Amid Faljaoui
Taxer les riches : le slogan creux et malhonnête du 1er mai
Je sais par expérience que beaucoup d’enseignants écoutent cette chronique économique quotidienne et je les en remercie. Ils connaissent cette histoire du cancre à l’école qui fait du grabuge et qui, lorsque le professeur arrive pour inspecter la classe, lance adroitement une boule puante dans la classe d’à côté pour distraire le professeur en question.
Or, c’est exactement ce qui s’est passé ce 1er mai. Les partis politiques ont profité de ce jour férié pour montrer leurs muscles et jeter une boule puante pour distraire non pas les professeurs, mais les médias. La preuve, le thème qui a eu le plus de succès auprès des médias, c’est ce monstre du LOCH NESS de la taxation des riches. En Belgique, on parle plutôt de taxer les millionnaires.
Ma première réaction, c’est : « Mon Dieu, on revient encore et encore avec cette vieillerie qui existe depuis que j’ai quitté mon école de commerce ». À Bruxelles, on vient d’inaugurer un musée de la bière, et donc, je propose qu’on ne s’arrête pas en si bon chemin et qu’on inaugure aussi un musée de la taxation. Les visiteurs pourraient déambuler dans ce musée avec des séances immersives pour revivre les discours de nos politiques sur le sujet. Ce serait drôle, non ?
Plus sérieusement, ce qui m’a aussi étonné, c’est que les 7 partis au gouvernement nous ont vendu une réforme fiscale. La grande réforme fiscale qui devait enfin mettre de l’ordre dans notre fiscalité et rétablir non seulement de l’harmonie mais aussi une meilleure égalité de traitement. Et cette réforme fiscale avait été saluée par la plupart des experts fiscalistes. Et le résultat, c’est que la seule vraie réforme de ce gouvernement sortant n’a pas eu lieu. Et aujourd’hui, en pleine campagne, pour masquer cet échec, on revient avec cette taxation des riches alors que nous sommes le pays du ras-le-bol fiscal.
Les plus à gauche diront que l’impôt n’est pas équitablement réparti et qu’il faut que les épaules les plus larges, comme on dit aujourd’hui, paient plus d’impôts. Mais c’est oublier que les trois quarts des impôts sont déjà payés par une minorité des citoyens de ce pays. Mais ce genre d’argument n’est pas audible par les tenants de cette taxe. Regardons alors de plus près les programmes des partis concernés par cette taxe.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, le plus logique dans cette affaire de taxation, c’est le PTB. Il met la barre à 5 millions, barre au-delà de laquelle, il taxe. On aime ou on n’aime pas, mais il y a une logique. En revanche, au PS et chez Ecolo, la barre est à 1 million hors habitation familiale. Mais là encore, l’artisan ou le petit commerçant qui a travaillé toute sa vie et qui a réussi à engranger un million est-il un riche ? Quid du cadre supérieur qui toute sa vie a payé 50% d’impôts, est-il riche parce qu’il a réussi à garder en fin de vie un million d’euros pour lui et sa famille ?
De même, savez-vous que la pension moyenne d’un fonctionnaire s’élève aujourd’hui à 3300 euros par mois contre 1400 pour un salarié ? Pour compenser cette différence de traitement, le salarié devrait disposer d’une somme approchant le million d’euros ? Doit-on considérer ce salarié comme un riche alors que cette somme, péniblement arrachée aux crocs du fisc, est un complément de retraite ? Voilà autant de questions soulevées par l’avocat fiscaliste Christian Chéruy et qui montrent qu’au-delà du slogan, il y a la réalité. Et la réalité est souvent loin des fantasmes et des amalgames.
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