Olivier Mouton

Il faut une thérapie de choc à la Belgique

Olivier Mouton Chef news

Il faut accélérer les réformes socio-économiques dans notre pays. Oser une thérapie de choc.

Simplifier les démarches administratives pour libérer les énergies des entreprises. Voilà au moins quelques enseignements à tirer rapidement, avec le courage nécessaire, du signal d’alarme lancé par les agences de notation au sujet de notre situation budgétaire. Au rythme actuel, la Belgique est très mal embarquée dans un contexte international explosif, avec un vieillissement de la population en phase d’accélération et des voyants orange vif pour notre compétitivité.

La dégradation de la note bruxelloise par l’agence budgétaire Standard & Poor’s, vendredi 13 juin, était attendue. La situation de la capitale est dramatique en raison de l’absence de gouvernement, de structures ankylosées et de dépenses deux fois plus élevées que les recettes. Il est urgent de se ressaisir. Au même moment, l’agence Fitch dégradait la notation de la Belgique de AA- à A+. Une demi-surprise : le Premier ministre, Bart De Wever, avait souligné la veille au Parlement la nécessité de presser le pas. Là aussi, un nouveau sursaut s’impose.

Les gouvernements au pied du mur

Les gouvernements sont au pied du mur. Au fédéral, en Wallonie et à la Fédération Wallonie-Bruxelles, des chantiers ont été entamés : chômage, pensions, statut des enseignants, simplification administrative… Mais cela tergiverse trop. Les craintes sociales freinent la dynamique. Quand ce ne sont pas les rouages grippés du processus de décision politique qui retardent la marche ou des postures politiques.

Même si on parle de changement, cela ronronne encore trop.

L’entrepreneur Marc Coucke et le président libéral Georges-Louis Bouchez ont fait le show lors de la Trends Summer University, le week-end dernier. Ils ont martelé cette nécessité d’accélérer le mouvement, de simplifier les procédures et d’encourager les investissements. “Le gouvernement ne fait rien”, a lancé le premier. “En Wallonie, nous menons à bien un choc de simplification administrative”, a rétorqué le second. Mais le problème, a-t-il reconnu, c’est qu’il y a trop de politiciens. Et tous veulent décider ou tirer la couverture à eux. Les ministres, eux, se font rapidement rattraper par le cours des choses : les discussions au Parlement, les plaintes des secteurs, la routine… Bref, même si on parle de changement, cela ronronne encore trop.

Peur de mettre le doigt où cela fait mal

Il reste une peur de mettre le doigt où cela fait mal. Prenez la réforme visant à limiter les allocations de chômage dans le temps. L’opposition lance des cris d’orfraie pour s’y opposer. Des reports ont déjà été annoncés pour répondre aux craintes des organismes d’emploi. Dans l’émission Trends Talk (Canal Z), Yvan Verougstraete, président des Engagés, insistait : “Nous ne laisserons pas tomber les exclus du chômage, il faut des moyens suffisants pour les CPAS, sinon, ce sera sans nous.”

Ainsi, ces accents de centre-gauche témoignent d’une volonté claire pour le parti de se démarquer du MR. Mais surtout, ils révèlent une crainte bien réelle sur le terrain : il pourrait être… impossible de réinsérer la majorité des 140.000 exclus. Autrement dit, réformer n’est pas aisé.

La situation préoccupante du pays est le fruit d’une trop longue attente à prendre le taureau par les cornes, surtout en Wallonie et à Bruxelles. Au-delà des beaux discours, le plus difficile consiste désormais à changer les mentalités, les habitudes et à… accepter que des acquis sociaux indéboulonnables seront remis en question. L’économie actuelle, sous pression du monde entier, est plus flexible, plus innovante, plus brutale aussi. On peut le regretter. Mais tant pour se relancer que pour réduire le gouffre budgétaire, on devra s’adapter à ce flux, se protéger ou mourir de mort lente.

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