Olivier Mouton

Wallonie: la mort souhaitable des réflexes socialistes

Olivier Mouton Chef news

Le bras de fer est entamé entre le gouvernement wallon MR-Engagés et les villes dominées par le PS. Après le refus des banques de prêter de l’argent à Liège, Charleroi ou Mons en raison de leurs finances désastreuses, l’équipe d’Adrien Dolimont (MR) prend le relais via le Centre régional d’aides aux communes (Crac) pour un montant de 235 millions d’euros. Mais en fixant des conditions : réduction de la taille des cabinets scabinaux, non-remplacement partiel du personnel ou fin de services gratuits… “La Région veut mettre les grandes villes à genoux”, clament les bourgmestres socialistes Willy Demeyer (Liège), Thomas Dermine (Charleroi) et Nicolas Martin (Mons).

C’est aussi un “jeu” politique. Les maïeurs socialistes sont conscients de la nécessité d’agir pour assainir, mais font porter le flambeau aux “méchants libéraux”. En s’en prenant aux édiles PS, les nouveaux maîtres de Namur prouvent leur volonté de rupture ramassée sous la forme d’un slogan: “la Wallonie n’est plus un Mister Cash”. Une certitude, il convient de trancher avec une pratique détestable du passé que Rik Van Cauwelaert, ancien rédacteur en chef de Knack et chroniqueur du Tijd, résume de la sorte : “Peut-être que Margaret Thatcher n’avait pas entièrement tort lorsqu’elle disait que les socialistes ont toujours des ennuis lorsque l’argent des autres est épuisé”.

La rupture avec le passé doit être la ligne de conduite de la Wallonie nouvelle mouture. Au-delà du slogan, la question reste toutefois posée de savoir comment obtenir les résultats attendus depuis des décennies. La polarisation est contre-productive si elle empêche de mettre tous les acteurs autour de la table ou si elle braque les uns et les autres, menant à des majorités communales avec les communistes ou à un gouvernement fédéral en état de mort clinique. Le risque, c’est l’inertie.

Les acteurs sociaux demandent, eux aussi, à être impliqués. Marie-Hélène Ska (CSC) affirme dans ce numéro qu’une vision ambitieuse doit être concertée pour la réindustrialisation. Le propos fait suite à la fermeture annoncée d’Audi Brussels, le 25 février 2025. Le nouveau CEO d’AKT for Wallonia, Frédéric Panier, invité de notre Trends Talk ce week-end sur Canal Z, acquiesce : il faut s’appuyer sur les forces vives. “La désindustrialisation a créé une image de l’entreprise, méchante, qui licencie, insistait-il récemment. Mais on se trompe. L’entreprise, c’est la solution pour redévelopper la Wallonie. Il faut tourner la page du passé. Les entreprises, c’est presque 180.000 emplois créés en 20 ans et plus de 40.000 depuis 2018.”

Rompre avec les réflexes socialistes, cela signifie libérer les acteurs des contraintes, les responsabiliser, les valoriser. Les entreprises montrent le chemin à suivre. La Sonaca noue un partenariat avec l’espagnole Aciturri pour créer l’avion décarboné de demain. John Cockerill et la FN dessinent les contours de l’énergie et de la défense futures en créant des “champions belgo-français”. Odoo et I-care partent à la conquête du monde avec leurs services aux entreprises. “Je ne crois pas que l’on doit soutenir les entreprises, nous disait Fabien Pinckaers, CEO d’Odoo. Le gouvernement doit se focaliser sur lui-même, simplifier les contraintes et les taxes, réduire ses coûts, etc. Les entrepreneurs sont des grands garçons, ils savent se gérer tout seuls et trouver des modèles qui fonctionnent.” Précision: quand son entreprise était fragile, il a reçu un soutien temporaire des pouvoirs publics. La vérité est, aussi, dans la nuance.

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