Sebastien Buron
KBC, ses tarifs et l’arroseur arrosé
En augmentant les frais liés à l’utilisation de ses packs bancaires, KBC démontre une fois de plus que c’est le client-épargnant lui-même qui finance un meilleur taux pour ses économies.
Fini le compte à vue gratuit chez KBC. A partir du 1er juillet, le compte Base coûtera 2 euros par mois, sauf pour les clients de moins de 24 ans et ceux qui sont déjà titulaires d’un compte Plus. Mais ce dernier deviendra bientôt lui aussi plus cher, passant de 3,25 euros à 3,75 euros par mois, à partir du 1er avril.
Fidéliser au maximum
KBC se justifie en disant que “ces changements reflètent la hausse de l’inflation ainsi que les investissements continus de KBC dans l’innovation, la numérisation, la sécurisation et le suivi d’une réglementation complexe, en constante évolution”. Il est vrai que le bancassureur a systématiquement élargi son offre de possibilités pour les opérations bancaires du quotidien. Outre les fonctionnalités de base (carte de débit, retraits d’argent gratuits, virements instantanés, etc.), les clients ont également accès à une foule de services annexes au départ de l’application mobile (achat de billets de train, paiement d’un parking via 4411, possibilité de payer avec Apple Pay, commande de titres-services, article de presse gratuits, etc.), sans oublier un coffre-fort digital, les Kate Deals qui permettent d’obtenir des réductions auprès de certains commerçants ainsi que le service Goal Alert grâce auquel il est possible de revoir les buts de la Jupiler League sur son smartphone. Autant de services supplémentaires qui facilitent la vie du consommateur, histoire de le fidéliser au maximum, certains diront ligoter, pour ensuite lui imposer des hausses tarifaires.
Pas de miracle
Faire payer davantage le client n’est du reste pas nouveau. Et KBC n’est pas la première grande banque belge à rendre payant un service qui était gratuit auparavant. ING a par exemple rendu son très populaire Lion Account payant il y a deux ans déjà. Il faut bien en effet que les investissements dans le digital soient en partie compensés par des rentrées.
Toutefois, on ne peut s’empêcher de penser que si une banque comme KBC augmente aujourd’hui les frais de ses packs bancaires, ce n’est sans doute pas un hasard après le succès du bon d’Etat à un an émis en septembre par le gouvernement et le ministre des Finances Vincent Van Peteghem pour inciter les banques à relever les taux offerts sur leurs comptes d’épargne.
Au total chez KBC, ce sont pas moins de 5,7 milliards d’euros déposés sur les comptes d’épargne qui ont pris la direction du nouveau bon d’Etat. Une fuite de capitaux qui s’est traduite pour le groupe de l’avenue du Port par un manque à gagner d’environ 200 millions d’euros, la banque ayant relevé le taux de ses livrets d’épargne et temporairement aussi ceux de ses comptes à terme pour contrer l’offensive du gouvernement. Un manque à gagner probablement compensé en partie à présent par des frais plus élevés sur ses packs bancaires. Pas de miracle en finance, en effet. Il n’y a, rappelons-le, jamais de repas gratuit. Au final, comme il fallait s’y attendre, et n’en déplaise à notre grand argentier, c’est bel bien le client-épargnant lui-même qui quelque-part finance la meilleure rémunération de ses économies, chez KBC comme ailleurs dans d’autres banques. Bref, c’est l’arroseur arrosé.
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