Amid Faljaoui

Threads vs Twitter, le duel pour notre temps de cerveau

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Mark Zuckerberg et Elon Musk ne s’aiment pas. Ils en sont même venus à se menacer mutuellement de régler leur différend à mains nues.

Finalement, le combat n’aura pas lieu physiquement, mais par réseaux sociaux interposés. En effet, Mark Zuckerberg a profité des critiques lancées à l’encontre de Twitter depuis son rachat par Elon Musk, pour lancer Threads, une alternative à Twitter dont le nom peut traduire en français par le mot « fil », comme fil d’informations. Threads est un véritable clone de Twitter et son succès est fulgurant : en quelques jours, il y a déjà plus de 100 millions d’inscrits.

Il faut dire que le patron de Meta a joué sur du velours. Comme vous le savez, le groupe Meta regroupe à la fois Facebook, Instagram et Whatsapp. Pour ne pas réinventer l’eau chaude, non seulement Meta a littéralement copié les principales fonctions de Twitter, mais s’est basé sur les 2 milliards d’utilisateurs d’Instagram en leur permettant d’utiliser leur identifiant pour créer en quelques secondes un compte sur Threads. En fait, les internautes concernés par ces changements ont donc aujourd’hui le choix : rester sur Twitter et subir les caprices d’Elon Musk ou aller sur Threads et renforcer encore plus le pouvoir de Mark Zuckerberg sur les réseaux sociaux. Le choix n’est pas terrible, sauf peut-être pour les annonceurs qui en ont marre des frasques d’Elon Musk et qui ont compris qu’il y avait désormais une alternative à Twitter. Ce qui rendra encore plus difficile le fait de vendre des pubs sur Twitter.

Cette initiative de Meta est à suivre de près, car à part TikTok et Snapchat, deux vrais succès que n’a pas vus venir Mark Zuckerberg, jusqu’à présent, aucun autre réseau social n’a pu éclore et grandir durablement à l’ombre de Meta. Toutes les autres tentatives ont été des échecs, ce qui en soi est un souci en termes de liberté de choix. Donc, si Threads continue sa progression en termes d’abonnés comme il le fait depuis plusieurs jours, le patron de Meta aura remis au gout du jour la phrase de Picasso : « les bons artistes copient, les grands artistes volent ».

Elon Musk penche pour la deuxième option car s’il a affirmé que la concurrence n’est pas un problème pour lui. Il a aussi ajouté que la tricherie en est un. Sous-entendant que Meta serait à l’origine d’un vol de propriété intellectuelle. En Europe, nous ne sommes pas concernés, car nous devrons nous contenter de regarder ce combat de coqs de loin, car Threads, le nouveau réseau social concurrent de Twitter n’est pas disponible en Europe. Officiellement, parce que Meta n’est pas sûr de pouvoir respecter la nouvelle réglementation numérique européenne, disant même que si Meta avait dû se mettre en conformité avec le nouveau règlement européen, la sortie de Threads aurait été reportée de plusieurs mois. Ca c’est pour la version officielle, mais les experts savent bien que Meta ne peut pas se permettre de snober un marché de 500 millions d’utilisateurs potentiels, et donc, ils penchent plus pour l’option « chantage ». En d’autres mots, comme nous autres européens embêtons ces mastodontes américains avec une réglementation tatillonne, Meta espère que les internautes européens, déçus ne pas avoir Threads, mettront la pression sur leurs élus pour que l’Europe soit plus souple en matière de réglementation.

Pour le reste, que ce soit un chantage ou pas, tous ces milliards mis sur la table n’ont qu’un seul but : nous ligoter devant notre écran un maximum de temps pour vendre du temps de cerveau disponible aux annonceurs. Ce n’est pas plus compliqué que ça. Ce n’est pas une affaire d’ego, ni une affaire de liberté des médias, mais juste une affaire d’argent dont nous sommes les victimes consentantes.

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