Olivier Mouton

Tenir bon! Ce doit être notre leitmotiv

Plus que jamais, en cette période de chamboulements tous azimuts, il est vital de garder le cap. Tenir bon face aux coups de boutoir de Donald Trump et aux polarisations stériles. À l’heure où toutes nos valeurs sont remises en cause par des discours tordant la vérité, le simple respect de la démocratie, le besoin d’une information vérifiée, ainsi que la vision à long terme en matière de compétitivité ou de lutte contre le changement climatique deviennent des actes de résistance.

“Qui aurait pu imaginer cela il y a six mois?”, nous demandait Marek Hudon, professeur à la Solvay Brussels Schools of Economics and Management, dans le podcast de Trends-Tendances. Sidéré, il estime que, derrière la guerre commerciale de Donald Trump ou les attaques contre la diversité au sein des entreprises, se cache une guerre culturelle ouverte, qui met en cause les normes régissant notre société. C’est comme si l’on sortait dans la rue et que personne ne veillait plus à ce que l’on respecte le code de la route ou le respect d’autrui. “Cela augmente l’anxiété”, dit-il. Avec cette question à la clé : alors que toutes les institutions sont malmenées, d’où viendra la révolte ?

Les marchés et le Fonds monétaire international (FMI) mènent la bataille. Le dérèglement de l’économie mondiale et la croissance revue à la baisse provoquent des chutes boursières et des mises en garde comme autant de rappels à l’ordre. “Si vous êtes une multinationale aujourd’hui, vous ne savez pas où vous devez vous fournir, sur quels marchés vous développer, tout est en pause, clame Pierre-Olivier Gourinchas, chief economist du FMI. Ramener de la stabilité, de la clarté et de la prédiction au système commercial est de la première importance.” Message entendu ?

La résistance doit venir d’Europe, avec une compétitivité à réinventer et des valeurs à défendre. Elle doit venir des entreprises, avec des marchés à diversifier et des valeurs intrinsèques à préserver. Si le travail de fond mené pour définir l’identité d’une société vaut plus qu’un slogan, il mérite que l’on se batte pour le préserver. La diversité, la durabilité ou la liberté sont des valeurs qui ne peuvent être balayées d’un revers de la main. La résistance doit aussi venir des universités, car les connaissances acquises au fil des ans ne sont pas négociables. Le combat de Harvard, qui reste debout face aux coupes budgétaires décidées par Trump, mérite d’être salué.

La diversité, la durabilité ou la liberté sont des valeurs qui ne peuvent être balayées d’un revers de la main.

Deux dates symboliques doivent nourrir ce combat. Le 1er mai, fête du travail, est l’occasion de saluer les acquis sociaux obtenus après la Seconde Guerre mondiale, mais aussi le combat à mener pour réformer notre système et préserver notre sécurité sociale. Le 9 mai, jour du 75e anniversaire de la déclaration de Robert Schuman, est là pour illustrer l’importance de la construction européenne et de la paix conquise de haute lutte. Ce même jour, le président russe Vladimir Poutine rêve de recevoir Donald Trump à Moscou à l’occasion du “jour de la Victoire” pour sceller un accord sur le dos des Ukrainiens. Le bras de fer entre les deux événements est lourd de sens.

Tenir bon ! Ce doit être notre leitmotiv, comme cela doit être celui des femmes et hommes d’État. La ministre fédérale Vanessa Matz nous expose ses combats, dont celui visant à mettre un terme à l’anonymat sur les réseaux sociaux et aux discours de haine. Cela lui a valu des menaces, concrètes. “Je ne me laisserai pas intimider”, nous dit-elle. Tout en plaidant pour le respect d’autrui et la concertation sociale. L’heure est à la résistance et à la nécessité de faire société face au chaos.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content