Bruno Colmant
Un jour, il faudra vraiment réformer le système des pensions
D’ici quelques décennies, le coût du vieillissement de la population pourrait représenter près d’un tiers du PIB. Face à cette réalité, des réformes majeures, bien au-delà des simples ajustements récents, seront indispensables.
En Belgique, notre système de pensions repose sur la répartition. Cela signifie que les travailleurs en activité financent légitimement les retraites des aînés par leurs cotisations. Ce système, ancré dans la solidarité intergénérationnelle, reconnaît et récompense tous ceux qui ont contribué au développement du pays.
Cependant, ce modèle est soutenable – je devrais écrire autoporté – uniquement lorsque la démographie et la natalité sont robustes. Actuellement, nous faisons face à une croissance démographique ralentie et à une augmentation du nombre de retraités émanant baby-boom dont l’espérance de vie s’allonge, ce dont il faut être heureux. Ce double phénomène met malheureusement notre système de pensions sous pression.
Pourtant, je reste convaincu de l’importance fondamentale des pensions dans notre État social. La complexité réside dans la confrontation entre droits individuels et responsabilité collective. Il pourrait être nécessaire de repenser le lien entre pensions et cotisations. Progressivement, nous pourrions évoluer vers une allocation universelle pour les retraites, où chaque personne recevrait un montant de base, modulé ensuite selon d’autres revenus.
N’oublions pas la réalité alarmante : près de 40 % des pensionnés sont proches ou sous le seuil de pauvreté, une situation qui cache des inégalités flagrantes entre hommes et femmes.
Une proposition radicale serait d’aligner les pensions sur les revenus imposables globalisés d’un individu, modulant ainsi les pensions selon d’autres sources de revenus. Une telle réforme impliquerait de fusionner fiscalité et parafiscalité, un bouleversement majeur de notre système actuel.
Il est évident que réformer la sécurité sociale nécessite une réforme fiscale concomitante. Tout changement doit toutefois renforcer les bases du système actuel, respecter les droits acquis et s’appuyer sur un large consensus. La solidarité, pierre angulaire de notre État social, doit demeurer au cœur de toute réforme.
Un jour, nous arriverons à la situation que je préconise, parce qu’il est indispensable d’apporter des idées nouvelles, mais surtout de respecter et d’amplifier la solidarité sociale.
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