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TikTok et la crétinisation volontaire de la jeunesse occidentale

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

C’est la bonne nouvelle de la semaine : TikTok, l’appli mondialement connue, va désormais limiter le temps quotidien d’exposition des jeunes de moins de 18 ans en Occident à 60 minutes maximum.

Il était temps. Comme vous avez sans doute pu le constater vous-même, il est très difficile de décrocher de ce flux incessant de vidéos qui s’adaptent sans cesse à nos goûts personnels. Le résultat de cette addiction a d’ailleurs été mesuré par un rapport de Sensor Tower publié par Bloomberg : le temps moyen passé par jour sur TikTok est de 95 minutes, contre 74 minutes pour YouTube, 51 minutes pour Instagram et 49 minutes pour Meta (Facebook).

Vous vous en doutez, cette personnalisation à outrance de ce flux de vidéos permet à TikTok de vendre de la publicité ciblée par tonnes aux annonceurs (c’est d’ailleurs l’unique source de revenus de TikTok). Comme vous le savez sans doute aussi, cette appli appartient à une société chinoise ByteDance. Cette appartenance pose problème aux différents gouvernements occidentaux qui essaient, depuis plusieurs mois, de la bannir d’une manière ou d’une autre de leur pays. Ces gouvernements ont peur que derrière cette appli, il y ait la main du gouvernement chinois et un siphonnage monstrueux de données numériques parfois sensibles. Bref, derrière l’appli sympa, il y a le danger d’espionnage ou de manipulation des foules.

Crétiniser notre jeunesse via le soft power

C’est là où l’on en arrive à l’autre motivation qui a poussé la direction de TikTok a se montrer conciliante et à propose d’elle-même le temps d’exposition des jeunes à son appli. Les dirigeants de TikTok savent qu’ils sont accusés de crétiniser notre jeunesse via le soft power d’une puissance étrangère, en l’occurrence, la Chine. Si vous avez des doutes, retrouvez les propos de Tristan Harris auprès de la chaine d’information américaine CBS. Tristan Harris est un ancien ingénieur de Google qui a décidé de consacrer le reste de sa vie à fustiger les méfaits cachés des réseaux sociaux. Cet expert en addiction nous dit que la version TikTok pour la Chine est très différente de celle disponible en Occident. « En Chine, si vous avez moins de 14 ans, ils vous montrent des expériences scientifiques, des visites de musées ou des vidéos patriotiques ou éducatives, et ils limitent le temps d’exposition à 40 minutes par jour ». Et je cite à nouveau Tristan Harris : ils ne diffusent pas cette version de TikTok au reste du monde, car ils savent que la technologie influence le développement des jeunes. Pour le marché chinois, ils vendent une forme appauvrie tandis qu’ils exportent de l’opium au reste du monde ».

Une arme de destruction massive de notre démocratie

C’est important d’évoquer ceci, car Tristan Harri fait aussi référence à des études en Chine et aux USA qui ont cherché à savoir auprès des jeunes ce qu’ils veulent faire plus tard. Le résultat est net et clair : les Chinois veulent être astronautes et les Américains veulent être… influenceurs ! Pour être juste, je m’en voudrais de fustiger TikTok uniquement parce que son propriétaire est chinois. Les médias devraient aussi davantage se pencher sur des jeux aussi addictifs que Roblox alors qu’ils appartiennent à des sociétés bien occidentales. Je me pose aussi la question de savoir si cette économie de l’attention – (dénommée ainsi, car les détenteurs de ces applis vendent notre attention aux annonceurs) n’est pas, en soi, une arme de destruction massive de notre démocratie ?

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