Robert Van Apeldoorn

“Le manque de bornes de recharge en Wallonie, presque de la réticence, pire, de la négligence”

Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Le contraste entre le sud du pays et les régions et pays environnants en matière de réseaux de bornes de recharge devient de plus en plus gênant. Malgré de tardifs efforts.

Dans le monde de la voiture électrique, la Wallonie reste une île. Elle est entourée de régions et de pays à la pointe pour le développement de réseaux de bornes, rapides ou non, et très actifs pour encourager l’adoption de véhicules électriques. La Wallonie suit à (très) grande distance. C’est presque de la réticence ou, pire, de la négligence.

Notre confrère Le Soir nous apprend que la Wallonie est enfin presque parvenue à cartographier l’emplacement de 2.448 nouvelles bornes de recharge, sur un territoire encore très modérément équipé, et que des appels d’offres démarreront à l’été 2024. Et il faudra encore attendre l’installation des bornes. L’affaire est en route depuis 2021. On n’est plus à deux ou trois ans près…

Un fossé grandissant

Pendant ce temps, à Bruxelles, après un lent démarrage, plus de 2.500 bornes de recharge sont en service, le déploiement s’accélère, au travers de concessions attribuées par la Région. La Flandre compte plus de 20.000 bornes (1).

Cette progression lente du sud du pays est incompréhensible pour une région qui met en avant ses start-up, son goût de l’innovation, son ouverture. Certes, le parc-autos wallon est encore peu électrifié. Mais la région est une partie de la Belgique où sur les 6 premiers mois, plus de 16% des véhicules immatriculés étaient électriques. La fiscalité des voitures de société rend quasiment obligatoire l’auto à batterie commandée depuis juillet dernier. La demande de recharge augmente vite.

Par ailleurs, la Wallonie fait partie de l’Europe. Sa traversée est redoutée par nos voisins néerlandais, qui sont à la pointe de l’électrification, avec près de 400.000 autos à batteries dans le parc (vs plus de 100.000 en Belgique). Le Touring-Club de nos voisins, ANWB, parle de désert de bornes. Il faut voir les autos à plaques NL se bousculer, certains week-ends estivaux, à Wellin, à la station Ionity,  près de l’autoroute, où une oasis de 6 bornes ravitaille les vacanciers, avant la prochaine oasis au Luxembourg. Alors qu’en Flandre, en Allemagne ou en France, les stations d’autoroutes sont quasi toutes équipées, sous la pression des autorités politiques. L’impulsion est bien moindre en Wallonie, où, en privé, certains opérateurs de bornes rapides s’étonnent de la lenteur des décisions.

Surtaxer certaines électriques

Pour compléter le paysage, notons que l’exécutif régional n’a pas pu se mettre d’accord pour refondre la fiscalité des automobiles en fonction des émissions. Un compromis complexe a pu tout juste être dégagé pour une partie de cette fiscalité, la TMC (taxe de mise en circulation), à partir de 2025. Avec un résultat bizarre : la voiture électrique la plus vendue en Belgique et dans le monde, la Tesla Model Y, sera… surtaxée. La TMC passera de 61,5 à 1.404,5 euros. C’est l’effet d’un calcul où interviennent poids et puissance.  Allez comprendre : tous les pays voisins versent des primes pour encourager l’achat d’autos électriques, dont certaines Tesla. La Wallonie a choisi de prendre le chemin inverse.

C’est la même Région qui, en avril, faisait un appel pour que des fabricants de batteries viennent s’installer sur le territoire, ce qui est encore fort peu le cas. Les gigafactories préfèrent pour l’heure le nord de la France et l’Allemagne. Mais pourquoi venir s’installer dans une région qui se montre, dans sa politique, aussi réticente à la mobilité électrique ?

(1) Une borne compte généralement deux prises, ou points de charge.

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