Le dollar a perdu plus de 10 % en six mois. C’est énorme. Une chute qu’on n’avait plus vue depuis 1973, quand le dollar avait abandonné toute référence à l’or.
Cette baisse n’est pas un accident. Elle est largement voulue par Washington. Derrière, il y a un raisonnement basique à la Trump mais politiquement efficace : si le dollar baisse, les produits américains deviennent moins chers, donc plus faciles à vendre à l’étranger. Et donc, le déficit commercial diminue.
C’est bien la vision de Donald Trump. Simple, directe, et à court terme.
Mais, pendant que le dollar s’effondre, les marchés boursiers américains, eux, flambent. Le Nasdaq et le S&P 500 sont en hausse. Sauf que… pour les investisseurs étrangers, ces gains ne se traduisent pas dans leur monnaie. Un Européen qui a investi sur Wall Street cette année perd autour de 7,5 % une fois tout reconverti.
D’où ma première conclusion : “On nous vend du rêve américain… mais livré en monnaie de singe.”
En parallèle, l’euro monte. Il dépasse les 1,18 dollars. Certains le voient déjà franchir les 1,20 dollar. Sur le papier, c’est une bonne nouvelle. On paie notre énergie en dollars. Donc plus l’euro est fort, moins notre facture est salée. Moins d’inflation équivaut aussi à plus de respiration pour le pouvoir d’achat des ménages.
Mais, ce serait une erreur de s’en réjouir trop vite. Car une économie comme la nôtre, qui repose beaucoup sur ses exportations industrielles, n’a pas besoin d’un euro fort. Elle a besoin d’un euro stable. Un euro trop haut, c’est des Airbus, des machines-outils ou des cosmétiques (LVMH) plus chers à l’étranger. Et donc, moins de ventes, moins d’exportations.
D’où ma deuxième conclusion : “Un euro trop fort, c’est comme un costume trop ajusté : c’est flatteur, mais inconfortable pour travailler.”
Et puis, ne nous y trompons pas : si l’euro grimpe, ce n’est pas parce que tout va bien ici. C’est surtout parce que le dollar inquiète. Ou que le yuan ralentit. Ce n’est pas la force de l’Europe, c’est la faiblesse des autres.
L’euro ne devient pas pour autant une vraie monnaie internationale. Il reste une belle idée… mais pas encore un outil dominant sinon comment expliquer que dans les réserves des banques centrales mondiales, l’or figure en deuxième place avant… l’euro ?
Et d’où ma troisième conclusion : “L’euro se tient droit si je puis filer une métaphore… mais ce n’est pas lui qui porte le monde sur ses épaules.” Et pendant ce temps, la BCE regarde ça de près. Car si l’euro continue de grimper, elle pourrait devoir réagir. Baisser les taux à nouveau ? Peut-être. Mais ce serait aussi un signal clair que la reprise reste fragile. Alors oui, on respire avec un euro fort. Mais on ne court pas avec. Surtout quand le terrain reste glissant.