Amid Faljaoui

La mort programmée des SMS et la comtesse du Barry

Les SMS, c’est comme les dinosaures, ils vont finir par disparaitre. Et c’est le comportement de nos entreprises qui sera à l’origine de leur disparition.

Actuellement, on parle plutôt de déclin que de disparition des SMS. La société de consultance Jupiter a publié une étude, réalisée dans 60 pays, qui démontre que les opérateurs télécoms vont perdre 3 milliards de dollars avec ce déclin des SMS. La faute à qui? Pas tellement aux particuliers, car le déclin pour les particuliers avait déjà démarré avec l’arrivée de Facebook en 2004, comme le rappellent Les Echos. Dès cette époque, nous avons tous commencé à nous envoyer des messages par messageries interposées. Depuis, les SMS ne sont plus « payants » dans le sens où ils sont, depuis quelques années, disponibles gratuitement dans les forfaits mensuels. A l’inverse, les SMS à visée commerciale utilisés par les entreprises, eux,  se payent chers, très chers.

Mais voilà, les plateformes comme WhatsApp, Instagram et Messenger captent de plus en plus ces flux de messages. En plus, ces plateformes proposent le paiement intégré ou des chatbots, autrement dit des agents conversationnels dopés à l’intelligence artificielle. Des options qui plaisent aux entreprises qui ont quelque chose à vendre aux particuliers. Et donc, selon la société de consultance Jupiter, le nombre de messages envoyés par les entreprises à leurs clients via Messenger, WhatsApp et tous les autres va quadrupler d’ici 2028. Jupiter évalue même ce marché à quasi 10 milliards de dollars. Ces plateformes séduisent également  les entreprises pour la simple raison qu’elles nous hébergent gratuitement en contrepartie de l’historique de nos achats, de  notre parcours de navigation.  Bref, elles savent tout ou presque sur notre manière d’acheter sur le web.

Au final, ce sont les opérateurs télécoms qui vont perdre de l’argent avec ce déclin des SMS, mais c’est aussi la raison pour laquelle, en Europe, il y a une grosse discussion entre ces plateformes et les opérateurs télécoms pour savoir si les premières ne devraient pas payer l’usage des réseaux mis à disposition par les opérateurs télécoms. Pour le moment, chacun se regarde en chien de faïence et la commission européenne n’a pas encore réglé ce sujet épineux. Pendant ce temps-là, on a apprend que l’intelligence artificielle, via une filiale de Google, a réussi à dépasser en exactitude (pour la première fois dans l’histoire) les modèles de prévision météo à dix jours  et ce, en à peine une minute contre des heures de calcul effectués par des supers ordinateurs pour les méthodes plus classiques.

Malgré cela, je suis encore étonné que peu de gens parlent de l’intelligence artificielle au sein des entreprises. A croire que personne ne croit à ce tsunami, et que certaines vérités dérangent et qu’on préfère les mettre sous le tapis. Ca me fait penser à la phrase de la comtesse du Barry, l’ancienne maîtresse de Louis XV. Elle aurait demandé un ultime répit au bourreau Samson avant qu’il ne la guillotine. Au dernier moment, allongée sur la planche, Madame du Barry aurait dit « Encore un instant je vous prie Monsieur le Bourreau».

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