Amid Faljaoui
En pleine forme, l’or enchaîne les records historiques
Plus l’année avance, plus l’or semble s’imposer comme le placement de l’année. En effet, le métal jaune, surnommé la « relique barbare » par Keynes, l’un des plus grands économistes de tous les temps, continue d’enchaîner les records : plus de 37 records pour l’année 2024. C’est un chiffre impressionnant, et pour retrouver une performance similaire, il faut remonter à 1979, année au cours de laquelle l’or avait atteint 56 records.
Cette semaine, l’or a franchi le seuil des 2700 dollars l’once, soit une progression de 32 % depuis le début de l’année. Ce résultat est particulièrement frappant lorsque l’on compare son évolution avec celle des marchés boursiers. À titre d’exemple, l’indice S&P 500, qui reflète bien la bourse américaine, n’a progressé que de 25 %. Bien que cette performance soit remarquable, elle reste en deçà du parcours de l’or. En Europe, l’indice Euro Stoxx 600, également représentatif du marché boursier, n’affiche qu’une hausse de 10 % depuis le début de l’année. Autrement dit, pour l’heure, le métal jaune domine toutes les autres classes d’actifs.
Lorsque l’on est en tête, la question de la durabilité s’impose. Actuellement, les analystes qui suivent l’or restent optimistes, estimant que la hausse pourrait se poursuivre, avec un potentiel franchissement des 3000 dollars l’once. Plusieurs facteurs expliquent cette vigueur. Le premier est que l’or, qui ne génère ni intérêt ni dividende, bénéficie généralement des baisses de taux d’intérêt, comme c’est le cas actuellement en Europe et aux États-Unis.
L’or retrouve également son statut de valeur refuge face aux incertitudes mondiales. Les tensions géopolitiques, qu’il s’agisse des conflits en Ukraine, des troubles au Proche-Orient ou encore de la menace d’une invasion de Taïwan par la Chine, alimentent l’attrait pour l’or. De plus, certains investisseurs misent sur la dédollarisation : depuis la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie, plusieurs pays, dont la Chine, cherchent à réduire leur dépendance au dollar américain. Dans cette optique, leurs banques centrales diversifient leurs réserves en investissant davantage dans le métal jaune.
Ce contexte conduit également à des choix stratégiques parfois discutables. Une étude du cabinet EY montre que plus de la moitié des budgets de recherche de nouveaux gisements sont orientés vers l’or, alors que les métaux nécessaires à la transition énergétique, comme le cuivre, mériteraient davantage d’attention. Cela illustre bien une tendance générale à privilégier les gains à court terme, au détriment de perspectives de développement durable.
Comme le disait Bergman, « le bonheur, c’est une bonne santé et une mauvaise mémoire ».
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