Carte blanche
Et si l’alternative au bon d’État n’était pas un placement à capital garanti ?
Il n’y a pas une institution financière qui ne batte pas la campagne en Belgique. Bon de caisse, compte à terme, Branche 21… Tous les moyens sont bons pour mettre la main sur les 22 milliards qui ont été rendus aux investisseurs belges ce 4 septembre. Au milieu de la bataille et compte tenu des conditions actuelles de marché, ne faudrait-il pas considérer autre chose qu’un placement à capital garanti?
Le succès phénoménal du bon d’État à un an émis par la Belgique en 2023 fut un événement financier totalement inédit. 22 milliards récoltés en quelques jours à peine… du jamais vu ou presque. La simplicité du produit, son rendement garanti et la fiscalité attractive qui y était assortie ont certainement contribué au succès de l’opération. Par ailleurs, à cette époque et depuis quasiment deux ans, les marchés boursiers traversaient une période difficile : de quoi convaincre les investisseurs frileux de se tourner massivement vers un actif peu risqué, d’ailleurs communément qualifié de « sans risque ».
Dans une période de forte inflation comme celle que nous connaissons actuellement, les bons d’État peuvent toutefois ne pas offrir des rendements suffisants pour compenser la hausse des prix. En d’autres termes, même si l’investisseur ne subit pas une perte nominale, son pouvoir d’achat s’érode avec le temps. Le bon d’État belge à un an de 2023, avec un rendement annuel de 2,81% dans une économie où l’inflation s’élevait à 3,2% sur la même période, entraîne une perte de pouvoir d’achat de 0,4% du montant investi. La kyrielle des alternatives proposées aux investisseurs (bons de caisse, comptes à terme, comptes épargne ou produits de la branche 21) partagent cet ADN commun: un capital garanti pour un rendement net légèrement supérieur à 2% par an. Comme pour le bon d’État, l’inflation est à peine couverte, conduisant à une érosion inexorable du capital des épargnants.
Pour un investisseur cherchant à faire croître efficacement son capital à long terme, avoir une part d’actions en portefeuille est quasiment une nécessité.
Corentin Scavée
co-fondateur d’Easyvest
Comment trouver une alternative qui offre du rendement sur le long terme tout en minimisant le risque ? Cette quête oblige l’investisseur à considérer un autre type de produit: les actions. Bien que plus volatiles, elles capturent la croissance économique et l’innovation des entreprises. Pour un investisseur cherchant à faire croître efficacement son capital à long terme, avoir une part d’actions en portefeuille est quasiment une nécessité.
Mais le défi est double: atteindre le bon équilibre entre actions et obligations d’une part, et choisir les bonnes actions et obligations de l’autre. Les ETF (Exchange Traded Funds), qui répliquent la performance d’indices de marché, permettent d’éviter ces choix cornéliens, souvent arbitraires et peu efficaces. En sélectionnant un ETF d’actions mondiales un ETF d’obligations de la zone euro, l’investisseur diversifie au maximum son portefeuille, l’ajuste très facilement à son appétit pour le risque (en investissant plus ou moins dans l’un ou l’autre ETF) et minimise les coûts. Construite pour le long terme, cette stratégie garantit aussi la tranquillité d’esprit pour l’investisseur. Elle peut être mise en œuvre simplement, seul ou avec l’aide d’un intermédiaire, mais toujours avec une certaine neutralité par rapport aux institutions financières elles-mêmes… Contrairement à un bon de caisse, un compte à terme ou à un compte-épargne, qui sont étroitement liés à l’institution qui les commercialise.
Bien sûr, les formules à capital garanti se justifient pour l’investisseur de court terme, lorsque le capital investi est destiné à un projet ou un besoin précis, proche dans le temps. Si l’horizon et le projet sont flous… alors la « garantie » perd son sens, quand elle ne dessert pas carrément l’investisseur.
Par Corentin Scavée, co-fondateur d’Easyvest
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