Olivier Mouton
Ouvrez grand les portes de la Wallonie et Bruxelles
Oui, la Flandre, Bruxelles et la Wallonie ont intérêt à renforcer leurs relations économiques. Dans ce numéro de Trends-Tendances, le patronat flamand répond positivement à la suggestion faite par le socialiste Thomas Dermine de développer un “nouveau partenariat avec la Flandre”. “Les deux Régions sont importantes l’une pour l’autre, il y a peu de discussion à ce sujet, acquiesce Bart Van Crayenevest, économiste en chef du Voka. Bruxelles et la Wallonie restent les principaux partenaires commerciaux de la Flandre, davantage que la France, les Pays-Bas ou l’Allemagne.”
Les prévisions 2024 montrent que l’économie belge reste résiliente par-delà les crises.
Le discours très “libéral” du socialiste carolo est-il représentatif au sein de son parti, dominé par les penchants “écosocialistes” du président Paul Magnette? “Le discours tenu par le PS et le PTB n’est pas positif à l’égard des multinationales et du commerce international”, déplore Bart Van Crayenevest. Or, “la prospérité flamande est en grande partie due à l’internationalisation de son économie”. Voilà l’enjeu posé pour le scrutin de juin 2024: la dérive à gauche de la Wallonie nuit à notre croissance collective. Pour tout dire, le Voka s’inquiète dans la même mesure de l’envolée de l’extrême droite dans les sondages au nord du pays. Ces replis sur soi sont néfastes pour notre économie.
La Flandre a beau jeu de se gargariser de son ouverture au monde, elle qui a largement profité de nos largesses pour développer les ports d’Anvers et de Zeebrugge, rappellent souvent les experts. Bruxelles doit composer avec un hinterland économique qui lui échappe et la Wallonie a dû se retrousser les manches pour développer les aéroports de Liège et Charleroi. Pour collaborer sereinement, les deux Régions devront éponger le passif du passé. Mais la nécessité de ce lien et de cette ouverture au monde ne fait pas l’ombre d’un doute. Politiquement, cela doit être une ligne directrice.
“La Wallonie est une économie ouverte, fortement intégrée dans les chaînes de valeur mondiales”, insistait Pascale Delcomminette, CEO de l’Agence wallonne à l’exportation (Awex), au lendemain de la crise du covid. Non sans avertir: “C’est une bonne chose pour sa prospérité et sa solidité, mais le revers de cette intégration pour la Région est que celle-ci est fortement vulnérable aux effets en cascade du fléchissement de l’activité économique internationale”. Or, les crises géopolitiques se multiplient comme autant de signaux d’alerte. Il faut rester vigilant.
Parmi les défis à relever par le sud du pays: la nécessité d’élargir la taille des entreprises, car “la Wallonie compte une forte concentration de très petites entreprises et un manque d’entreprises de taille moyenne à grande”, dixit Pascale Delcomminette. C’est l’éternel enjeu de la relance wallonne. Les portraits des cinq candidats au titre de Manager de l’Année, qui vous sont présentés dans cette édition, constituent autant de sources d’inspiration: grandir et s’ouvrir, c’est possible et souhaitable!
Les prévisions 2024 montrent que l’économie belge reste résiliente par-delà les crises: elle le doit au soutien à la croissance intérieure et à cette ouverture au monde. Attention toutefois à notre compétitivité: dans le rapport qu’il vient de publier, le Conseil central de l’économie met en garde contre l’impact de l’indexation automatique des salaires et le coût trop élevé de l’énergie. Autant d’obstacles potentiels à cette internationalisation. Autant de défis pour la prochaine législature et… une future coalition entre socialistes et nationalistes, que la N-VA appelle de ses vœux. Car c’est écrit: Flandre et Wallonie devront renouveler leur partenariat, mais dans la douleur.
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