Le patron de Telegram en garde à vue, les patrons des messageries  WhatsApp et de X tremblent

Après l’arrestation de Pavel Durov, le patron de la messagerie Telegram, Elon Musk ou Mark Zuckerberg hésiteront encore à venir poser les pieds en Europe de peur d’être aussi incarcérés par un juge d’instruction.

Pavel Durov, 39 ans, est multimilliardaire en dollars, a plusieurs nationalités, dont la nationalité française, russe, et émiratie. Il est le patron de Telegram, la messagerie cryptée bien connue des personnes qui veulent communiquer entre elles en toute confidentialité, car elles ne font même plus confiance à WhatsApp pour protéger à 100% leurs messages.

Et justement, c’est ce côté supposé inviolable ou presque en matière de secret qui a valu à Pavel Durov d’être arrêté samedi dernier à la sortie de son jet privé à l’aéroport du Bourget, près de Paris. Les juges d’instruction français ont eu la main lourde puisqu’on a appris que le fondateur de Telegram avait été mis en garde à vue à cause de 12 chefs d’accusation, dont le refus d’agir contre la diffusion de contenus criminels ou délictieux sur Telegram.

Depuis lors, Pavel Durov a été remis en liberté avec une caution de 5 millions d’euros  – soit de l’argent de poche pour lui – mais il devra se présenter au commissariat deux fois par semaine et il a l’interdiction de quitter le territoire français.  

Je vous parle de cet épisode de l’actualité financière et technologique, car c’est la première fois que des juges d’instruction osent s’attaquer directement au patron d’une messagerie qui a quand même 900 millions d’utilisateurs au niveau mondial. C’est évidemment un message plus que subliminal pour les autres patrons de messageries que sont Mark Zuckerberg avec WhatsApp ou Elon Musk avec sa messagerie X, le nouveau nom de Twitter. Les avocats de la liberté d’expression absolue disent déjà que c’est un scandale, qu’il s’agit d’un précédent dangereux à la liberté d’expression et qu’il faut plus se méfier des Etats que de messageries cryptées comme Telegram. D’autres diront, au contraire, que c’est normal, qu’il fallait enfin envoyer un message aux patrons de ces plateformes du Net pour leur indiquer qu’ils ne sont pas à l’abri de la prison en cas de non-respect des règles et notamment lorsqu’il y a un laisser-aller en matière de modération, ce qui fait évidemment les affaires de criminels.

De fait, il ne faut pas chercher très longtemps pour trouver sur Telegram des groupes de discussions dans lesquels on s’échange des astuces en matière de fraude à la carte bancaire ou pour trouver des rendez-vous tarifés avec des jeunes femmes ou encore pour trouver des forums de discussion sur les arnaques aux cryptomonnaies.  

Il est clair qu’après cette arrestation, Elon Musk ou Mark Zuckerberg hésiteront encore à venir poser les pieds en Europe de peur d’être aussi incarcérés par un juge d’instruction. Au fond, le débat sur l’anonymat est ouvert : accepteriez-vous que des personnes entièrement cagoulées se promènent dans nos rues en toute impunité ? Probablement que non, mais alors  pourquoi accepter dans la vie numérique ce qui est interdit dans la vie physique ? Les patrons des géants du Net devront répondre à cette autre question posée par la presse économique hexagonale : on peut sans doute, dans certains cas, être responsable mais pas coupable. Mais lorsqu’on est totalement irresponsable, n’est-on pas forcément coupable ? Et vous, vous en pensez quoi ?