Olivier Mouton

L’heure est grave et elle est surtout au changement

Olivier Mouton Chef news

Le numéro de Trends-Tendances que vous tenez entre vos mains est exceptionnel. Vingt-deux CEO de premier plan prennent la parole sans langue de bois, à quelques jours des élections du 9 juin. Ils expriment leurs préoccupations pour la Belgique et son économie, en appelant à une “révolution des mentalités”. Le fait qu’ils aient répondu de façon spontanée à notre interpellation est un signal fort: l’heure est grave!

Capitaines d’industrie et gérants de petites entreprises s’inquiètent de la montée des extrêmes dans les sondages et d’un risque réel de blocage du pays, à l’heure où les défis sont innombrables. De la transition environnementale au vieillissement de la population en passant par la fracture sociale, les besoins d’investissement seront dantesques ces prochaines années, alors que les budgets sont dans le rouge. Surtout, notre compétitivité est menacée par les coûts du travail et de l’énergie.

Alors, ne parlez pas de taxes à ces acteurs de l’économie! Ou plutôt, ne dites pas que la taxation des millionnaires est la réponse à tous les maux. Leurs plaidoyers pointent plutôt du doigt les lourdeurs administratives qui empêchent d’avancer, ces idéologies qui génèrent une “haine de l’entreprise privée” ou encore cette frilosité à prendre des risques. Il est encore question de l’incapacité à former des talents ou d’un manque de politique claire en matière énergétique. Le navire belge tangue, il risque le naufrage.

Une autre culture politique est ­nécessaire, faite d’une union autour d’objectifs communs.

“Le Titanic est en train de couler, mais on ­discute de la façon dont on met les transats sur le pont”, nous dit Fabrice Brion, CEO d’I-care. Comment ne pas lui donner raison? Cette campagne électorale a été morose, mais surtout consternante. La fébrilité des partis était palpable et les séquences pathétiques se sont multipliées, du décret Paysage dans l’enseignement supérieur à cette polémique sur le voile dans la fonction publique au cours de laquelle la gauche a accusé le MR de “racisme”, non sans mauvaise foi. Mais au secours… Où sont les femmes et les hommes d’Etat pour rappeler à l’ordre ces marchands de tapis ?

“Je suis très inquiète pour l’après 9 juin, nous confiait”, en début de semaine, une observatrice avisée du monde économique. En ajoutant: “Je pense que nous aurons besoin de patrons d’entreprise calmes et lucides pour faire face à la situation.” Un double message. En Flandre, le patronat devra être fort pour ne pas céder aux sirènes nationalistes si le Vlaams Belang et la N-VA obtiennent ensemble une majorité. En Wallonie et à Bruxelles, il faudra être solide pour surmonter la tempête de l’extrême gauche et d’une gauche tentée par le populisme. Partout, les acteurs économiques devront résister aux graines de la désunion et du communautarisme.

L’heure est grave et elle est surtout au changement. Une autre culture politique est nécessaire, faite d’une union autour d’objectifs communs. Une approche dynamique de l’économie s’impose, pour soutenir les acteurs dans un monde hyper-compétitif. La Belgique et l’Europe ont besoin d’une culture de la gagne. “Le problème de la Wallonie, ce sont les idéologies”, dénonce Eric Domb, CEO de Pairi Daiza. “Aux Etats-Unis, on vous dit en ­permanence que ce que vous faites est great ou amazing, illustre François Blondel, CEO de ­KitoZyme. Bien sûr, c’est excessif et c’est faux. Mais c’est dynamique, positif, constructif.”

Le rêve d’une Belgique fédérée autour du bien-être de ses habitants, du respect de la planète et de son économie en progrès doit être le ciment qui nous unit, au sein d’une Europe forte. Voilà l’enjeu de ces élections. Loin des querelles partisanes de bas étage.

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