Amid Faljaoui

Dissolution de l’assemblée en France: Jupiter a-t-il rendu fou Macron ?

Et si nous parlions de la France aujourd’hui ? C’est le pays le plus aimé des Belges et celui dont nous nous sentons le plus proche.

En général, la France, vraie monarchie à l’inverse de la Belgique qui, contrairement aux apparences, est en réalité une République, découvre ou plutôt redécouvre que son monarque peut parfois jouer l’avenir de son pays aux dés. C’est le sentiment qui se dégage auprès des observateurs les plus avisés. Jupiter, nous dit-on, rend fous ceux qu’il veut perdre. Peut-être que Jupiter a rendu fou le locataire du palais de l’Élysée. On le saura très vite grâce ou à cause des élections législatives anticipées.

Mais les marchés financiers, qui sont restés discrets jusqu’à présent, se rappellent au bon souvenir des citoyens français. Je rappelle que la note de la dette publique française avait été dégradée d’un cran par l’agence de notation S&P juste avant les élections européennes. À ce moment-là, ce camouflet était passé quasi inaperçu car les taux d’intérêt sur la dette publique française n’avaient pas bougé d’un iota. Mais cela, c’était avant que le président Macron ne décide, suite aux résultats calamiteux des élections européennes, de dissoudre par surprise l’Assemblée nationale.

Depuis lors, les marchés financiers ont ouvert un œil puis le second. Cela s’est traduit par une hausse de l’écart de taux entre l’Allemagne et la France. Les financiers appellent cet écart un “spread”. C’est plus chic, mais cet écart, lorsqu’il s’élargit, n’est pas bon signe. La mécanique est simple à comprendre : le meilleur élève sur le plan économique européen, c’est l’Allemagne, affublée d’un taux d’intérêt faible. Jusqu’à présent, par complaisance sans doute, la France, pourtant mal gérée sur le plan de ses finances publiques, bénéficiait d’un taux quasi équivalent à celui de l’Allemagne.

Mais voilà, depuis ce lundi, cet écart de taux d’intérêt s’élargit. Cela signifie que les marchés financiers commencent à se méfier de la qualité de la dette publique française et réclament une rémunération plus forte pour compenser les risques. Les risques sont simples : les investisseurs qui détiennent la dette publique française savent lire et compter et ils ont peur de voir le RN arriver au pouvoir avec un programme économique qui va encore plus creuser les déficits budgétaires. Pour séduire ses électeurs à coups de promesses, le RN propose des mesures qui coûteraient 100 milliards d’euros de plus aux finances publiques françaises, selon l’Institut Molinari.

Comment va-t-on les financer ? Mystère et boule de gomme, bien sûr. Pour le moment, l’écart des taux avec l’Allemagne reste raisonnable, sans doute parce que les marchés financiers sont myopes et ne connaissent pas encore bien les subtilités des élections françaises. Mais cette myopie, de l’avis même des observateurs, va s’estomper au fil du temps. Les Français qui ont voté RN découvriront que leur vote a été confisqué par les marchés financiers, que les vrais patrons ne sont pas les électeurs, ni les politiques auxquels ils ont fait confiance, mais les détenteurs de la dette publique française.

Certains d’entre eux vivent aux États-Unis, au Japon, en Chine ou au Qatar. Je ne cite pas ces pays par hasard, car ils font partie des pays qui détiennent la dette publique française. Si le RN arrive au gouvernement demain avec un programme infinançable, ces mêmes investisseurs étrangers siffleront la fin de la récréation avec une arme nucléaire très simple : l’arme des taux d’intérêt. Si ces derniers grimpent, Jordan Bardella et Marine Le Pen perdront leur sourire et devront faire l’inverse de ce qu’ils ont promis à leurs électeurs.

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