Amid Faljaoui

Quand l’Europe du Nord patine et que le Sud fanfaronne

L’Europe est pleine de surprises. On s’attendait à ce que l’Allemagne continue de dominer, que la France ronronne et que l’Espagne traîne sa misère. Et pourtant… c’est l’inverse qui se produit.

L’Allemagne, cette machine industrielle autrefois inébranlable, est en panne. Et pas une petite panne, non, une vraie sortie de route. Troisième année de croissance négative en vue, des patrons qui descendent dans la rue – du jamais-vu –, une industrie qui voit son modèle exploser en plein vol entre crise énergétique et concurrence chinoise. Ce pays qu’on nous vendait comme un modèle indestructible vacille dangereusement.

Et la France ? Pas mieux. Pendant que l’Espagne baisse son chômage, Bernard Arnault revient des États-Unis avec une gueule de bois monumentale. Le patron de LVMH, premier de la classe du CAC 40, découvre qu’en France, on a eu la lumineuse idée d’augmenter de 40 % les impôts des entreprises qui produisent sur le sol national. Une superbe incitation à la délocalisation. Ironie du sort : le pays qui s’évertue à défendre sa « réindustrialisation » s’acharne sur ses industriels. Résultat ? Les patrons sont furieux, l’investissement hésite et l’ambiance devient électrique.

L’Espagne se marre

Et pendant ce temps-là, qui se marre ? L’Espagne. Oui, l’Espagne, cette élève dissipée qui a longtemps joué les cancres économiques. Chômage en chute libre, croissance proche de 3 %, industrie et agriculture qui redémarrent… L’élève redoublant de la crise de l’euro semble enfin avoir retenu la leçon. Les efforts douloureux des années 2010 paient, et Madrid commence à donner des leçons à ceux qui se moquaient d’elle.

L’Europe du Nord fatiguée, l’Europe du Sud en meilleure forme… Qui l’aurait cru ? On nous avait vendu un continent figé, avec une Allemagne toute-puissante et un Sud éternellement à la traîne. Mais la réalité est plus cruelle : ceux qui se croyaient intouchables découvrent la chute, et ceux qu’on croyait condamnés retrouvent des couleurs.

Moralité ? Rien n’est gravé dans le marbre. Et si l’Allemagne et la France continuent à s’enfoncer dans l’autosatisfaction ou les mauvais choix économiques, il n’est pas impossible que demain, ce soit le Sud qui donne le ton.

L’Europe va-t-elle se réveiller ?

Ah oui, dernier point provisoire. Mercredi, la commission européenne a dévoilé son grand plan d’attaque pour relancer l’économie européenne. Au menu ? Un choc de simplification (ah, celui-là, ça fait combien d’années qu’on nous le promet ?), des programmes d’investissement, des incitations à tout-va… Allez, on veut  encore y croire !

Make Europe Great Again!

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