement ce qui se passe en ce mois de septembre 2025. Les taux d’intérêt des crédits hypothécaires repartent à la hausse, en Belgique comme ailleurs. Après un bref passage sous la barre des 3 %, les taux fixes sur 20 ans sont maintenant autour de 3,5 %, selon les données du courtier Immotheker Finotheker.

Et ce mouvement s’accélère. En cause ? Une remontée générale des taux longs sur les marchés financiers internationaux. Et parmi les raisons : la situation politique instable en France. Cela peut surprendre, mais comme le rappellent mes confrères de L’Écho, la démission de l’ancien Premier ministre François Bayrou a ravivé les tensions sur les marchés. Les investisseurs craignent une perte de contrôle des finances publiques françaises. Résultat : ils exigent des rendements plus élevés pour acheter des obligations d’État françaises.

Or, dans ce genre de configuration, les marchés ne s’arrêtent pas à la frontière franco-belge. Et donc, par contagion, la Belgique, souvent perçue comme “proche” de la France, voit aussi ses propres taux d’emprunt à long terme grimper. Notamment celui à 10 ans, qui sert directement de référence aux crédits hypothécaires. Il est passé de 3 % à 3,4 % en quelques jours, avant de redescendre légèrement à 3,2 %. Mais le mal est fait : les crédits hypothécaires deviennent plus chers.

Pour vous, futur acheteur, cela signifie une mensualité plus élevée. Un prêt de 250.000 euros sur 20 ans coûte aujourd’hui 55 euros de plus chaque mois qu’il y a un an. Et cela, sans que ni le bien, ni votre situation personnelle n’aient changé. Pour les jeunes ménages ou les emprunteurs modestes, c’est un frein réel.

À cela s’ajoute un autre problème : les prix de l’immobilier en Belgique repartent à la hausse (+5 % au premier semestre 2025). Vous l’aurez compris : les biens coûtent plus cher, l’argent coûte plus cher, et les banques sont plus prudentes. Autrement dit : les conditions pour acheter un bien immobilier ne cessent de se dégrader.

Certains se demandent alors s’il vaut mieux attendre. Espérer un retour à des taux plus bas. Mais selon les économistes de CBC et d’ING interrogés par mes confrères de L’Écho, le scénario d’une baisse prochaine est peu probable. La Banque centrale européenne semble avoir terminé son cycle de baisse des taux. L’inflation résiste. Et les marchés anticipent de nouvelles tensions, pas un retour au calme.

Dans ce contexte, mieux vaut opter pour un taux fixe, plutôt qu’un taux variable. Car si les taux doivent encore bouger, le plus grand risque est qu’ils montent encore un peu.

Cette situation illustre une leçon simple mais souvent oubliée : dans un monde interdépendant, même votre crédit immobilier peut être affecté par une crise politique dans un autre pays. En l’occurence, ici, la France. Et ça, ce n’est pas une théorie. C’est une réalité vécue, ce mois-ci, par des milliers de ménages belges.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire