Eddy Caekelberghs

Le climat, un droit!

Eddy Caekelberghs Journaliste à La Première (RTBF)

Va-t-on, après les (déjà) évidentes modifications climatiques, encore les nier, les toiser, les écarter? Il y a en outre urgence dans l’urgence: celle de ne pas décevoir.

Récemment, six jeunes Portugais ont saisi la justice pour obtenir des mesures renforcées en faveur du climat. En déposant une plainte devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), ils font le choix de placer l’exigence climatique au niveau des droits les plus sacrés de l’humanité. L’occasion de rappeler ici l’engagement de cette génération que l’on a tant brocardée (rappelez-vous les quolibets à propos de Greta Thunberg), cette génération que l’on a vue (avant le covid) dans nos rues crier qu’ils et elles “étaient chauds, chauds, plus chauds que le climat”! Va-t-on, après les (déjà) évidentes modifications climatiques, encore les nier, les toiser, les écarter?

Certes, comme le titrait le Courrier International du 27 septembre dernier, ces six jeunes Portugais sont l’incarnation de “David contre Goliath”. Ces jeunes sont pourtant notre fierté. “Ils s’appellent Catarina, Cláudia, Martim, Mariana, Sofia et André. […] Ces six jeunes Portugais, âgés de 11 à 24 ans, s’apprêtent à affronter les équipes juridiques de 32 Etats européens qui sont unies pour faire tomber leurs arguments dans cette première affaire climatique que la CEDH, à Strasbourg, a accepté d’instruire”, souligne Público, au Portugal. Gearóid Ó Cuinn, le directeur de l’ONG britannique qui les soutient, l’affirme: “Il s’agit véritablement d’une affaire sans précédent par son ampleur et ses conséquences”.

Et c’est cette jeunesse (celle dont nous percevons avec certitude qu’elle sera la première génération à vivre moins bien que nous) qui clame: Stop! nous vous accusons, vous le Portugal et 31 autres Etats (les 27 membres de l’Union européenne ainsi que la Russie, la Turquie, la Suisse, la Norvège et le Royaume-Uni) pour votre incapacité conjointe à réduire les émissions de gaz à effet de serre conformément à l’accord de Paris de 2015 sur le climat. C’est fort!

A Paris, “Libération” poursuit : “Deux de ces jeunes soulignent aussi que le dérèglement climatique engendre des tempêtes très puissantes en hiver et avancent que leur maison, située à Lisbonne à proximité de la mer, risque de subir les ravages de ces tempêtes. Les requérants affirment également éprouver de l’anxiété face à ces catastrophes naturelles et à la perspective de vivre dans un climat de plus en plus chaud. Enfin, étant donné que les enfants souffriront de manière disproportionnée des effets du changement climatique au cours de leur vie, ils revendiquent leur droit à la non-discrimination”.

Le quotidien français rappelle le caractère fondamental de cette action: “En Europe comme ailleurs, les tribunaux sont de plus en plus sollicités contre l’inaction climatique des gouvernements ou des entreprises. Plus de 2.341 contentieux ont été recensés dans le monde, rappelle la London School of Economics, dont plus des deux tiers depuis 2015. Et le lien avec les droits de l’homme a déjà été évoqué dans l’affaire Urgenda, lorsque la Cour suprême des Pays-Bas avait contraint, en 2019, l’Etat néerlandais à réduire ses émissions de CO2”.

Mais comme le concluait la Stampa en Italie, il y a urgence dans l’urgence: celle de ne pas décevoir! “Cette procédure aboutira peut-être à un arrêt qui sera un autre document de grande qualité soulignant la gravité et l’urgence de la situation. (…) Une nouvelle voix, cette fois-ci émanant d’une juridiction, avec les limites propres à toute décision judiciaire. Elle met à jour la méfiance vis-à-vis de la politique qui s’exprime à travers l’action en justice de la jeunesse portugaise”.

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