Amid Faljaoui
Et si le billet de 10 euros valait plus qu’un smartphone ?
Lors d’un blackout en Espagne, le cash a montré qu’il restait un filet de sécurité indispensable.
Pendant des années, on nous l’a martelé : le cash, c’est dépassé. Un truc de vieux, de fraudeurs, voire de terroristes. Place aux applis, aux QR codes, aux portefeuilles numériques. C’était moderne, fluide, propre. Et puis… il y a eu l’Espagne. Le 28 avril dernier.
Une panne géante d’électricité, dix heures de blackout par endroits. Résultat : plus de terminaux de paiement, plus d’Internet, plus de réseau. Les taxis Uber ? À l’arrêt. Les applis ? Inutilisables. Les distributeurs ? Hors service. La seule chose qui fonctionnait encore : quelques taxis traditionnels… qui prenaient nos bons vieux billets de 10 euros.
Vous l’avez senti, ce petit frisson dans le dos ? Moi, si, d’autant plus que j’étais en Espagne au moment de cette panne gigantesque ! C’est le moment où on redécouvre que le cash, ce n’est pas juste un vestige du passé : c’est un filet de sécurité. Une assurance-vie économique quand tout le reste plante.
Et ça ne s’arrête pas là. En Suède, en Norvège, ces pays Nordiques donc avancés et qui ont tout misé sur le numérique, on fait aujourd’hui machine arrière. Face à la menace russe de cyberattaques massives, les gouvernements recommandent désormais… de garder du cash à la maison. Oui, sérieusement. Comme on stocke des bougies ou de l’eau en cas de coup dur.
D’où ma question : Et si c’était eux les modernes, au fond ?
Simone Wapler, chroniqueuse boursière l’écrivait déjà, il y a plus de 10 ans, quand tout le monde riait : accuser le cash de financer le terrorisme, c’est disait-elle, comme accuser l’électricité d’alimenter leurs bombes, ou les autoroutes de faciliter leurs déplacements. Faut-il interdire l’électricité ? Fermer les routes ? Évidemment, non. Alors pourquoi diaboliser le seul moyen de paiement qui ne nécessite ni batterie, ni 4G, ni autorisation du cloud ?
Le cash, c’est un des derniers espaces de liberté. Il est anonyme, accessible à tous, sans condition de solvabilité ni surveillance. Il ne bugue pas. Il ne nous géolocalise pas. Il ne dépend pas d’une start-up américaine ou d’un serveur américain. Et surtout, il ne s’efface pas d’un clic.
En France, en Belgique, comme ailleurs, on ferait bien de s’en souvenir. Car quand la techno flanche – et elle flanchera, encore –les billets de banque retrouveront leur valeur… et ceux qui les auront gardés, garderont leur autonomie.
Et donc, oui, le progrès, ce n’est pas abandonner ce qui marche. C’est garder un plan B. Et le cash reste, quoi qu’on en dise, un sacré bon plan B.
Amid Faljaoui à Malaga
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